On pense que ça n’arrive qu’aux autres jusqu’à ce que ça nous tombe dessus. Imparable. Il est en effet illusoire de croire que ce qui arrive à nos voisins est propre à eux et que nous sommes à l’abri des crises et des divisions. Il est important d’être vigilant et éviter de tomber dans certains pièges.
Tel ne semble malheureusement pas être le cas et on ne serait pas autant inquiet si des signes de division ne se présentaient pas dans notre pays, et si cela n’était pas encouragé –délibérément ou non- au plus haut niveau de l’Etat. En effet, on assiste, depuis quelques années, à un spectacle au niveau de Koulouba dès qu’il s’agit de questions de Nord. Désormais à chaque fois que se profile une petite crise dans le septentrion, ce sont les ethnies qui sont reçues par le président de la République. Alors, Arabes, Idnanes, Imrades, Ifoghas, Chamanaches etc., défilent à Koulouba et font semblant de faire passer le message de leurs communautés. Une première dans notre pays. Jamais auparavant on n’avait (en tout cas aussi publiquement) accueilli les leaders d’une communauté au plus haut sommet de l’Etat.
Par la même occasion, ces mêmes communautés s’organisent séparément et défendent leurs intérêts, plutôt, ceux de leurs leaders. Pour les mêmes raisons, chacun se transforme en interlocuteur et ce sont de petites rébellions qui surgissent à chaque fois. Un coup, ce sont les Idnane, un autre ce sont les Arabes ou les Ifoghas qui se soulèvent, comme s’il ne s’agissait pas toujours du même Nord.
On a vu le président de la République recevoir en pompe les Arabes, ça n’a pas calmé le Nord ; il a déroulé le tapis rouge aux Ifoghas, notre pays n’a pas connu la paix ; des Idnane ont été nommés à des postes de responsabilité dans la haute administration, il y a eu des défections au sein de l’armée. Récemment, ce sont les Imghad qui ont été reçus à travers les déserteurs (mercenaires) libyens rentrés au Mali, cela servira-t-il à quelque chose ? Personne ne peut répondre par l’affirmative, pour l’instant.
Makan Koné