Roue libre : CENI : La guerre des strapontins

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Petit lexique à l’usage des politiciens. Selon le Larousse l’équité est une justice naturelle fondée sur la reconnaissance des droits de chacun ; est donc équitable tout ce qui est conforme à l’esprit d’équité, à la justice naturelle. On peut juger avec équité et non selon les règles du droit positif. Ainsi, la loi électorale malienne révisée est un bel exemple de confusionnisme quand elle parle de partage équitable des sièges de la CENI entre la majorité et l’opposition sans donner de chiffres. Ceux qui ont planché sur sa relecture ont assurément manqué de lucidité. Ce flou artistique est aujourd’hui la cause première d’un grave retour en arrière.

Le chantage verbal auquel se livre l’opposition ne signifie ni plus ni moins qu’à défaut d’un partage fifty fifty des sièges de la CENI, elle n’est pas prête à prendre son mérite qui est la portion congrue.Pourtant à regarder de près la scène politique, il y a d’un côté un conglomerat de formations qui soutiennent l’action gouvernementale et qui de ce fait constituent la majorité et de l’autre une petite minorité de partis insignifiants qui guerroient à la moindre occasion. N’ont-ils pas fait eux-mêmes le libre  choix d’aller dans l’opposition sachant bien qu’au Mali comme ailleurs l’opposition c’est la descente aux enfers ? Pire encore cette minorité ne précise pas ses prétentions en parlant sans cesse de partage équitable. Ce galimatia que personne ne comprend, même pas les anges, cache mal le piège mortel d’empiéter sur les droits de la majorité. Là-dessus Iba N’Diaye a parlé de solidarité envers l’opposition comme si on était au mois d’octobre, mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion. Mais, le problème n’est pas que de jeter de l’os à un chien surtout si on a à faire à des Mor Lam. En termes clairs la démocratie, a-t-on coutume de dire, c’est la dictature de la majorité. C’est le nouvel ordre mondial né au cours d’un processus dialectique de la mort de la dictature du prolétariat. On n’est plus sous un régime communiste où on parlait de plus de justice et d’équité. De surcroît équité ne veut pas dire égalité et a fortiori égalitarisme.Il y a donc à tout ce brouhaha des raisons objectives. Le partage du gâteau de la CENI est devenu la cause d’une guérilla verbale qui confine souvent au terrorisme. C’est une triste scène à laquelle nous sommes désormais habitués. Chaque fois que les vautours sentent la charogne, ils se crêpent le chignon à qui mieux mieux pour se donner la part du lion. C’est vrai qu’un siège à la CENI vaut don pesant d’or. La ruée sur ce monstre budgétivore montre la cupidité légendaire des Harpagon de la classe politique. Mais ceux qui ruent aujourd’hui dans les brancards sont les premiers  à entacher la régularité des élections à cause de l’absence de leurs délégués dans certains bureaux de vote. Cela se comprend parce que le parti  n’a que quelques centaines de militants qu’on ne peut repartir sur l’ensemble du territoire. Mais au lieu de se connaître soi-même comme l’a dit Socrate, la grenouille veut se faire aussi grosse que le bœuf. Et pan ! Elle éclate comme un ballon de baudruche

La misère de certains politiciens vient du fait qu’ils font trop de bruit comme un tonneau vide puis après et n’en pouvant plus, ils rentrent dans les rangs comme si de rien n’était. Vociférations autant inutiles que le travail des 50 filles de Danaos, les Danaïdes condamnées dans les enfers à remplir éternellement un tonneau sans fond. Aucun d’eux n’a peur de ruisseler sous la pluie et la sueur sous la pluie, disent les Bamanans, c’est comme un coup d’épée dans l’eau. Les mêmes querelles de marchands de tapis ont éclaté autour de la confection du fichier électoral. Là, plus de démons ont surgi que le sorcier n’en pensait vaincre. Les discussions métaphysiques continuent toujours de tourner autour du Race et du Ravec. Le choix des uns étant aux antipodes du choix des autres. D’autres encore estiment que les deux systèmes sont exécrables et qu’il faut trouver une troisième voie. A chaque échéance des génies malfaisants venus des Carpathes sortent de l’ombre pour menacer les élections. Mais attention, qu’ils ne nous fassent pas regretter la dictature salazariste du général Moussa Traoré où aucun anarcho-syndicaliste ne pouvait pointer dehors le bout du nez. A croire qu’aujourd’hui la politique politicienne est devenue la maladie infantile de la démocratie. Pour les mêmes raisons ces réactionnaires s’opposent aux reformes d’ATT qui visent avant tout à consolider notre processus démocratique. Tous ces va-t-en-guerre finiront bien un jour par ravaler leur bellicisme horrible car comme le disait naguère le doyen Boubacar Keïta (paix à son âme) la roue de l’histoire tourne et nul ne peut l’arrêter.

 

Mamadou Lamine DOUMBIA

 

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