Présidentielle 2007 : Le débat d’idées entre candidats en vaut-il la peine ?

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rnL’auteur de l’article intitulé : «débats aux présidentielles : Il faut restaurer le face à face entre candidats » Monsieur Diawara qui invitait déjà le ministère de l’information, les médias privés, bref, tous les militants et militantes de la démocratie, selon leurs moyens d’expression, à revendiquer, avec insistance au près des autorités maliennes, la restauration des débats d’idées avant le premier et le deuxième tour des élections présidentielles de 2007, semble toujours sceptique sur la question.

Revenant sur le sujet dans un second article en date du 12 avril, intitulé « qui bloque l”organisation des débats entre candidats au Mali ? », Monsieur Diawara se perd en conjectures sans pouvoir apporter la moindre réponse. Qu’à cela ne tienne, il promet d’éclairer la lanterne des maliens en ces termes: «Dans de telle situation de mauvaise foi cachée, je vous promets de vous révéler avant la fin de la période de campagne le ou les candidats qui veulent empêcher l”éclosion de la transparence dans la démocratie malienne si rien n”est débloqué d”ici là ».

De quel débat peut-il s”agir Monsieur Diawara du moment que tous les candidats vous diront la même chose. Comment comprendre que c’est seulement en année électorale que nos «braves dirigeants politiques»
s’agitent ça et là égrenant un chapelet d’intentions.

Quelle est la vision de nos « braves hommes » politiques pour le Mali ? Difficile d’y répondre avant les périodes de carnaval électoral.

Au Mali on ne vote malheureusement pas pour un programme ou un projet de société mais pour une personne. Il nous reste encore des années lumière pour atteindre le stade de choix d”un homme sur la base d”un programme, d”un projet de société comme dans les pays d’où nous avons calqué notre modèle démocratique.

En 1992 les débats contradictoires organisés, il faut le reconnaître dans la mouvance de l’air du temps, opposaient des candidats qui n”étaient pas au pouvoir.

C”était dans le même élan et dans un show médiatique que le Président Alpha alors fraîchement élu, donc aux anges, a informé le peuple de l’introduction de la déclaration publique des biens du Président de la République et de ses Ministres comme une nouvelle approche de rendre compte au peuple. Au lendemain de sa prestation de serment du 8 juin 1992, c’est effectivement un Président accompagné de son épouse, remettant la déclaration de leurs biens à la Cour Suprême que les Maliens ont découverts sur les antennes de la toujours toute puissante «chaîne Gouvernementale», l’ORTM.

«L’aîné de tous les Maliens sans être le plus âgé» comme il l’a poétiquement dit dans son discours d’investiture du 8 juin 1992, venait de prouver par cet acte, haut combien symbolique de sens, que désormais le peuple a et aura droit de regard sur la gestion de la chose publique. Hélas, l’espoir qui vient de naître s’est vite estompé puisque la suite est connue. La période d’euphorie passée, avant même la fin du premier mandat de Alpha, la déclaration publique des biens des Gouvernants fut enterrée dans le plus grand secret et envoyée aux archives nationales de l’histoire.

L’interruption ou le refus des débats contradictoires pendant les élections pourrait s’expliquer aussi par la même logique qu’au Mali nos dirigeants sont toujours réticents à rendre compte dès lors qu’il s’agit d’expliquer leurs faits et gestes.

C’est cela qui expliquerait l’interruption des débats contradictoires et la déclaration publique des biens des dirigeants initiés en 1992. Les médias d’Etat, en l’occurrence l’ORTM, dont le professionnalisme de ses journalismes est mis à rude épreuve, ne sont pas responsables du blocage des débats entre candidats. Je ne vous apprends rien en vous disant que « qui détient l’information détient le pouvoir». Je ne ferai l’injure ni au directeur de l’ORTM ni à son personnel, en affirmant que l’ORTM : la passion du service public, a toujours été, est au service du pouvoir en place. Il revient au peuple de se réapproprier de la démocratie en exigeant des comptes aux dirigeants. En quoi faisant, en usant à bon escient de son droit de vote, malheureusement jusque là, le vaillant peuple n’est consulté que pour mettre un bulletin dans l’urne.

Jacques Roumain, dirigeant communiste haïtien dans son chef-d’œuvre posthume «Gouverneurs de la rosée» (1944) écrivait : «En vérité, nous autres le peuple, nous sommes comme la chaudière ; c’est la chaudière qui cuit tout le manger, c’est elle qui connaît la douleur d’être sur le feu, mais quand le manger est prêt, on dit à la chaudière : tu ne peux venir à table, tu saliras la nappe…. ».

Pour que le peuple malien puisse être invité à la table à manger, pour que le peuple, au nom duquel nous autres «intellectuels minoritaires», pensons et agissons, se réveille et se fasse écouter, il faut qu’il ait accès à l’information donc à l’éducation. Un peuple analphabète, un peuple illettré ne peut choisir son destin. Il aura toujours son destin dans les mains de cette «minorité intellectuelle et instruite».

C’est là un défi pour nos medias d’Etat pour qu’ils soient véritablement et réellement au service des contribuables, de tous les contribuables maliens.

Port-Au Prince, le 13 avril 2007

Yachim MAIGA
En Mission en HAITI

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