Pêché dans son trou comme Saddam Hussein

0

Pris comme un rat dans son trou, Laurent Gbagbo, le Salazar africain, aura cru jusqu’à la dernière minute que son pouvoir était de droit divin et que grâce à la puissance de ses fétiches, il retournerait une situation quasi-désespérée en sa faveur en prolongeant son séjour au palais présidentiel d’Abidjan. Mais les incantations sur les mânes de ses ancêtres dans la solitude de sa résidence assiégée de Cocody n’auront servi à rien. Et, comme Saddam Hussein, le monarque d’Abidjan a été pêché comme un poisson dans l’eau. Quel entêtement de la part d’un homme qui a bravé le monde entier et qui croît toujours que le pouvoir est au bout du fusil. Venu dans le sang, il repart dans la honte.

Quelle triste fin de règne pour un homme qui a passé 25 ans dans l’opposition en prêchant les vertus de la démocratie mais qui, une fois aux affaires, est devenu un monstre aux tentacules de pieuvre. Il s’est opposé à Houphouët Boigny, le père fondateur de la nation ivoirienne, qui a amené la prospérité à son peuple mais, pendant dix ans, il n’a fait que guerroyer, vociférer, palabrer pendant que son pays, naguère un ilot de prospérité dans un océan de misère, allait à vau-l’eau et se vidait de ses habitants.

Aujourd’hui, on assiste à la fin d’une guerre tribale commencée an 2002 et qui avait divisé le pays en deux entre le nord et le sud, entre dioulas et forestiers. Le concept de ” l’ivoirité ” fabriqué de toutes pièces par Henry Konan Bédié et Laurent Gbagbo aura fait long feu. Avec la victoire d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle de novembre dernier, ses auteurs ont été mordus comme des charmeurs de serpent par leur propre trouvaille. Aussi, tout le monde aujourd’hui, à commencer par les Ivoiriens eux-mêmes, pousse un grand ouf de soulagement à l’annonce de l’arrestation de Laurent Gbagbo et de sa mégère de femme

Mais l’après Gbagbo est un immense chantier et pour Alassane Ouattara, le nouveau président élu, les choses sérieuses ne font que commencer. Il s’agit d’abor de panser les blessures de la guerre, vaincre la haine et le tribalisme dans un pays qui est loin d’être une nation mais, au contraire, est composé d’une mosaïque de peuples aux rapports difficiles. Tant les rancunes et les rancœurs mettront du temps à se calmer. Il s’agit aussi de passer à la reconstruction de l’après-guerre d’un pays qui constitue 40 % du marché de l’UEMOA. Au grand bonheur des Etats limitrophes qui éternuent quand la Côte d’Ivoire s’enrhume.

Sur ce dernier point en tout cas, nul doute que les investisseurs vont accourir en masse eu égard aux énormes potentialités dont regorge le pays du ” vieux “. Avant même la fin des hostilités, la France, l’Union européenne, les Etats Unis ont annoncé leur intention de participer activement à cette reconstruction.

En attendant que les milliers d’Ivoiriens qui ont fui dans les pays voisins rentrent au bercail, tous les observateurs se demandent ce qu’Ado fera de cette grosse prise.

Gbagbo sera-t-il jugé par les siens ou passera t-il devant la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité ? Quel que soit le sort qui lui sera réservé incontestablement Gbagbo sera un prisonnier encombrant pour le nouveau président ivoirien. Tant pis pour celui qui a superbement ignoré l’adage selon lequel il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Et les Bamanans renchérissent en disant ” celui qui n’écoute pas la voix des hommes, écoutera nécessairement la voix de Dieu “. Et même Dieu, Gbagbo ne voulait pas l’écouter. Quelle petitesse !

Mamadou Lamine DOUMBIA

Commentaires via Facebook :