Roue libre : Chasse à l'homme au CNID : N’Diaye Bah wanted !

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Bill Coleman wanted, dead or alive, 10,000$" (Bill Coleman recherché, mort ou vif) Cet écriteau infâmant placardé sur la porte du bureau du shérif, portrait à l’appui, invitait les chasseurs de primes à mener la traque aux hors-la-loi au cours de la longue conquête de l’Ouest lointain, (Far West). Le montant de la prime était fixé à la tête du crapule. Les films western sont pleins de pistoleros à la gâchette facile à l’exemple de Lucky Luke traquant les frètes Dalton considérés comme de dangereux récidivistes.

 

Au CNID faso tohi ton on assiste actuellement à la chasse à l’homme. Pour avoir retourné sa vaste, la tête de N’Diaye Ba a été mise à prix. Désormais entre lui et Maître Mountaga Tall c’est à la guerre comme à la guerre. C’est à qui dégainera le premier. L’adage dit cependant que la vengeance est un plat qui se mange froid. Le chef du parti du soleil couchant ne l’entend pas de cette oreille. Pour un peul digne de sa race le "tô" n’est bon que quand il est chaud. D’où cette croisade guerrière à l’allure de vendetta à la sicilienne qu’il mène contre son ex-secrétaire général accusé de travailler à la perte de son parti d’origine. D’habitude prompt à considérer les saignées au sein du parti comme un épiphénomène, cette fois-ci Maître Mountaga Tall a eu une chaude alerte. D’où cette offensive tous azimuts et ce déploiement de moyens impressionnants sur le terrain pour dire aux militants que le parti se porte comme un charme. Chat échaudé craignant l’eau froide, il ne veut plus attendre que le tocsin sonne à ses oreilles. Et la meilleure façon de se battre, croit-il, c’est de contrer le travail de taupe entrepris par N’Diaye Ba pour saper les bases du parti.

 

Mais aussi d’aller voir ATT pour qu’il débarque le ministre récalcitrant du gouvernement. Le président va-t-il céder à ce chantage au risque de perdre toute crédibilité ? Car il y a un précédent en la matière. Sous le règne de Alpha, tous les partis signataires du pacte républicain (PSPR) ont retiré leurs ministres du gouvernement. On se rappelle que Maître Boubacar Karamoko Coulibaly, le ministre PDP, avait refusé de quitter son fauteuil au motif qu’il est un citoyen de la République et qu’il est au service du peuple tout entier et non d’un parti politique. Alpha ne l’a pas lâché et les deux hommes chemineront ensemble jusqu’au bout.

 

En agissant ainsi, Maître Tall, peut-être sans le savoir, met le couteau sous la gorge du président. Il l’accule dans ses derniers retranchements et l’amène à danser une danse difficile. Il aurait mieux valu qu’il laisse celui-ci avec sa conscience et les mains libres. A présent ATT est obligé d’agir, dans un sens ou dans l’autre pour ne pas laisser la situation pourrir. Son drame cependant, c’est comment se débarrasser d’un ministre performant qui a sorti le tourisme malien de l’ornière ? D’autre part des questions se posent. Depuis quand la politique politicienne a-t-elle eu raison du palais ? Depuis quand aussi les querelles byzantines doivent-elles interférer dans le bon déroulement de l’action gouvernementale ? L’inimitié entre deux hommes doit elle prendre le pas sur la bonne marche des affaires publiques ? Autant d’interrogations qui peuvent aider ATT à sortir de la quadrature du cercle. Tout comme une équipe, on ne change pas un homme qui gagne.

 

Les différents protagonistes peuvent toutefois aboutir à un compromis sans tomber dans la compromission : N’Diaye Ba garde son magistère, ATT nomme un autre ministre CNID. Ainsi, partout, l’honneur est sauf et ATT sort de l’embarras. A moins que Maître Tall ne veuille le scalp de son ex-secrétaire général comme trophée de guerre. A ce qu’on sache, il n’est pas un guerrier siou pour danser la danse de la mort en frappant un homme qui a déjà tourné casaque. Dès lors on parlera de politique de la haine. Ce n’est pas le fait d’un grand homme – Libre alors à N’Diaye Ba de suivre les traces de son prédécesseur Maître Boubacar Karamoko Coulibaly en décrétant qu’il est un citoyen à part entière au service exclusif du peuple. Pour éviter d’être l’agneau du sacrifice.

Mamadou Lamine DOUMBIA

 

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