Retrospection :Fête du travail, fête au travail

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Nommé il y a moins d’un mois, voulu comme un gouvernement d’action et de mission, les principaux faits d’armes de l’équipe de Dame Sidibé, jusque là, sont de prendre la décision de faire chômer, coup sur coup, deux lundis.

Pour le premier, il ya comme qui dirait des circonstances atténuantes. Pour le second, les circonstances aggravent la propension des Maliens à honnir le travail. On ne comptera jamais assez le nombre de jours fériés, chômés et payés sur toute l’étendue du territoire. Il y a aussi les jours où les patrons sont priés d’accorder une journée à leurs employées pour cause de journée internationale des femmes. Mais, il y a surtout ces jours qui sont sacrifiés parce qu’ils constituent un pont entre deux jours fériés. L’estocade finale est donnée au travail avec ce jour supplémentaire, le 02 mai, dont rien ne justifie son chômage. Sauf, comme on l’a dit plus haut, la propension des Maliens à profiter de la moindre occasion pour faire la fête. Et faire la fête pour eux signifie ne pas travailler, ne rien faire de ses dix petits doigts, bouder le bureau ou l’entreprise. Etre et rester improductif. Regrettable et lamentable pour un pays qui compte parmi les plus paumés de la planète, dont on n’entend pas la voix dans le concert des nations, qui a une économie quasi entièrement dépendante des importations. Un pays qui n’a rien et qui ne produit rien. Il ne vient même pas l’idée de nos dirigeants, ces gros fainéants, que l’on peut fêter le travail, justement en faisant la fête au travail.

En attendant que les Maliens comprennent et reconnaissent que l’on peut fêter tout en travaillant, à l’instar de certaines puissances économiques qui ont bâti leur nation sans se soucier d’un premier mai, sans s’adonner au batifolage, les ennemies utérines et intimes ont défilé chacune dans son coin. En effet, comme d’habitude, l’Union nationale des travailleurs du Mali et la Confédération syndicale des travailleurs du Mali, puisqu’il s’agit de ces deux centrales syndicales, ont choisi d’exhiber encore leurs divergences. La première a ameuté ses troupes sur le Boulevard de l’indépendance, tandis que la seconde paradait sur la Promenade des Angevins. Les deux ne sont pas près de s’entendre et ont même trouvé une nouvelle pomme de discorde : l’Assurance maladie obligatoire (AMO). Siaka Diakité et ses amis sont d’accord avec le gouvernement pour prélever de nouvelles cotisations. Ne dit-on pas que l’Etat est le plus gros exploiteur ? Mais Hamadoun Amion Guindo, qui, semble-t-il avait également cautionné au départ l’AMO, se serait rétracté. La raison ? Selon les mauvaises langues son grand rival aurait perçu de grosses sommes d’argent pour faire passer la pilule. En tous les cas, il fait l’objet de soins particuliers de la part du gouvernement. Même que le nouveau Premier ministre lui a rendu une visite officielle.

Protéger les enfants
C’est peut-être pour cette raison que cette année, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), la première centrale syndicale a décidé d’alerter l’opinion sur le travail des enfants. Ceux-ci, depuis que les adultes ont décidé de profiter de la moindre occasion pour chômer, sont devenus de gros travailleurs. Ils sont exploités et surexploités, au nez et à la barbe de tout le monde. Ils sont présents dans les carrefours, les ronds-points, devant les feux tricolores, sur les grandes, moyennes et petites artères, entre les véhicules et les engins à deux roues, en train de mendier une pitance au profit de grandes personnes. Les premiers responsables de ce pays les voient et les dépassent tous les jours sans lever le moindre petit doigt pour les protéger. D’ailleurs, peuvent-ils faire autrement ? Parce qu’ayant le plus de moyens, ils sont les premiers à les faire travailler. A domicile, où ils sont utilisés comme boys à tout faire, domestiques, coursiers, « techniciens de surface », aide-cuisiniers, etc. Et tout cela au mépris de la législation du travail qu’ils ont eux-mêmes instituée. Par hypocrisie, depuis quelques années, il existe un ministère chargé de la promotion et de la défense des droits de l’enfant. Mais justement depuis la création de ce département, les rues sont plus que jamais envahies par des enfants en manque de repères et de refuge. La mendicité a plus que jamais pris de l’ampleur. Bref, les enfants sont plus que jamais surexploités. Assurément, chers syndicalistes, il faudrait plus qu’un slogan pour diminuer ou mettre fin à la situation.
Cheick Tandina

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