Affiches -même si elles ne sont encore pas géantes- partout dans les carrefours et les rues de Bamako, réunions d’organisations et d’associations de soutien, discussions et débats sur son cas. Modibo Sidibé, l’ex-Premier ministre sera-t-il au rendez-vous de 2012? La question reste posée et plus que jamais d’actualité même si l’intéressé ne s’est toujours pas prononcé et ne donne publiquement aucun indice dans ce sens.
Le 25 mai dernier, c’était l’inauguration du siège d’une association qui le soutient depuis belle lurette. Samedi au Palais de la Culture, ce sont des jeunes qui ont tenu un meeting de soutien à sa candidature. Leur slogan à tous : Modibo Sidibé, l’’Homme qu’il faut à la place qu’il faut.
L’ex-Premier ministre, faut-il le rappeler, est de ceux qui sont restés au sein de l’administration malienne et à de hautes fonctions depuis l’avènement de la démocratie. Et même un peu avant. Il a occupé plusieurs départements ministériels avant de se voir nommer en 2007 Premier ministre, chef du gouvernement.
Il a été celui qui a gardé ce poste le plus longtemps sous les deux mandats d’ATT. Il connaît donc l’administration malienne par cœur. Ce qui pourrait effectivement faire de lui -comme le disent ses soutiens- l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.
En terme de gestion, force est de reconnaître, qu’on ne peut rien lui reprocher. Jusque-là, en tout cas, tout ce que ses détracteurs ne cessent de remettre sur le tapis, c’est celle de l’initiative riz. Faute d’arguments, on croit que cette opération n’a pas marché et qu’il y a eu énormément d’investissements pour peu de résultats. Ce qui reste à vérifier. Car, la première réussite de l’initiative riz, le premier résultat, tous les techniciens le diront, c’est le fait d’avoir créé chez nos compatriotes cet engouement pour la culture du riz et d’avoir vu naître en eux la volonté d’aller à l’autosuffisance alimentaire. Et c’est Modibo qui est à l’origine de cette révolution, quoi qu’on dise.
On ne parle pas assez de cela, on préfère plutôt insister sur les marchés relatifs aux engrais, comme si c’était Modibo Sidibé qui attribuait les marchés. On oublie également les coups-bas et les petits complots de ces grands «monopolistes» du riz qui ont tout mis en œuvre (en vain) pour faire échouer cette initiative qui signifiait la fin de leur monopole. Ainsi que le rôle plus que négatif joué, en son temps, par l’OPAM qui les a laissé acheter le riz exploité avant de se signaler prétextant n’avoir pas eu suffisamment d’argent pour le faire avant.
Que reproche-t-on encore à celui qui est resté des années durant ministre, 5 années au poste stratégique de secrétaire général de la présidence et Premier ministre de la République du Mali et dont un certain nombre de Maliens disent de lui qu’il serait l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ? Rien, sinon ils l’auraient chanté sur tous les toits. C’est d’ailleurs cela qui gêne ceux qui ont fait le choix de se rabattre sur des arguments subjectifs, tels : il est trop froid ; il n’est pas sociable ; il est loin du peuple.
Des arguments aussi fallacieux les uns que les autres. D’autant que ce qu’on demande à un responsable fondamentalement, ce n’est pas de faire la queue devant la porte de ses voisins, d’avoir le numéro de portable de tous ses compatriotes ou de leur dire bonjour tous les matins. Ce qu’on lui demande à un responsable, à un président de la République, c’est de gérer le pays au mieux des intérêts des populations, même si c’est par vidéoconférence. Le social c’est bien, même très bien, mais il ne faut pas qu’on oublie l’essentiel dans ces subjectivités, à savoir les valeurs intrinsèques des uns et des autres.
Très sérieux, Modibo de par ses compétences pourrait faire un bon président de la République, même un très bon. Là n’est plus la question. Ce qui reste désormais à savoir, c’est la position de l’homme lui-même. Va-t-il franchir le pas ? Aura-t-il le courage de se jeter à l’eau, comme le souhaite un grand nombre des ses compatriotes ? Aura-t-il les «soutiens indispensables» nécessaires de l’intérieur comme de l’extérieur pour oser aller à la conquête de Koulouba ?
M KONE