Les nouvelles en provenance du Sénégal ne sont pas réjouissantes. En effet, c’est depuis deux mois que les Sénégalais s’opposent à la candidature du Président sortant, Abdoulaye Wade, à l’élection présidentielle du 26 février 2012. Ce, malgré sa validation, fin janvier, par le Conseil constitutionnel. Tant et si bien qu’à J-4, nous nous acheminons vers les échéances dans une atmosphère des plus troubles.
L’opposition, au lieu d’aller en campagne électorale, s’était bornée à vouloir barrer la route à « Guorgui » vaille que vaille. Jamais une campagne présidentielle ne s’était déroulée dans de telles circonstances. Les manifestations de l’opposition, classe politique et société civile, se succèdent. Mais depuis quelques jours des meetings et sit-in sont réprimés, voire interdits par les forces de sécurité.
C’était le cas dans une mosquée de Dakar lors de la prière du vendredi la semaine passée. Auparavant des ténors de l’opposition ont été arrêtés, quatre de leurs partisans tués ou blessés par les forces de l’ordre. Tous les jours, on assiste à des rassemblements de l’opposition. Les élections auront-elles lieu à la date prévue ? Telle demeure la grande interrogation. Dans l’affirmative, dans quelles conditions ?
En tous les cas, la politique de bâillonnement et de division des leaders de l’opposition constitués en grande partie d’anciens compagnons du « patriarche » désormais sénile semble avoir réussi, d’autant plus que ces derniers jours ils ont abandonné la rue dakaroise pour tenter de convaincre les électeurs sénégalais à l’intérieur du pays.
Ces candidats de l‘opposition, qui étaient regroupés au sein du mouvement du 23 juin communément appelé M23, ont certainement réalisé la persévérance de « Guorgui » d’aller jusqu’au bout dan sa logique de s’offrir un troisième mandat à tout prix, à défaut d’imposer son propre fils, Karim Wade, actuellement super-ministre, de façon constitutionnelle (dans sa tentative d’imposer le ticket Président-Vice-président pour se faire élire au premier tour du scrutin à seulement 25% des suffrages).
Aussi l’abandon de ces candidats de la plateforme de contestations anti-Wade du M23 n’est pas du tout surprenant dans la mesure où ils viennent d’horizons différents avec des intérêts qui se « cassent la gueule ». Beaucoup d’entre eux ayant travaillé de longue date avec le Président sortant qui s’était même offert le luxe de les manipuler et de les mettre les uns contre les autres.
C’était le cas de Macky Sall et d’Idrissa Seck qui furent ses premiers ministres. Cependant, force est de constater de plus en plus un épuisement du mouvement du 23 juin qui se retrouve amputé de quatre ténors de l’opposition sénégalaise qui s’occupent désormais de leur propre avenir politique. Autant dire que Me Wade a bien des chances de retrouver son fauteuil présidentiel si les élections ont lieu le 26 février. Mais certainement au second tour, puisque la perspective d’une victoire au premier tour n’est pas logiquement réalisable. Est-ce que l’opposition sénégalaise va se résigner dans ce cas et mettre au placard ses revendications ?
Tel est le film des événements avant le jour-J qui nous édifieront dans ce feuilleton politico-électoral plein de suspens. Le pouvoir ne devrait-il pas éviter à tout prix des dérapages ? Car, et cela est connu : en cas de situation préélectorale tendue et pourrie, tous les scénarios sont envisageables et la rue peut s’enflammer à tout moment.
Par Gaoussou M. Traoré