Punch : Indignes héritiers

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Le semblant de cohésion qui liait les "amis d’ATT" a vite volé en éclats. Aussitôt que le président eut déclaré publiquement et avec détermination qu’il ne serait pas candidat à sa propre succession en 2012. Dès ce jour, les ambitions ont commencé à s’affirmer au sein de ceux qui réclament l’héritage du président de la République. Comme si tous étaient finalement pressés de le voir partir, et qu’ils ne le soutenaient «que» parce qu’il est président de la République. Puisque sous peu, il ne le sera plus,  les principaux barons du PDES s’affrontent dès lors et ne parviennent à s’entendre même pas sur le minimum : le choix du candidat à la présidentielle de 2012.

 Un choix pourtant déterminant pour ceux qui aspirent garder le pouvoir et consolider les acquis de leur mentor de toujours. Celui qui les a tous sortis de l’anonymat.

Ceux qui ont ouvert les hostilités sont les deux principaux responsables du parti, le président Hamed Diane Séméga et son adjoint Jeamille Bittar. Le premier estimait et estime toujours qu’il fallait attendre les instructions du président de la République -était-ce vraiment cela ?-, précisant même au passage qu’il ne serait pas candidat et pas intéressé par la présidence ; le second l’entendait d’une toute autre oreille. Jeamille Bittar estime, pour sa part, que le parti doit avoir un candidat et que les instructions du président sortant passaient au second plan. Plus encore, ce serait lui le meilleur candidat, martèle-t-il, à tout bout de champ.

Le parti est depuis divisé, en deux clans, voire en trois : ceux qui soutiennent Séméga, les partisans de Bittar et… une frange qui soutient la candidature de l’ex-Premier ministre Modibo Sidibé dont certains ne veulent même plus entendre parler. L’on ne croirait pas que, ces partisans d’ATT veulent vraiment perpétuer son héritage, consolider ses acquis et poursuivre ses œuvres, tellement les coups portés sont plus bas que ceinture, et que chacun est prêt à tout pour que ce soit… lui. Sont-ils vraiment dignes de porter l’héritage qu’ils revendiquent ? On ne saurait le dire pour l’instant.

Une chose est en tout cas sûre : être digne d’un héritage et pouvoir le porter conséquemment, ça fait deux choses. À l’endroit de tous ceux qui se sont déchirés tout le week-end au stade du 26 mars : qu’est-ce qui importe dans le contexte actuel, former un front des héritiers ou permettre à chacun séparément de s’en réclamer au risque de le galvauder ?

En fait, ils agissent ainsi parce qu’ils pensent tous -les principaux leaders du PDES- que les Maliens sont facilement influençables et qu’il suffit de peu pour y arriver. Ils se trompent lourdement et l’apprendront à leurs dépens. Très prochainement. En jouant à ce jeu, c’est clair que c’est leur parti et leur mentor qui en paieront les frais. Un parti qui -comme il fallait s’y attendre malgré les apparences qu’on veut soigner-, est sorti très affaibli de sa convention d’autant que la confusion subsiste encore et ne fera d’ailleurs que perdurer. Car, elle reste entière.

C’est la faute, aussi, du président de la République qui doit être très amer en ce moment. Lors même que cette situation lui est imputable.

Makan Koné

 

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