Punch :Le palais et la prison

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Ce sont tous les deux des hommes politiques, ils ont tous les deux travaillé au Fonds monétaire international. Leur similitude s’arrête là. Sauf que tous les deux étaient également au devant de la scène depuis quelques jours. L’un a crevé l’écran l’avant-dernier week-end et l’autre ce week-end.

Alassane Dramane Ouattara a été, on le sait, directeur général du FMI et Dominique Strauss Kahn a occupé la plus haute fonction au sein de cette institution jusqu’en milieu de la semaine dernière. Lui a été obligé de présenter sa démission pendant que Alassane Dramane Ouattara a, lui, été rappelé par son pays pour occuper le poste de Premier ministre en 1990.

Le destin de ces deux hommes a basculé ces derniers jours. Et si nous en faisons cas aujourd’hui, c’est parce qu’il y a plein d’enseignements et de leçons qui doivent et peuvent être tirés des tournures qu’ont prises leur vie à tous les deux.

L’un, tout-puissant directeur du FMI, pouvant tout se permettre, a vu, en quelques minutes, sa vie basculée dans le chaos. De sa plus que privilégiée et enviée position de patron d’une des institutions de Bretton Woods, il est passé pour un vulgaire délinquant sexuel et traité comme tel. Les Américains n’ayant cure de la présomption d’innocence.

De sa très luxueuse suite 2806 de l’hôtel Sofitel de New-York, Dominique Strauss, le temps de le cueillir à John Fitzgerald Kennedy Air port, s’est retrouvé dans une cellule de l’une des pires prisons des Etats-Unis, Rikers Island après un bref passage à la police de New-York où il a passé une première nuit.

Pendant que Dominique Strauss Kahn, ses avocats, sa femme Anne Sinclair cherchent en vain un immeuble où se loger dans New-York, personne ne voulant de ce voisin encombrant, Alassane Dramane Ouattara, pour sa part, se voit grandement ouvertes les portes du Palais présidentiel ivoirien.
Contrairement à DSK, le nouvel homme fort d’Abidjan sort d’une sorte de prison, de résidence surveillée à l’hôtel du Golf pour se voir propulser officiellement et solennellement depuis le 21 mai au sommet de l’Etat. Il va disposer bientôt du Palais de la Lagune en rénovation. Lui qui, pendant 5 mois, s’est vu enfermé dans une suite dans un hôtel, n’osant même pas sortir son nez dehors. Alassane, contrairement à DSK, n’a jamais cru à la facilité, s’est battu jusqu’au bout et y a toujours cru.
La différence entre les deux hommes -c’est là où on peut parler d’enseignements et de leçons- c’est que l’un a toujours cru au combat qu’il a toujours mené et que l’autre n’était apparemment guidé que par la volonté de certains socialistes tenant coûte que coûte à faire de lui le successeur de Nicolas Sarkozy. Malheureusement, lui-même, n’y a jamais cru. Habitué qu’il a toujours été à la vie facile, au bling-bling, aux grosses voitures, au fric etc.

L’autre enseignement qu’il faut tirer de ces deux situations et non le moindre, c’est le message qui -comme par hasard- à quelques jours d’intervalle seulement a été adressé à tous ceux qui nous dirigent et à tous ceux qui aspirent nous diriger un jour.

À l’endroit de ceux-ci, l’affaire DSK est là pour rappeler que désormais, ne prétendra plus être président n’importe quel “Dandy”, avec une moralité douteuse, plutôt penché sur la bonne chair et le bon vin. Un dirigeant, ça se doit d’avoir une moralité et un parcours irréprochable.
À l’endroit de ceux qui nous dirigent -dont nombre était à l’investiture d’ADO- l’évènement de samedi à Yamoussoukro marque, ils s’en sont comme rendus compte, la fin des présidences à vie, des tripatouillages de constitutions. La communauté internationale et les peuples seront toujours là pour dire non et prendre les armes si c’est la démocratie qu’ils sentent menacée, comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire.

En Afrique subsaharienne, aucun Etat n’est à l’abri d’une telle situation. Ni le Sénégal, ni le Burkina, encore moins le Mali, qui est loin d’être désormais un exemple de démocratie avec la mort de l’opposition.
Makan Koné

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