Parenthèse : Ben Diakité : Sa mission : faire élire le successeur d'ATT.

0




Un pari pour le moins improbable, face à la perte générale des repères, la perte d’espoir, voire d’utopie.

Son nom à consonance anglaise peut paraître bien trompeur. Mais, ne vous méprenez surtout pas sur les origines paysannes de ce " fils du mandingue " né il y a plus d’une cinquantaine d’années à Bancoumana, village de plus de 3000 âmes situé à une soixantaine de kms de la capitale. Il n’est d’ailleurs pas le seul à partager ce " privilège ", car l’un des musiciens les plus talentueux de ce pays, le surdoué Mangala Camara, y a aussi ses " racines ".

Son "cas" n’est pas nouveau. A la cour, et singulièrement à Koulouba, il y’a un conseiller de l’ombre détesté par les autres. On colporte à son sujet des rumeurs plus ou moins fantaisistes. On se rit de sa prétention, on guette ses faux pas avec appétit. On attend discrètement sa disgrâce.

Benson Diakité conseiller du président chargé de (?) et depuis quelques jours  secrétaire national chargé de la communication et des relations publiques du PDES joue parait-il ce rôle – peu ragoûtant, il est vrai – dans les allées du pouvoir. Certains le craignent, voyant en lui un futur et puissant  ministre de la Com. D’autres pointent du doigt un intrus, un " revenant" chez les technocrates, un usurpateur toujours prêt à se mettre en scène. Qui aimerait être à sa place ? Pourtant cet homme sans doute plus habitué aux cafés et autres bazars parisiens assume tous ses " travers " avec une crane, d’indifférence. Il vit très bien dans cette animosité ambiante. A dire vrai, il en a l’habitude, lui qui s’est forgé " comme par enchantement" un brillant destin à RFI, la radio mondiale. Cela donne naturellement sous nos " tropiques " une jolie rente de situation.

Un phénomène inédit… !

Alors plutôt que d’effacer cette odieuse image d’arriviste " sans foi, ni loi " plutôt que de se soucier des bassesses et autres vilenies des courtisans, sa première préoccupation est d’être reconnu comme un " réformateur ", quelqu’un qui veut mettre un peu d’ordre dans la maison ATT. C’est clair, lorsqu’on a de tels desseins plus ou moins avoués, l’écume des petites phrases assassines ne vous atteint pas. Sa préoccupation  est de se mettre désormais au service d’un président en qui il a cru voir plutôt "un héros des temps modernes ". Seul bémol, après deux mandats, il n’est plus candidat à sa propre succession. C’est un peu dur pour " le grand ami des enfants ", mais c’est comme çà.

Mais le pouvoir étant ce qu’il est, ses " affidés " ont vite pensé, réfléchi à un audacieux plan B, celui de la mise sur orbite d’un parti qui aura pour mission " historique " de faire  perpétuer le système ATT, ses privilèges et immenses prébendes. Son élection en 2002, vous vous en souvenez, a été selon lui-même " un phénomène inédit. Non seulement l’écrasante majorité de la classe politique a soutenu ma candidature, mais le tiers des sections de l’Adema, le parti de mon rival (Ndlr: Soumaïla Cissé) a participé à mon succès… ".

Plus de sept ans après son arrivée au pouvoir, le président ATT a t-il vraiment réussi à devenir le " président de tous les Maliens " ? La réponse est indéniablement oui pour toutes les têtes de proue du PDES qui s’arrogent inexplicablement  l’intégralité du bilan d’ATT.

L’étrange défaite

En 2000, le célèbre publiciste français, inventeur de la ”force tranquille”,  avait échoué – et de façon ridicule – à faire réélire le président Abdou Diouf alors au pouvoir depuis une vingtaine d’années. Son adversaire de toujours n’était autre que Me Abdoulaye Wade, celui-là même qui incarnait le mieux à cette époque les idéaux et valeurs du changement ou " Sopi ". Ce mémorable épisode sénégalais nous donne encore aujourd’hui l’éclatante preuve que, face à la détermination, l’engagement et le rejet par un peuple instruit des vrais enjeux politiques et d’une réelle conscience politique pour les analyser, il est évident que les énormes moyens financiers et matériels mis à la disposition de ces " acteurs " proches du pouvoir ne seront pas d’un réel secours  pour propulser le " candidat " du Pdes sur les hauteurs de Koulouba. Même si ce parti semble recruter en son sein un " sorcier noir " en la personne du prestigieux Benson Diakité, dont le précieux agenda pourrait bien servir à son "rayonnement" international.

Mais, sur un plan strictement local, cela ne sera guère suffisant pour installer ce parti dans le cœur des Maliens, dont une frange importante est plus que jamais pressée de tirer une croix définitive sur le bilan en demi-teinte du pouvoir d’ATT. Benson Diakité et le PDES seront- ils capables en 2012 de convaincre ces milliers de jeunes chômeurs animés surtout par ce " désir généralisé de désertion " (selon la belle formule du célèbre anthropologue camerounais, Achille Bembé) et de l’extrême précarité du monde paysan qu’un " nouveau bonheur est possible " sans ATT ? Voilà toute la problématique de cette formation dont la vision politique – loin d’être erratique – se heurte néanmoins à tant de malentendus sur la légitimité de l’héritage d’ATT.

Dans un autre registre, le choix de Benson à ce poste éminemment important pour mobiliser les "troupes" encore fantômes du PDES pose en réalité un vrai problème, celui de l’utilisation rationnelle et efficiente des cadres du directoire politique du parti. Ces "transfuges" pouvaient ainsi mettre leurs longues et riches expériences au profit de cette nouvelle formation. Le deuxième vice-président du  nouveau parti, le ministre N’Diaye Ba, était depuis le départ des " dix " l’inamovible secrétaire général du parti du soleil levant. Il avait incontestablement réussi – grâce à un formidable travail de terrain – à faire redorer le blason d’une formation visiblement affaiblie par cette soudaine malheureuse saignée de cadres et militants partis vers d’autres chapelles. Ce poste qui constitue la "cheville ouvrière" de n’importe quelle formation politique  est aujourd’hui confié à "un apolitique bon teint" en la personne de Maharafa Traoré, actuel ministre de la Justice, lequel confessait-il y’a quelques mois – devant une délégation des ”bwas” venus le voir, qu’il ne comprenait pas un traitre mot du " Bambara", la langue la plus populaire du pays. Le brillant juriste, Me Mamadou Camara (il a également été  journaliste dans une autre vie) qui a été pendant longtemps au cœur de la "communication politique" du Cnid  se voit aussi confier la responsabilité des questions institutionnelles. Un vrai gâchis ! Pour la petite anecdote  ce " fort en thème " est notamment l’un des premiers cadres  à avoir suggéré à Me Tall que le boycott des élections municipales (lors de la douloureuse et regrettable  crise du COPPO) serait une erreur fatale, mortelle pour la survie du parti. Il ne fut jamais écouté, pis encore, il resta même longtemps voué aux gémonies pour cette "impertinence".

Bacary Camara

Commentaires via Facebook :