Parmi les mauvais, il y a les moins mauvais

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La majeure partie des  intellectuels maliens s’éloigne parfois de l’activité politique en raison de leur tempérament, de leur  éducation, et parfois pour leur intérêt et leur condition. De nature,  l’intellectuel est un être réticent à la discipline, possédant une psychologie individualiste et une pensée hétérodoxe, c’est pour cela, que l’on pourrait aisément expliquer son prononcement contre la militance politique.

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Pour nous, la politique est un travail effectif de la pensée sociale ; la politique c’est la vie. C’est pourquoi, les intellectuels étant des hommes dotés de toutes ces capacités, doivent faire obligatoirement la politique sans compromis ni alliances, avec un pouvoir non progressiste.

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Je fais ce petit  rappel, de ce que doit être le comportement de l’intellectuel, pour arriver en réalité à l’essentiel même de mon analyse. Elle constituera la comparaison des régimes de Moussa Traoré, d’Alpha Oumar Konaré, et de l’actuel pouvoir d’ATT.

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Je ne saurai jamais dire quelque chose sur le régime catastrophique  du général Moussa Traoré,   qui n’a pas été dit, c’est pour cela que je résume mon énergie  sans être paresseux dans quelques pages du livre de Samba Gainé SANGARÉ, livre intitulé : Dix ans au bagne mouroir de Taoudenit.

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Ce livre est une véritable oeuvre cinématographique, avec des acteurs réels et des moments réels, avec un style  sans  reproche aucun et qui démontre toute l’atrocité du régime dont certains continuent à faire l’éloge.

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  Prenons le chapitre,  la  mort du capitaine Yoro Diakité, que nous allons conter littéralement.

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«A ses débuts à Taoudenit, Yoro avait connu des déboires multiples. Militaires et détenus lui reprochaient d’être le principal signataire du décret d’ouverture du pénitencier». Il était le chef du gouvernement provisoire au lendemain du coup d’Etat de novembre 1968. Il faut dire qu’à son arrivée Yoro Diakité était complètement déboussolé. Etait-ce du à la nature délicate du poète ou était-ce que M. Diakité connaissait d’avance ce qui l’attendait au pénitencier? Il avait eu ses premières difficultés sur la route de la gorgotte.

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N’étant pas bon marcheur, il était fréquemment fouetté aux mollets, qui finirent par s’enfler, compromettant davantage ses capacités de marcher vite…  Un après midi, nous étions entrain de construire un magasin dans le carré des détenus, coté cuisine. Comme d’habitude Guediouma Samaké, Alassane Diarra et moi même étions les maçons. Les autres détenus nous apportaient briques et banco. Du haut du mirador, l’adjudant Nouha criait à ses hommes de chauffer le chantier. Il leur disait notamment de frapper les trainards sur la tête.

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Yoro Diakité fit quelques voyages en courant, comme les autres, à l’aller comme au  retour. Cette fois, après avoir vidé son Plateau de Banco, il nous dit qu’il était malade. C’était effectivement perceptible. Ne pouvant rien pour lui, nous lui conseillâmes de le dire au caporal Diallo qui surveillait la corvée. Il le fit, mais le caporal le traita de paresseux et le fit cravacher. Yoro Diakité reprit son plateau et fit encore quelques voyages. Au troisième ou au quatrième, il dit encore que ça n’allait pas. Nous le  renvoyâmes au même caporal qui le fit cravacher à nouveau. Mais cette fois les soldats avaient eu la main lourde et Yoro resta couché, inconscient, le nez dans le sable, respirant la poussière. Les militaires l’abandonnèrent dan cette position sans rien pour le sauver. L’adjudant Nouha qui avait tout suivi du haut du mirador, demandait de temps en autre à ses hommes, si M. Diakité n’était pas encore mort. Un soldat venait soulever sa tête avec le pied et  répondait,  non ! Ce manège se répéta deux à trois fois.

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Et un autre soldat de constater «Fula nin ka fassa dè» (le peulh a la vie tenace). Le problème de l’adjudant était de pouvoir signaler à ses supérieurs, à la plus prochaine vacation, le décès de Yoro Diakité. Aussi consultait-il constamment sa montre, se demandant si Yoro allait mourir entre temps! Mais il avait raison, celui qui avait dit que le peulh avait la vie dure. Yoro Diakité ne mourut pas dans le délai souhaité. En fin de corvée, au crépuscule, il agonisait encore. Il fut transporté, mourant, dans une pièce sans toit remplie de sable qui n’arrêtait pas de tourbillonner. C’est là que nous retrouvâmes le lendemain matin, ensevelit sous une épaisse couche de sable fin. Il était mort, asphyxié par la poussière. Nous le déterrâmes, le secouâmes et fîmes sa toilette mortuaire. Il eut droit ä un banal cérémonial religieux et fut enterré le plus humblement possible dans ce cimetière pour prisonniers, parmi les voleurs,  les violeurs, les escrocs et autres criminels.

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On peut difficilement imaginer une fin plus triste pour un chef de gouvernement, «fut-il provisoire.» (Sangaré, 2006). C’est de cette façon, que plusieurs de nos compatriotes, des parents,  des frères, des oncles, des grands pères ont crevé dans l’anonymat total. C’est de cette façon indigne, que l’on a brutalisé et assassiné froidement des Maliens.

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Allah Akbar ! Dieu est grand et sa grandeur ne peut souffrir de doute, je dis cela à tous ces assassins qui se disent musulmans, mais, qui ont cédé à la pression du chiaitan,  que dieu vous pardonne et qu’il fasse que vous n’ayez plus l’envie de revenir au pouvoir, car vous n’avez plus rien à  prouver, si ce n’est le mal dans son essence. Que dieu nous en garde hein…

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Parmi les mauvais, il y a les moins mauvais. C’est pour cela que, je dis clairement que, le pouvoir d’Alpha Oumar Konaré a été moins mauvais que celui de Moussa, même si c’est sous ce régime que le Mali a connu les plus grands détournements jamais égalés, même si c’est sous ce régime que le journaliste Cheick Oumar Konaré a été bien battu, c’est sous Alpha que le Mali a eu des milliardaires fonctionnaires, c’est sous l’Adema d’alpha que tous les opposants ont été arrêtés, et bien malmenés, y compris  Seydou Badian Kouyaté et Almamy Sylla. C’est sous Soumeilou B. Maïga,  que l’on avait voulu liquider le Docteur Oumar Mariko (Son petit frère,  Alou Mariko a été tabassé et frappé par des Ninja de l’occasion, sa femme Adia Théra et son fils Steve Biko, de neuf mois, furent détenus plusieurs heures avec  menaces de mort, s’ils ne disaient pas  où était le docteur, parce qu’il fallait l’arrêter. On a même lancé un  mandat d’arrêt international  contre lui).

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C’est sous Alpha, que l’on a vu un président démocratique aller seul aux élections présidentielles. C’est sous Alpha, qu’on a vu sur notre territoire, les écoles des enfants des pauvres, et celles des enfants  riches. C’est sous Dioncounda Traoré et autres, que tout cela a eu lieu. C’est sous tous ces gens là, que notre pays a connus des années blanches, des années cascadées, etc…

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C’est  sous tous  ces gens là, oui, les gens d’Alpha, que la démocratie triomphante, la démocratie authentique, avait envahi les bureaux publics comme un torrent, la mauvaise herbe de l’ambition personnelle poussait partout.

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L’époque qui suit est semée de confusion, c’est l’évanouissement de l’élan démocratique, la répression et la légitimité des partis rétrogrades, qui se réclament même des gens qui ont crée le bagne de Tadaounit.

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Parmi les mauvais, il y a les moins mauvais, c’est pour cela que je dis clairement  que le pouvoir de Touré est moins mauvais que celui d’Alpha.

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Le pouvoir actuel sera jugé, plutôt pour ce qu’il aurait pu faire, que ce qu’il a fait, et c’est là que  réside le hic du pouvoir ATT. Il nous a  promis le changement mais il est entrain de faire l’éloge de la restauration.  Il nous a promis l’espoir, mais, c’est l’étalage de la médiocrité, du régionalisme, des vaniteux, du culte de la personnalité, et du…

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Je me demande parfois, si, les collaborateurs du pouvoir se rendent compte  que le phénomène de la télécratie peut banaliser les actions d’un pouvoir. Je m’explique :  tous les jours à la télévision nationale du début a la fin c’est monsieur et madame qui inaugurent, qui dansent, qui reçoivent , ou qui font recevoir, et que  tout le monde cite,  pour se rassurer un lendemain meilleur.

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Je disais dans un récent article, que le livre ATT CRATIE n’aurait aucune valeur politique et pédagogique dans le pays, s’il y avait réellement un débat démocratique, y compris dans les medias publics, mais dommage que les tenants des pouvoirs pensent que les gens qui les critiquent objectivement sont des bouffons. Les véritables bouffons sont ceux qui pensent que tout va bien !

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Une preuve de bouffonnerie : le gouvernement de notre pays pense que, si  Madame Rice (le secrétaire d’Etat américain) dit que le Mali est un pays démocratique, cela suffit pour qu’il soit démocratique. Mais, notre pouvoir doit savoir  que les Américains ont fait les plus grands dictateurs d’Afrique et furent les collaborateurs potentiels (Est-ce que vous savez que, l’un des meilleurs amis de Mobutu fut George Bush père).

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Aussi, le gouvernement actuel de notre pays doit cesser de faire la fine bouche. Tous les jours, nous entendons que le Mali est le premier dans tout. Un des ministres les plus fanfarons, disait même, que le Mali est le premier, le tout premier dans le coton, dans ceci ou cela, alors que, des pays comme le Burkina avance sérieusement  dans le calme. Nous qui sommes les premiers en tout, dans tout, sommes 175ème  sur 177 pays. C”est-à-dire que,  même des  pays en état de guerre sont mieux que nous, oh ! Que le tout puissant nous en garde.

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Mais, je tiens à dire de nouveau, que parmi les mauvais il y a les moins mauvais et le pouvoir médiocre d’ATT vaut mieux que celui de l’intellectuel d’Alpha.

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En fin, je demande aux intellectuels de notre pays,  je parle des intellectuels qui n’ont jamais été mouillé, ni de près, ni de loin, de  quelque  magouille que ce soit, de faire un front et aider les Maliens à résister contre les aventures dans lesquelles, des médiocres veulent entraîner notre pays .Je ne saurai finir cette analyse, sans ne citer un intellectuel africain qui disait : «La politique est très noble pour la laisser entre les mains des im…».

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Ousmane bleni, diplômé en communication sociale

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