La place et la crédibilité d’un pays se mesurent au dynamisme de sa diplomatie, a-t-on coutume de dire et de lire. Si cette assertion est vraie, celle de notre pays –il faut avoir le courage de le dire- n’est pas des plus performantes. En effet, pendant que les Maliens meurent en Côte d’Ivoire, au moment où les populations maliennes manifestent pour saluer et se réjouir de l’arrestation de Laurent Gbagbo, voici que le gouvernement de notre pays fait une déclaration pour indiquer qu’il ” suit avec la plus grande attention les développements récents de la crise qui affecte depuis plusieurs années la République sœur de Côte d’Ivoire ». Il poursuit en exprimant son souhait que « cette crise permette d’instaurer un climat politique apaisé indispensable à la mise en place d’institutions démocratiques, susceptibles de promouvoir la paix et la sécurité en Côte d’Ivoire ». Notre pays par l’entremise du gouvernement n’aura pas manqué de saluer «l’engagement du Président de la Côte d’Ivoire, Monsieur Alassane Dramane Ouattara » et s’est enfin dit prêt de «promouvoir la réconciliation nationale». Même tardivement puisqu’il vaut mieux tard que jamais, notre pays affirme aux yeux de la Côte d’Ivoire, des Ivoiriens et de leur Président sa disponibilité «pour appuyer toute action visant à assurer la stabilité et le développement de notre sous-région. »
A-t-on besoin aujourd’hui d’hésiter lorsque l’on sait que Laurent Gbagbo est arrêté et mis en lieu sûr ? A-t-on besoin d’hésiter, de nos jours lorsque la Communauté internationale dans son ensemble a pris position en faveur de Alassane Ouattara ? Pourquoi hésite-t-on encore face à un tyran et contre des violations lorsque l’irréparable n’a pu être évité, à savoir l’assassinat et la pourchasse de nos compatriotes en Côte d’Ivoire, morts par dizaines ?
Pourquoi a-t-on peur de prendre position dans notre pays quand partout des responsables politiques et chefs d’Etat affichent fièrement leur préférence pour telle ou telle cause ? Tels ont toujours été le Mali et sa diplomatie.
Au Niger, lors du coup d’Etat ; en Côte d’Ivoire depuis les années 2000 ; en Libye depuis le déclenchement de l’insurrection ; au Togo, au Gabon, partout où il se passe des choses, notre pays a joué au «suivisme » et à la diplomatie « muette ». On attend que les autres se prononcent d’abord, observe, hésite, avance des arguments qui ne tiennent pas la route. Ensuite, on essaye de se prononcer sans véritablement se prononcer. C’est cette diplomatie hésitante et qui bégaye qui incite l’opinion nationale et internationale à prêter souvent des intentions et des positions – souvent avérées – à nos autorités, à commencer par le président de la République et qui – au contraire – mettent nos populations en danger à travers le monde, tout en les déniant la parole.
C’est à cause de cette diplomatie hésitante, muette et bégayante que le Président de la République a été accusé en son temps d’être intervenu pour faciliter le règlement des salaires en Côte d’ivoire. Ce qui a entamé considérablement le crédit de nos compatriotes à l’étranger. C’est également cette diplomatie hésitante qui est à l’origine de la perte sans doute de vie pour nombre de nos compatriotes en RCI et en Libye. C’est également à cause de cette diplomatie hésitante que la délégation malienne a été “conspuée” récemment à Benghazi.
Makan Koné