Vendredi dernier, le président de la République a décrété l’état d’urgence sur toute l’étendue du territoire national. Cette mesure hautement sécuritaire est nécessaire parce que le pays est officiellement entré en guerre contre les groupes terroristes et jihadistes qui occupent les régions du nord. Des groupes qui comptent certainement des complicités à plusieurs niveaux.
L’état d’urgence est nécessaire également parce que Bamako a besoin de la stabilité sociale et politique qui doit permettre aux autorités de faire face à la seule urgence qui vaille: les préparatifs de la guerre de libération du septentrion malien. Parce que malgré cette seule urgence qui vaille, certains acteurs de la classe politique et de la société civile s’activent encore dans des futilités et de vaines querelles. De grands responsables politiques, qui, d’habitude, ne cachent pas leurs critiques envers les plus hautes autorités du pays, ont récemment salué publiquement l’intervention salutaire de la France aux côtés de l’armée malienne pour la libération de la ville de Konna. Il s’agit, entre autres, de Tiébilé Dramé, président du Parena, ancien ministre des Affaires étrangères, ancien député et président du parti Parena, et d’Ibrahim Boubacar Kéita, ancien président de l’Assemblée nationale et président du Rpm. Tous deux, grands connaisseurs du nord, de la politique et des relations internationales, ont déclaré leur satisfaction sur les antennes de Rfi. Sur les ondes de l’Ortm et dans les colonnes de plusieurs journaux, d’autres acteurs politiques ont eu le même comportement responsable et patriotique.
Mais apparemment, cet engouement n’est pas partagé par tous.
Ainsi, un ancien (?) député, qui ne perd jamais une occasion pour s’agiter vainement, aurait démontré, au cours d’une conférence de presse, son éternelle insatisfaction. Il est vrai qu’il n’a jamais caché ses rancœurs contre la France, il n’a jamais caché non plus son adhésion au plan de la Cédéao d’une intervention multinationale pour libérer le nord. Mais, au cours de cette conférence de presse, il aurait franchi le Rubicon en allant jusqu’à nier l’évidence: la participation des forces spéciales françaises à la reconquête de la ville verrou de Konna. Il nie ce que son ancien mentor, le capitaine Amadou Haya Sanogo, président du Comité militaire de suivi des réformes des forces de défense et de sécurité, en personne, a reconnu et salué. Le capitaine Sanogo, qui connait sans doute l’armée malienne mieux que n’importe quel député, fut-il prétendument de l’opposition, a en effet déclaré sur les ondes de l’Ortm que l’armée pouvait se féliciter à juste titre de la précieuse aide de l’armée française.
En outre, ces francophobes invétérés se proposeraient d’organiser une marche, aujourd’hui, même pour réclamer le départ de Dioncounda Traoré et la tenue immédiate de concertations nationales. Si des assises nationales sont souhaitables pour permettre le dialogue entre Maliens de tous bords, le gouvernement lui-même le reconnait, des manifestations comme les marches et les sit-in sont pour l’heure inopportunes. Pire, elles pourraient même contribuer à la déstabilisation du pays, des institutions, des autorités, pendant que le pays a plus que jamais besoin de stabilité sociale et politique.
Point n’est donc besoin d’agitations pendant un état de siège. Tous les acteurs de la classe politique et de la société civile doivent se donner la main pour sauver la case commune qui est en train de brûler. Pendant que le nord est martyrisé et meurtri, toujours occupé par des terroristes, le sud ne doit pas sombrer à cause de petits calculs politiciens, individuels et personnels.
Pour sa part, Ibrahim Boubacar Kéita, en homme responsable et patriote, s’est désolidarisé de la décision de son regroupement sociopolitique, Ibk-Mali 2012, de participer à une marche organisée par une coalition des forces patriotiques politiques et sociales. Selon lui, il n’est pas adepte de ce genre d’actions subversives. Il est grand temps que tous ces agités l’imitent et laissent l’armée qu’ils disent aimer faire son boulot. Alors, halte aux actes subversifs et inutiles.
Cheick Tandina