Notre Mali, comme il va … Les limites de la baraka politique

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Le géomancien Moussa Fomba (qui met en garde le président Ivoirien sur les risques d’embrasement social de la Côte d’Ivoire liés à ses tentatives de ‘’tripatouillage électoral pour avoir un 3è mandat’’) a l’habitude de disserter sur la grande chance qui accompagne IBK.

Il est en réalité un cran au dessous de la vérité. Le président de la République du Mali est un sacré veinard. On dit de ceux de sa catégorie qu’ils sont ‘’nés coiffés’’.

En effet, la manière irrésistible dont il s’est élevé dans la hiérarchie de l’Administration malienne jusqu’à l’ultime fonction, qu’il assume actuellement en un second mandat, tout en ayant essuyé la plus virulente controverse à laquelle un président de la République ait jamais été  exposé, relève d’un remarquable exercice de prestidigitation.

Accueilli par un tonnerre de contestations et d’invectives, le tout nimbé de troubles sociaux, le second mandat, fortement désiré et conquis par les moyens les plus blâmables, a longtemps suscité et entretenu  le courroux des Maliens.

La tête du président, demandée jusqu’au sein de la représentation nationale, par des caciques de sa propre formation politique, en raison d’une gouvernance sécuritaire lamentable, fut opportunément sauvée par le sacrifice de celle de son Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, atteint, en l’occurrence, par un retour de bâton bien mérité.

Le temps d’une accalmie, entretenue par la nomination de Boubou Cissé (servi par un profile de sacristain à une fonction, désormais hautement périlleuse, les effusions sociales reprirent de plus belle, principalement motivées par les revendications professionnelles et, surtout, par le lourd tribut payé par des soldats inexpérimentés et démunis à la barbarie terroriste.

Deux faits majeurs se conjuguèrent, à la fin d’une année 2019 cauchemardesque, pour tirer le président de la République de l’étau social qui se resserrait autour de lui.

L’idée d’un dialogue national, d’abord rejetée en raison de l’habillage essentiellement politique qu’une large frange de la classe politique et de la société civile lui prêtait, revue sous la forme d’un Dialogue National Inclusif et la grande compassion, aussi imprévisible que sincère et profonde, des Maliens pour les jeunes soldats (et leurs veuves et orphelins) morts pour contenir la fougue terroriste et assurer leur sécurité, eurent un effet cathartique  sur le peuple.

La chance insolente d’Ibrahim Boubacar Keïta se révéla une nouvelle fois opérante, d’autant que les Maliens, pourtant très peu dupes du caractère quasi ‘’copié-collé’’ du DNI (par rapport notamment à la Conférence Nationale de 1991 et, celle plus récente dite d’Entente Nationale), de ses résolutions et autres recommandations et peu enclins à se faire des illusions, adhérèrent à ce nouveau rêve national, mus par un volontarisme de bon aloi et surtout soucieux d’éviter au pays des dérives politiques dont ils seraient sans doute les premières victimes.

Les images multipliées de soldats maliens facilement défaits par l’ennemi, abandonnant dans une fuite effrénée leur base et leurs équipements avaient eu des effets psychologiquement dévastateurs sur les populations, qui en avaient conçu un profond sentiment d’humiliation.

La chronique ensuite alimentée par le scandale d’Officiers supérieurs milliardaires et, plus grave encore, le spectacle désopilant d’avions de combat désuets, inopérants et ‘’cloués au sol’’, acquis à coups de dizaines de milliards de F CFA, avaient eu raison des dernières illusions de millions de concitoyens sur leur armée et sa hiérarchie.

Avec la tenue du DNI, dans des conditions proches de celles d’un grand rassemblement national, IBK a donc réussi à rétablir la situation dans un contexte qui lui était plutôt défavorable.

Le président jupitérien, qu’il est, pourrait en concevoir une certaine vanité, elle-même susceptible de le conduire à s’adonner à des manipulations (par le biais de partisans très zélés ou d’arrivistes à l’affut d’occasions de se faire mousser) visant à tourner la mise en œuvre des résolutions dans le sens de ses options.

Que l’on se rappelle l’accord de gouvernance et la mise en place du Gouvernement de Mission, allégrement récupérés pour renforcer un régime en perdition…

En dépit du profile bas de circonstance observé par lui lors de la clôture du DNI et de son discours du Nouvel An, et ses paroles de prêcheur du Vendredi, IBK, comme tous les veinards, croit que tout doit lui être acquis.

L’état de grâce se poursuivra-t-il en 2020 ?

Les Maliens, qui ont massivement soutenu le DNI (souvent pour des motivations peu citoyennes), et l’Opposition (qui devrait revenir à la raison en s’impliquant à fond dans la mise en application des résolutions et recommandations) doivent rappeler au président de la République que la gouvernance d’un Etat n’est pas un jeu de loterie, encore moins un exercice pour capricieux. Elle obéit à des règles de bonne gouvernance, de transparence et de rigueur, elles-mêmes adjuvants d’une démocratie de bon aloi.

Les mises en garde vigoureuses du président du MPR et du Secrétaire général de l’UNTM (ce dernier appelant IBK à une réduction du train de vie de l’Etat) sont indicatives de la posture à adopter à l’égard d’un président de la République dont la vision du bonheur ne va pas au-delà du cercle étriqué des proches et des amis…

Le défi d’un Mali réconcilié avec les pratiques d’un République moderne, c’est-à-dire, débarrassée des oripeaux d’une administration népotiste, inefficace, inefficiente, donc mal à l’aise dans l’exercice de Gestion Axée sur le Résultat, d’une démocratie manipulatrice et taillée sur mesure, reste très fort, au moment où l’humanité conquérante aborde la troisième décade du 21è siècle.

Notre pays ne peut relever ce défi en restant accroché au système IBKien, qui fait la part belle au népotisme…

Mamadou Kouyaté    

koumate3@gmail.com

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6 COMMENTAIRES

  1. Merci Katiguelin. Tu me donne l’opportunite de t’apprecier . IBK est à la merci de tout le monde , pour consolider , disons pour qu’il reste au pouvoir jusqu’a la fin de son mandat.

  2. IBK a réussi à atteindre le sommet de l’État dans un contexte façonné par un état d’esprit hérité de la dictature militaire qui magnifiait la PRIMAUTÉ DE L’INTÉRÊT INDIVIDUEL.
    Les cadres maliens ont pris l’habitude de puiser dans les caisses de l’État pour ensuite être les bienfaiteurs dans les quartiers, les villages…
    Après la chute du dictateur, ceux des cadres qui étaient pour une répartition RATIONNELLE des deniers publics à travers une sanction des fonctionnaires corrompus étaient rejetés par la population.
    ILS SONT DES HASSIDI.
    Il faut rappeler qu’un escroc international malien a été accueilli à Bamako au début des années 1990 par une foule indescriptible au motif qu’il a été arrêté et interrogé par les HASSIDI américains sur l’origine de sa richesse,qu’un cadre émérite comme CHEICK MODIBO DIARRA n’a été plébiscité que par les autorités politiques en place après son passage à la NASA.
    Il n’a pas bénéficié de la foule de BABANI SISSOKO.
    LE RICHE N’A PAS DE DÉFAUT tel semble être la mentalité exprimée par une majorité de maliens.
    IBK s’est adapté à cette mentalité quand il a pris la tête du parti au pouvoir car au début de sa primature il était plutôt un vrai HASSIDI détesté par les maliens.
    Mais un HASSIDI très soutenu par son président.
    C’est ainsi qu’il s’est débarrassé des HASSIDI tels MOHAMED LAMINE TRAORÉ et ses CAMARADES pour se faire entourer par des hommes d’affaire déguisés en homme politique.
    ON NE POUVAIT QU’ASSISTER À L’AVÈNEMENT DES FONCTIONNAIRES MILLIARDAIRES.
    Quand ALPHA OUMAR KONARE a commencé à dénoncer cette pratique,après avoir eu vent des fonctionnaires milliardaires, initiée par le président du parti au pouvoir, des attaques sur sa personne ont commencé, qui continuent aujourd’hui.
    Les derniers HASSIDI(le clan CMDT)ont été écartés lors du congrès qui devrait assurer la candidature d’IBK par le parti au pouvoir.
    Ces derniers n’ont pas accepté leur écart, ont immédiatement lancé la contre offensive pour permettre que le bureau reflète le peuple ADEMA PASJ.
    Un congrès extraordinaire a été convoqué par les délégués conformément au texte du parti.
    Ce qui a provoqué immédiatement la démission d’IBK dans la salle constatant que le président AOK l’a, naturellement, lâché.
    IBK est parti en laissant un parti dominé par des hommes d’affaire qu’il a introduits.
    Certains l’ont suivi, mais beaucoup sont restés car l’ADEMA PASJ était toujours au pouvoir.
    Son plan patiemment mûri et exécuté pour succéder à ALPHA OUMAR KONARE venait d’être mis en échec par deux cadres politiques:SOUMAILA CISSE, Mme SY KADIATOU SOW soutenus par ALPHA OUMAR KONARE d’où UNE HAINE TENACE d’IBK et ses thuriféraires contre ces cadres qui persistent aujourd’hui.
    Avec son aura de favoriser l’enrichissement illicite, IBK crée un parti politique pour succéder à ALPHA OUMAR KONARE sans son soutien.
    Il est troisième, son ennemi juré SOUMAILA CISSE élu par les membres du parti ADEMA PASJ à travers une primaire est deuxième.
    Il appelle naturellement à voter pour le premier ATT après avoir négocié la présidence de l’assemblée nationale.
    Avec la présidente ATT, les HASSIDI c’est à dire ceux qui prônent les SANCTIONS contre l’enrichissement illicite sont écartés ou critiqués s’ils sont proches du président tel MODIBO SIDIBE, OUSMANE ISSOUFOU MAIGA.
    Ayant compris que pour progresser dans la hiérarchie de l’administration, il faut arrêter d’être HASSIDI, une grande majorité des fonctionnaires se sont adaptés.
    Ceux qui ne peuvent pas c’est à dire n’ont pas voulu s’adapter ont été humiliés car commandés par des vauriens.
    C’est dans ce contexte que notre pays a été attaqué par les JIHADO-SEPARATISTES.
    IBK ,en véritable opportuniste,en a profité car, pour succéder à ATT, avait entamé la séduction des musulmans en adoptant une POSTURE ISLAMISTE.
    Élu à la présidence, sa première déclaration a été adressée à ALPHA OUMAR KONARE:djougou malo la (les ennemis sont entrain de vivre une honte humiliante).
    Ce qui augure UNE PRÉSIDENCE HAINEUSE qui a été constatée.
    Il va s’associer à tous ceux qui détestent ALPHA OUMAR KONARE ,rejeter les IDÉES de tous ceux qui sont proches de lui pénalisant fortement le Mali car les proches de ce dernier font partie des meilleurs cadres de ce pays.
    Constatant un bloquage après un quinquennat, il commence trop tardivement à les courtiser.
    Une lettre de menace est même envoyée à ALPHA OUMAR KONARE pour l’obliger à aider son ancien protégé.
    La situation s’est tellement détériorée que ce n’est pas IBK, à la tête de l’État du Mali, qui peut trouver la solution même s’il est aidé car, entre entre-temps, il s’est engagé avec les français à diviser le Mali à travers l’accord d’Alger.
    Tout ce qu’il fait est une manœuvre pour exécuter les instructions de la France.
    Ces manœuvres semblent pour le moment réussir à convaincre une frange importante de la société à le suivre.
    Le DNI en fait partie.
    Ces manœuvres sont contre les intérêts supérieurs du Mali.
    OSER LUTTER,C’EST OSER VAINCRE!
    La lutte continue.

    • Merci M. SANGARE . Votre exposé donne la situation exacte du Mali de 1992 à nos jours . En fait le seul tord d’AOK a été de faire sortir IBK du bois pour intégrer le cercle restreint du pouvoir . Il était absent du pays ors de la lutte du mouvement démocratique . Personne ne pourra vous dire ce que cet homme faisait en France . AOK n’a pas été le seul trahi par IBK, d’autres bienfaiteurs sont aujourd’hui membres de son gouvernement avec lequel il avait rompu. Comme il avait le dos au mur, il était obligé de s’approcher de ceux-ci. Quant à AOK, il connaît tellement IBK qu’il a préféré le massacrer politiquement en lui barrant le chemin de Koulouba , jetant son choix sur cet autre traître ATT dont un pacte conclu entre les hommes serait à la base du choix de cet indépendant . IBK n’est pas la seule victime d’AOK , l’ADEMA-Pasj, le parti qui lui a porté au pouvoir . Connaissant bien les hommes et les femmes qui formaient ce parti, ont été affaibli avec son éclatement en plusieurs groupes . ATT après son 1er mandat, s’appretait a imité AOK à la fin de son dernier mandat . Heureusement pour le Mali et malheureusement pour lui, il a été chassé du pouvoir , la suite est connue. C’est vrai qu’IBK est un opportuniste . ATT chassé du pouvoir par la junte militaire composée de jeunes sans expérience politique peu connus a l’exterieur , ont été démarché par le même IBK qui a bénéficié de leur soutien. Il a fait des alliances souvent de contre nature , tout ça pour se faire élire . Effectivement il a été élu en 2013 sans même un programme . Certains se rappelant de son passage à la primature, d’autres par pitié avec la manière dont il a été chassé par AOK du parti et du gouvernement . Il a peur d’etre de l’opposition . C’est pourquoi , avec l’appui de personnalités africaines comme feu Oumar BONGO et autres, ATT a accepté lui donner la présidence de l’Assemblee Nationale. Puisqu’etant un indépendant qui a accédé à la Présidence de la République , celui-ci n’avait pas d’autre choix que de gouverner avec tout le monde en particulier les volontaires . Mais AOK sait qu’IBK ne pouvait pas gouverner le Mali. Beaucoup de cadres du pays sont du même avis , mais en réalité ces insuffisances étaient ignorées du citoyen lambda. Durant son premier quinquennat IBK n’a rien fait pour honorer aux multiples engagements pris lors de la campagne présidentielle . Parmi lesquels , sa priorité était la pacification du pays . Curieusement c’est avec son élection que la situation s’est généralisée et détériorée d’avantage non seulement au nord mais au centre et finalement tout le pays. Ceux qu’il devait combattre , les ennemis du Mali sont devenus ses amis , puisque protégés par la France. Si les dirigeants français : Hollande et MACRON sont parvenus à faire fléchir IBK, c’est parce qu’il l’ont fait chanter dans des affaires de corruption dont celle de son ami français , le corse Tomy Michel. C’est pourquoi il obéi à la lettre toute instruction venant de Paris même au détriment de l’interet national. La France officielle fait tout ce qu’elle veut au Mali. La communauté internationale à travers la même France ne cesse de le présser pour la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation , sachant bien qu’il est impossible de le mettre en œuvre . IBK qui est docile , acquis pour la cause de la France , à perdu presque tous ses alliés de 2013 :la junte militaire, les religieux, les syndicats , etc… qui ont tous compris que l’homme est à la solde de la France officielle . Au terme de son premier mandat, saurait été en France ou d’autres cieux , il n’allait même pas se représenter , faut de bilan positif à la tête du pays . Ainsi il a bénéficié du soutien de la communauté internationale parrainée par toujours la France pour le faire élire de nouveau par la fraude électorale avec des pratiques éhontées ( bourrage d’urnes, trafic d’inflence par les bandits armés dans des zones sous leur contrôle , qui étaient acquis pour la cause d’IBK qui s’est engagé de mettre en œuvre l’accord pour la paix et la réconciliation). Malgré tout il a été bloqué comme toujours . La France toujours initiatrice , lui dit de tendre la main à l’opposition pour un accord politique de gouvernance . Il est parvenu avoir certains qui sont rentrés dans le gouvernement dirigé par le Dr Boubou CISSE . Volontairement j’ai passé sous silence la gestion de l’Ancien Premier Ministre SBM. Sous la pression de la France il organisa le fameux Dialogue National Non Inclusif (DNNI) , qui ne vise qu’une seule chose : Réviser la Constitution du 25 Février 1992, en vue de l’adapter à l’accord . Ce dialogue n’ayant pas pu atteindre son objectif, on attend les magiciens ce qu’ils sortiront du chapeau . Une chose est sûre , IBK ne peut opérer aucun changement . Il s’en ira comme il est arrivé . Après son départ , un vrai patriote viendra mettre de l’ordre .

  3. Merci koro kouyate. Toujours agréable de vous lire tant vos analyses sont parfaites et pertinentes. Ça fait plaisir de lire un vrai journaliste

    • leparisien.fr/faits-divers/l-ong-musulmane-barakacity-dissoute-28-10-2020-8405351.php
      L’ONG, située à Evry-Courcouronnes (Essonne), a été dissoute en Conseil des ministres.
      Le 28 octobre 2020 à 13h21, modifié le 28 octobre 2020 à 15h03

      L’ONG humanitaire musulmane BarakaCity a été dissoute ce mercredi en Conseil des ministres.

      « Elle incitait à la haine, entretenait des relations au sein de la mouvance islamiste radicale, se complaisait à justifier des actes terroristes », a justifié sur Twitter le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

      Idriss Sihamedi est par ailleurs soupçonné de cyberharcèlement envers une ex-journaliste de Charlie Hebdo et doit être juger en janvier pour ces faits

  4. IBK, ce Monsieur a bluffe les Maliens par son gout immodere du lux et du pouvoir.
    Un grand nageur qui sait danser ave les loups et les agneaux. Avec Alpha, il s’est adosse aux financiers de l’ADEMA, notamment feu Sada Sy pour se faire une place sur le champ politique ou il etait meconnu. Il a joue a la victime suite a son evicttion de la primature par Alpha. Pour etre a L’Assemblee Nationale Diouncounda et l’ADEMA l’ont aide apres que Mara l’ai battu au premier tour des elections legislatves. ATT lui a offert le perchoir de l’AN. En 2013 il s’est servit des naifs militaires et de la benediction de la France (n’oublions pas qu’il est francais aussi).
    Pour son deuxieme Mandat Boubeye a fait le boulot avec l’appui de la France et des rebelles. L’accalmie est liee au fait qu’il est alle se mettre a genoux devant les guides religieux, notamment celui de Nioro, Dicko et Haidara. C’est Nioro et Dicko qui ont choisit le Premier Ministre actuel…
    C’est ainsi l’homme d’Etat Malien
    Pauvres de nous

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