L’année 2013 a sonné la fin de la République du Mali, au sens de l’Etat communément admis. Elle fut le début d’une nouvelle forme de république. Bananière, celle-là. Ibrahim Boubacar Keita a inauguré l’an I de la République bananière de Mali : paix à l’âme du Mali démocratique, uni et en paix. Vive la République du président incompétent.
On pouvait être riche comme Crésus. Désormais on pourrait être incompétent comme Ibrahim Boubacar Keita. Tant l’homme aura transformé le pays en un vaste pandémonium où règnent la concussion et la licence. «Lorsque la vertu cesse, disait Montesquieu, la République devient une dépouille».
J’exagère ?
C’est sous Ibrahima Boubacar Keita que le Mali est devenu un vaste champ où règne la corruption ; le pays des scandales en tout genre. Le Mali est devenu finalement un pays dont les fondations sont rongées par la vermine de la corruption. Une illustration ? La Cour suprême. De mémoire de Malien c’est bien la première fois que le plus haut magistrat du pays, le président de la cour suprême, est mis en cause et livré à la vindicte populaire pour une affaire de corruption et même de meurtre. Qui dit mieux ?
C’est bien dans le Mali de Ibrahim Boubacar Keita que des fonctionnaires notoirement corrompus sont promus à des postes encore plus élevés, comme si le degré de corruption rentrait en ligne de compte dans les critères de nomination.
C’est bien dans le Mali de Ibrahim Boubacar Keita que des responsables limogés pour fait grave sont nommés, après quelques mois, à des responsabilités plus importantes.
C’est encore bien dans le Mali d’Ibrahim Boubacar Keita que la famille du président sème la terreur en rackettant les responsables des administrations publiques. D’ailleurs paraît que l’un des fistons trouve son frère un peu trop gourmand, en termes de sous réclamés aux patrons des boîtes juteuses du pays, nommés justement en fonction d’affinité permettant un retour d’ascenseur en espèces sonnantes et trébuchantes.
C’est bien dans le Mali d’Ibrahim Boubacar Keita que le fils du président, député sans autre parchemin que son patronyme, est propulsé président de la commission de défense au nez et à la barbe d’un ancien général de la police nationale. Qui plus est dans un pays en guerre. C’est ce fils, imbu de lui-même comme son père qui se comporte en ministre de la défense bis, avec les conséquences que l’on sait sur le fonctionnement de notre armée. Il semblerait que ce soit lui qui soit au départ et à la fin de tout processus d’attribution de marchés publics.
C’est toujours dans le Mali d’Ibrahim Boubacar Keita que le fils du président, en sa qualité de président de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, choisit une tribune officielle, hors du pays, devant un panel, j’imagine médusé, pour dire que «les hélicoptères que nous avons achetés ne peuvent plus voler. Ça marchait au début mais vraisemblablement on a un problème d’entretien depuis l’achat. Je me demande si on n’a pas été floué à l’achat».C’est encore dans le Mali d’Ibrahim Boubacar Keita que ce type de propos ne déclenche pas automatiquement une saisine du procureur de la République.
C’est encore bien dans le Mali d’IBK qu’un diplomate, l’ambassadeur d’Allemagne, en fin de mission, déclare dans une interview, chez un confrère local, sans autre forme de procès, qu’il ne conseillerait pas le Mali à un investisseur allemand, tant la justice y est corrompue. Sans que ce dernier ne soit interpellé par la moindre autorité.
Comme si, au final, même les plus hautes autorités ne savaient quoi dire à pareille occasion. Nous savons tous que dans le fond, l’ambassadeur a raison, mais que la forme cause problème. Puisqu’un ambassadeur «ne devrait pas dire ça». La République bananière du Mali vous salue bien !
Touramakan TRAORE/Journaliste