Rétrospection : Tous coupables

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Cette semaine, deux faits notables ont marqué l’actualité nationale, bien que n’étant que l’émanation de volontés extérieures. Les récentes manifestations à Kidal et l’inculpation du général Amadou Haya Sanogo.

 

 

Amadou  Haya SanogoLe Premier ministre, alors à Gao, à quelques centaines de kilomètres seulement de son objectif, a annulé une visite dans la région de Kidal. De fait, le chef du gouvernement d’IBK a été contraint de renoncer à ce déplacement de souveraineté par une bande d’agités qui avait pris d’assaut l’aéroport de la capitale de l’Adrar des Ifoghas, et ont manifesté leur nette intention de ne pas recevoir, sur « leur » territoire, un « étranger », fut-il le Premier ministre de son pays. Au même moment, des éléments des forces armées et de sécurité maliennes auraient répliqué par des balles réelles, tirées en l’air, d’après une déclaration officielle, sur une foule hystérique, selon des responsables du groupe rebelle terroriste, le Mouvement national de libération de l’Azawad. Après cette sortie des militaires, le Mnla a fait une véritable déclaration de guerre, promettant de défendre « son » territoire. Quelques semaines auparavant, une délégation gouvernementale, comprenant le ministre en charge de la réconciliation nationale et du développement du nord, avait été violemment caillassée et congédiée. L’Azawad n’est pas le Mali

 

 

Selon les responsables du Mouvement, il a les moyens matériels, militaires, financiers et humains pour mettre en déroute l’armée malienne. A l’intention de ceux qui en doutent, les rebelles terroristes rappellent volontiers qu’après avoir déclenché la rébellion en janvier 2012, ils étaient parvenus, quelques mois plus tard, à prendre le contrôle de toutes les régions du nord et d’une importante portion du centre du pays. Mais ce que les rebelles touareg évitent soigneusement de rappeler, c’est que fin mars début avril 2012, quand ils occupaient successivement les régions de Kidal, Gao et Tombouctou, dont ils avaient effectivement chassé l’armée et l’administration maliennes, ils avaient eu l’appui nécessaire, fort consistant, de groupes islamistes terroristes avec lesquels ils avaient signé des alliances meurtrières et néfastes. A l’époque déjà, sans les moyens financiers, la puissance de feu et la logistique adaptée des jihadistes, le Mnla ne serait jamais venu tout seul à bout des forces armées et de sécurité du Mali. Depuis, ils ont été chassés du nord à leur tour par leurs alliés circonstanciels, lesquels se sont rendus compte, après seulement quelques semaines de cohabitation, qu’ils avaient plus à faire à des bandits sans foi ni loi, qui n’hésitaient pas à voler, piller, violer et tuer pour le seul plaisir de s’approprier du bien d’autrui. Après ce revers, le Mnla aura tout perdu : moyens humains, financiers et matériels. Il aura perdu jusqu’au territoire qu’il revendique. Et, on ne cessera jamais de l’affirmer, sans l’intervention française de la force Serval, le Mnla ne serait jamais revenu dans le nord du Mali. Il ne s’y serait jamais maintenu, provoquant les autorités légitimes, avec arrogance et morgue, sans le déploiement des forces étrangères de la Minusma. Mais sans aussi le laxisme et le manque d’autorité de nos plus hautes autorités qui laissent faire, subissant sans réagir les diktats d’une communauté internationale employée à respecter et à faire respecter son propre calendrier, afin d’atteindre cet objectif qui ne cesse de crever les yeux : l’Azawad n’est plus le Mali. Et tant que l’ancienne puissance coloniale ne changera pas son calendrier à propos du nord malien, Kidal, et peut-être les deux autres régions du nord, ne reviendra pas aisément dans le giron du Mali. En tout cas pas avec un Etat faible, même si le chef de celui-ci a accepté de faire élire députés sur les listes de son parti des terroristes et criminels recherchés il y a seulement peu de temps.

 

 

Sanogo n’est pas seul coupable
Le deuxième événement de la semaine a été sans conteste l’arrestation manu militari et la mise en examen d’Amadou Haya Sanogo, le chef des putschistes du 22 mars 2012 contre le président élu Amadou Toumani Touré. Selon la version officielle, il est accusé de complicités d’enlèvements et de tentative d’enlèvements de militaires. Pour rappel, le 30 avril 2012 et lendemain, des commandos parachutistes auraient tenté un coup d’Etat contre le capitaine Sanogo, chef de la junte. Une violente répression aurait suivi ce putsch manqué, au cours de laquelle plusieurs bérets rouges auraient disparu de la circulation, certains retrouvés morts. Il n’en fallait pas plus pour porter l’accusation contre les maitres du pays de l’époque. Sous la pression de la communauté internationale, des familles des disparus et des organisations de défense des droits de l’homme qui réclament justice. Mais pour que justice soit véritablement rendue, l’instruction doit aller au-delà du 30 avril. Plus exactement remonter au 22 mars 2012 afin de rechercher les auteurs de la mutinerie (crime qui relève de la cour martiale) qui a conduit au coup d’Etat du lendemain. Il faut également rechercher les auteurs de toutes les exactions (enlèvements et séquestrations d’acteurs politiques et économiques, tortures, etc.) commises au lendemain de ce putsch. Rechercher les autres membres du fameux Comité national de redressement de la démocratie et de restauration de l’Etat, qui ont régné autour de Sanogo à Kati. Mais aussi, il faut rechercher tous les responsables politiques qui ont soutenu ou cautionné le crime imprescriptible qu’est un coup d’Etat. Et ceux-ci ne sont pas dans les seuls rangs des pro-putschistes (Mp22, Copam, Copa, Sadi, etc.) mais également dans ceux des anti-putschistes et des prétendus centristes. En effet, ceux qui ont condamné le coup d’Etat et exigé un retour à l’ordre constitutionnel sans au préalable exigé le rétablissement de toutes les institutions de la République (essentiellement le président de la République renversé, son Premier ministre et les membres du gouvernement), ceux qui ont accepté une transition anticonstitutionnelle avec un président nommé et non élu, une assemblée nationale nommée et non élue, ceux qui ont encouragé cette énorme mascarade sont tous coupables à un degré ou à un autre. Et tous, de la classe politique ou de la société civile, de l’intérieur comme de l’extérieur, sont coupables. Ne serait-ce que pour avoir fourni à Amadou Haya Sanogo un Etat factice où tout lui était permis.

Cheick TANDINA

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2 COMMENTAIRES

  1. “des commandos parachutistes auraient tenté un coup d’Etat contre le capitaine Sanogo”

    Voilà un exemple type de manipulation insidieuse et de subversion sournoise! 👿

    Non Monsieur! Les parachutistes n’ont jamais tenté UN COUP D’ETAT mais un CONTRE-coup d’état!… Nuance, et nuance de taille!…
    En d’autres termes, ils tenté de “reprendre” un pouvoir “volé à main armée” par les putschistes (crime imprescriptible!).

    Sans ce coup d’état le plus stupide stupide de l’histoire, il n’y aurait jamais eu de contre-coup d’état!…

  2. ”On ne cessera jamais de l’affirmer, sans l’intervention française de la force Serval, le MNLA ne serait jamais revenu dans le nord du Mali. Il ne s’y serait jamais maintenu, provoquant les autorités légitimes, avec arrogance et morgue, sans le déploiement des forces étrangères de la MINUSMA”.
    Conclusion: le MNLA est créé et manipulé par la France pour des intérêts propres aux français: Division du Mali? Mines? Installation au Nord Mali? Récupération des otages? Punition d’ATT coupable d’avoir refusé de signer les règles migratoires de la France ? Tout ceci est assez étrange au 21ème siècle…

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