Il y’a de cela quelques décennies, pendant une période très agitée au pays, un PM a rendu une visite de courtoisie aux familles fondatrices de Bamako, puis leur a royalement offert quelques centaines de parcelles (300 selon certaines sources).
Un geste très audacieux, à l’époque, car le pays venait de quitter une “période de dictature” (selon les “révolutionnaires” du moment) et qui a été, très vivement, critiqué, au nom du “kokadje”, c’est à dire nettoyer, allusion faite aux nombreux détournements de fonds publics supposés qui noircissaient/salissaient leurs auteurs.
Malgré ces protestations suivies même d’une interpellation à l’AN, ce PM a maintenu le cap. Une certaine accalmie s’est finalement instaurée, après cependant quelques grenades lacrymogènes jetées surtout sur des établissements scolaires et contre les marcheurs-casseurs. Sans oublier l’emprisonnement de tous les opposants radicaux.
Aujourd’hui, le même PM, devenu Président, annonce donner, à un seul leader religieux, 150 ha. Soit l’équivalent de plus de 150 terrains de foot. Un gros et très dangereux récidiviste donc.
Mais, ce qui a marché, il y a plus de 20 ans, marchera-t-il encore aujourd’hui?
Ce qui m’amuse le plus, c’est bien de voir la tête de ceux qui étaient dans la même barque que ledit PM, qui applaudissaient, à tout rompre, à ses moindres faits et gestes, tout en cautionnant le cadeau royal mais qui sont, aujourd’hui, dans l’opposition pure et dure au régime en place.
Alors mes questions:
– vont-ils, très ouvertement, condamner le cadeau fait au dit religieux et, du coup, se désavouer eux-mêmes?
– prendront ils le risque de fâcher ce célèbre religieux qui est capable de remplir, à lui seul, un gros stade, ce que eux, tous réunis, ne peuvent pas, surtout en cette veille de période électorale ???
La politique politicienne, avec ses coups bas, ses magouilles à ciel ouvert, ses gabegies, ses achats de conscience en plein soleil, ses nouveaux milliardaires m’as-tu vu, est tellement désorientante qu’il faut, de temps à autre, rappeler, à la jeune génération, certains faits du passé afin de lui permettre de mieux cerner les réalités actuelles et agir en conséquence.
Les gros perdants dans toute cette histoire, ce sont bien les pauvres populations dont la galère semble sans fin et qui ne sont consultées que pour déposer des bulletins dans l’urne. Ce sont elles qui dorment, majoritairement, dans la rue et ne mangent, à peine, qu’une fois, par jour.
Cette masse silencieuse, en somme, ne sachant plus à quels saints se vouer, dort pour oublier sa misère, rêve jusqu’aux cauchemars mais risque de se réveiller, brutalement, pour provoquer un tsunami. Comme on l’a vu par le passé et, très récemment, dans un pays voisin.
Mountaga Touré
(8/12/2017)