Réconciliation nationale en Afrique : Si Bokassa a été réhabilité, pourquoi pas Moussa ?

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La semaine dernière, à l’occasion des festivités du cinquantenaire de la République Centrafricaine, son Président François BOZIZE a réhabilité l’empereur Bokassa ayant régné de 1965 à 1979. Cela au nom de la réconciliation nationale entre les fils du pays. En effet, qu’en est-il pour notre Moussa TRAORE, malgré la volonté plus ou moins manifeste par moment du Généralissime Amadou Toumani TOURE a en faire de même. Les maliens les plus négatifs, rancuniers ne prendront pas du temps à réagir négativement aussi, par des propos du genre,’’ le Mali n’est pas la Centrafrique’’, “comparaison n’est pas raison’’ ou bien “Monsieur le journaliste, on t’a donné combien pour ce plaidoyer … “

Il est important de souligner que Jean Bedel Bokassa de son vrai nom, fût l’un des plus grands dictateurs de la génération Ahmed Sekou TOURE en Afrique.

Des abus de Bokassa

L’empereur massacra des milliers de ses compatriotes, notamment des écoliers, lorsqu’ils ont voulu montrer leur mécontentement face à la dérive autoritaire de son pouvoir. En plus de ces exactions, plusieurs milliards de francs CFA furent détournés et dilapidés. Meurtres, tortures, corruption, abus de toutes sortes ont fait de beaux jours dans ce petit pays d’ Afrique Centrale, au vu et au su de la communauté internationale, peu soucieuse à l’époque du respect des droits de l’homme, et de la bonne gouvernance. Et le contexte international de guerre froide, entre le bloc socialiste avec comme leader l’ex URSS et celui occidental avec les Etats-Unis en tête, ne s’y prêtait pas d’ailleurs. Ainsi, c’est ce passé douloureux de la vie des centrafricains, que l’actuel Chef de l’Etat a décidé de positiver, tout en donnant une dignité politique à l’ancien dictateur, qui n’a pas hésité à s’autoproclamer d’abord président à vie en 1972, puis empereur en 1977, sarcastiquement. Cela après avoir dissout le gouvernement la même année. Bokassa a très peu fait du bien à son peuple. Les maigres ressources ont été passées à la pelle par le pauvre caporal devenu monarque.

Le bilan de Moussa est meilleur à celui de Bokassa

Et pourtant, Moussa TRAORE a été mieux que son aîné centrafricain. Également, diverses pratiques dictatoriales ont enregistrées pendant les dix premières années de son long règne, caractérisé surtout par les actions du Comité Militaire de Libération Nationale – CMLN dirigé par Moussa. C’est la grande période du pilotage à vue du bateau Mali. Les assassinats politiques n’ont pas tardé à se manifester. D’abord entre eux loups du CMLN, ils ont commencé à se manger. Mais, le meurtre le plus spectaculaire que le peuple malien n’a pas, jusqu’à ce jour, véritablement accepté, est celui du Père de l’indépendance Modibo KEITA. Ensuite s’en suivirent les assassinats de Abdoul Karim CAMARA dit Cabral et les présumés auteurs des tentatives de coups d’Etat des années 1980 contre le Président de l’Union Démocratique du Peuple Malien – UDPM, Président de la République et Chef de l’Etat, en l’occurrence le Général Moussa TRAORE ( GMT). Les évènements de Mars 1991 sont venus alourdir le bilan déjà passif du régime UDPM en terme de perte en vies humaines. Le pouvoir Moussa n’a pas noté autant de morts   qu’en Centrafique.

Cependant, tandis que l’enfant le plus célèbre de Sebétou, une bourgade de la région de Kayes (GMT) s’attelait à renforcer uniquement son pouvoir, entre temps ses proches et clans, entre autres, son épouse Mariam SISSOKO, le général Sékou LY, A Doua SISSOKO dit Ramos mettaient l’économie nationale à genoux. La plupart des cadres de l’Administration d’Etat de l’époque membres de l’UDPM se servaient aussi à volonté dans les caisses de l’Etat, dont certains aujourd’hui, ayant seulement changé de boubou, continuent de s’adonner à leur sport favori au nom de la démocratie. Leurs cadets les imitent aussi.

Malgré cette situation socio économique catastrophique, le sentiment de nationalisme était consolidé . Le malien était fier d’être ce qu’il est, de Kayes à Gao ,septième région du Mali à l’époque, en passant par Sikasso, Mopti et Tombouctou. Le fonctionnaire malien pouvait accuser plusieurs d’arriérés de salaires. 

Moussa TRAORE mérite d’être réhabilité

Au regard de ces faits historiques, il sera souhaitable que les plus hautes autorités du pays réfléchissent comment reconnaître solennellement les bienfaits du régime Moussa. Citer son nom dans les discours politiques, chansons et autres, ne signifie guère sa réhabilitation. Il s’agit de le rétablir dans tous ses droits. Car, ceux qui sont entrain de voler l’argent du pauvre contribuable malien, à des coûts de milliards de francs CFA, sont également de la classe de Moussa et clans. Eux ausi sont des criminels aux yeux de la loi.

Sachons pardonner, nous les humains. Là où le bon Dieu pardonne et absout nos péchés, il n’y a pas de raison que l’humain ne puisse pas faire autant.

Bany ZAN

 

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