Notre Mali, comme il va : Assassinat de l’Imam Yattabaré, un défi de la communauté gay ?

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Le meurtre odieux de l’Imam Abdoul Aziz Yattabaré, samedi 19 janvier dernier, par Moussa Guindo, a profondément secoué la communauté musulmane, autant dire la quasi-totalité de la population malienne, islamisée à 95%. Dans cette affaire, l’indignation l’a, sans aucun doute, disputé à l’incompréhension, les deux sentiments étant suscités autant par l’acte que par les circonstances dans lesquelles il a été commis.

L’acharnement sauvage qui a provoqué la mort de cet homme, tout absorbé dans ses pensées pieuses et les servitudes de sa mission, à une heure où beaucoup d’entre nous ont du mal à se tirer du lit, ne laisse aucune ombre sur les intentions criminelles préméditées du meurtrier. Il plonge aussi, certainement, bon nombre de musulmansdans un réel trouble,  consécutif aux interrogations métaphysiques que cet acte ne manquera pas de susciter.

Certes, on a pu reprocher à nos imams et leaders religieux leurs accointances avec le régime IBK. Et leur incursion dans le domaine politique a donné lieu à beaucoup d’analyses de la part des Maliens, qui ont recouvré, à l’occasion, leur lucidité citoyenne pour mettre en garde contre les dérives possibles d’une alliance politico-religieuse.

Toutefois, l’on ne saurait, décemment, dénier à ceux qui sont chargés de guider et de raffermir notre foi religieuse le droit et le devoir d’apporter leur éclairage aux évolutions comportementales d’une société malienne, aujourd’hui, en pleine dérive.

L’introduction, par des voies et moyens généralement nébuleux, et les tentatives d’enracinement de pratiques homosexuelles dans une société musulmane sont des faits d’une rare gravité pour justifier l’implication poussée des Religieux dans la lutte pour le contingentement de mœurs sexuelles, qui sont, la plupart du temps, le Cheval de Troie pour des vices plus dégradants pour l’homme.

L’assassinat lâche et odieux de l’Imam Yattabaré, au motif de sa répugnance marquée pour des pratiques sexuelles contre nature, rétablit dans toute son acuité et son opportunité l’alarme retentissante donnée, il y a peu, par le président du Haut Conseil Islamique du Mali, l’Imam Mahmoud Dicko mais il marque aussi la volonté des disciples de cette nébuleuse de tracer leur sillon dans une société en perte de repères et d’y laisser une profonde empreinte.

L’exposition indécente du corps de l’Imam tué sur les réseaux sociaux et les commentaires scabreux qu’elle alimente encore pourraient bien être la manifestation d’une forme de riposte et d’affirmation de ce groupe désormais mis à l’index, qui se met ainsi sur ses gardes.

Une telle perspective est de nature à provoquer la résurgence d’une forme de jihad au sein d’une communauté musulmane à la fois outrée par la mort barbare d’un de ses guides et sensibilisée par la réalité grandissante d’une dépravation des mœurs, à laquelle l’indigence notable des populations et la fragilité morale qui en découle pourraient offrir un terrain propice de manifestation.

C’est, sans doute, comme cela qu’il faut appréhender la sentence implacable de cet Imam de Kayes, rapportée dans le N° 4647 de l’Indépendant du jeudi 24 janvier, « s’il est établi que l’assassin de Yattabaré est un homosexuel, alors nous éradiquerons l’homosexualité au Mali, dès cette année 2019.»

La mort d’un autre Imam, à Djéri, dans le Cercle de Bandiagara, à la suite d’une expédition meurtrière perpétrée par des individus armés, non identifiés, qui survient dans un contexte où des hommes de foi sont la cible de meurtriers, pourrait ajouter à l’échauffement de certains esprits et produire des effets boule de neige pour conduire à la radicalisation du combat pour une rédemption sociétale.

Mais, par ailleurs, cette mobilisation du peuple croyant malien pourrait aussi agir comme un révélateur de la tendance du régime vis-à-vis de cette entreprise de modelage de notre société. L’on se souvient qu’à la suite de la dénonciation de l’affaire de « l’Education Sexuelle Complète » par l’Imam Dicko, le gouvernement avait soigneusement botté en touche, déclarant se donner le temps de concertations autour du problème.

Face à  son amplification prévisible, quelle pourrait être la capacité de résistance du gouvernement à la pression de nos partenaires occidentaux qui, selon leur habitude, devraient ‘’amicalement’’ exiger un assouplissement, voire une certaine complaisance pour la Communauté Gay malienne, arguant toujours du droit à la liberté d’orientation sexuelle de chaque individu.

Le duo IBK/SBM, qui affiche sur le sujet une pusillanimité de mauvais aloi, saura-t-il faire valoir la liberté de notre pays, en conformité avec ses valeurs culturelles, à vivre selon ses règles sociales propres ? En leur retournant, notamment, l’incongruité de leur opposition à la polygamie, cette réponse efficace à toutes les orientations sexuelles, d’autant qu’elle est, généralement, consentie entre les individus, contrairement à ce que véhicule une campagne de dénigrement dont se font complices certains pseudo intellectuels africains, davantage motivés par les prébendes qu’ils en tirent auprès des dénigreurs de notre système social que par le souci d’un équilibre social

Le président de la République et le Premier ministre seraient bien inspirés, pour une fois, de se départir de leur approche oxymore des problèmes sociaux, pour se saisir avec toute la diligence et la perspicacité requises de ce brûlot politico-social, du genre à enflammer un pays, qui, à vrai dire, en est plus proche qu’on le pense…

Mamadou Kouyaté   

koumate3@gmail.com

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8 COMMENTAIRES

  1. Honte à Maliweb de laisser ses colonnes à des opinions porteuses de haine, de division et d’intolérance comme celle de M. Kouyaté.
    La descente aux enfers du Mali est à chercher dans la corruption des élites et certainement pas chez les Maliens homosexuels qui tentent, le plus souvent dans la souffrance, de concilier leur foi et leur nature homosexuelle qu’ils n’ont pas choisie.

  2. CE QUE JE DIRAIS AUX RELIGIEUX QU’ILS SOIT MUSULMANS, CHRÉTIENS OU ANIMISTES; ILS FERONS MIEUX DE S’OCCUPER DE LEUR MOSQUÉES, EGLISES OU CASES SACRÉES.
    L’ETAT N’EST PAS A CONFONDRE AVEC LA RELIGIONS: L’UN A L’OBLIGATION DE VEILLER SUR LES AFFAIRES PUBLIQUES QUI ENGLOBE LES TROIS( LE MUSULMAN, LE CHRÉTIEN ET L’ANIMISTE) ALORS QUE L’AUTRE VEILLE SUR SES FIDÈLES (SUR LEURS VIE SPIRITUELS).
    LE GROS PROBLÈME ET RESPONSABLE C’EST L’ASSEMBLE NATIONALE; CES DÉPUTES QUI NE SE SOUCIS QUE DE LEURS BIEN-ÊTRES ALORS QUE L’UNE DE LEUR MISSION PRINCIPALES C’EST LE <> HÉLAS NOS GOUVERNANT FONT CE QUI LES SEMBLE BON AU VUE ET SUE DE CES DÉPUTES COMMERÇANT ET ENTREPRENEUR QUI N’ONT PAS FINIS AVEC LEURS MARCHE A PLUS FORTE RAISON QUE DE S’OCCUPER DES MISSIONS POUR LESQUELLES ILS ONT ÉTÉ ELUS.
    NOUS SOMME TOUS VICTIME DE NOS REPRÉSENTANT AU BLOBAN.

  3. sangare
    selon toi un imam n’est pas un malien pour parler du mali
    dans ton baptême c’est un imam qui à donné ton nom
    et quand tu mourra c’est aussi un imam qui priera sur toi

  4. Cette mort est celle de Mahmoud Dicko par son comportement politique à faire face aux problèmes sociaux.
    Si la société est tendue c’est :
    ~primo :l’ irresponsabilité du pouvoir à assumer une mesure gouvernementale qui était en phase de préparation,n’avait rien à voir avec l’apologie de l’ homosexualité.
    ~secondo:le président du haut conseil islamique a abandonné ses prérogatives pour suivre celles d’un homme politique sans que le gouvernement ne trouve nécessaire de le lui rappeler d’une autorité républicaine tant son comportement était néfaste à la cohésion sociale compte ténu de sa position.
    Au delà de la responsabilité de Mahmoud Dicko sur la mort lâche de l’imam,c’est celle d’un homme politique qui a osé courtisé les hommes de DIEU pour escalader KOULOUBA qui est fortement interpellée.
    ON AURAI ÉVITÉ DE FAIRE APPEL AUX MUSULMANS POUR QU’ ILS S’IMPLIQUENT DANS LES ACTIVITÉS POLITIQUES,CE NE SERAIT PAS LE PRÉSIDENT DU HAUT CONSEIL ISLAMIQUE QUI AURAIT INTERVENU PUBLIQUEMENT POUR DÉNONCER UNE MESURE GOUVERNEMENTALE,MAIS LE RESPONSABLE D’UNE ASSOCIATION OU CELUI D’UN PARTI POLITIQUE.
    Que la dénonciation vienne d’une communauté religieuse renforce le sentiment que ce pays est un pays musulman contre les autres confessions.
    La hardiesse de Mahmoud Dicko découle de la considération électorale que lui attribue les hommes politiques principalement le président actuel.
    Ce dernier les a manipulé contre AMADOU TOUMANI TOURÉ qui n’a pas su leurs mettre à leurs places par des mesures républicaines correspondantes.
    Aurait il cette hardiesse avec un ALPHA OUMAR KONARE qui n’a jamais courtisé le monde musulman pour arriver au pouvoir reconnaissant le danger pour la cohésion nationale?
    On confond souvent culture et religion.
    Notre culture n’est pas musulmane,c’est notre religion qui est musulmane.
    La culture est liée à un espace ethnique ou racial donné.
    Le monde musulman pense que notre culture est équivalente à celle des arabes liée principalement à la religion musulmane.
    NOUS AVONS DES COMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES,MUSULMANES…QUI SONT BAIGNÉES DANS UNE CULTURE ANCESTRALE DIFFÉRENTE DE CELLE DE CEUX QUI NOUS ONT AMENÉ CES RELIGIONS.
    Cette culture ancestrale prône la tolérance qui énerve les détenteurs de la religion dite révélée.
    La RÉPUBLIQUE se doit d’incarner cette tolérance.
    Avec le comportement honteux d’Ibk et de SBM,c’est la république qui s’est pliée aux injonctions des extrémistes musulmans comme l’avait fait ATT en 2011 affaiblissant considérablement L’ÉTAT du MALI.
    La mort de cet imam est un signal qu’ on est entrain d’évoluer d’un radicalisme verbal cautionné par les hommes politiques à un radicalisme cautionnant la violence physique avec ses lots de morts qui va être difficile à stopper par celui qui est leur complice car conscient qu’ ils ont largement contribué à son élection au même titre que les grands fossoyeurs de ce pays expliquant aussi une impunité de cette catégorie enracinée par le régime militaire.
    OSER LUTTER ,C’EST OSER VAINCRE!
    La lutte continue .

  5. Monsieur Kouyaté,
    Votre analyse est très pertinente. Cependant il faut noter qu’aucune communauté religieuse n’approuve ce crime pour lequel je trouve pas encore d’explication. Les alertes que vous avez lancé au régime sont d’une clairvoyance irréprochable et j’espère qu’il en tirera le meilleur enseignement. Un régime doit en priorité chercher à avoir le Peuple de son coté, parce que c’est la condition de sa survie, quel soit la forme du régime. Macron a reculé en France par rapport au Gilets Jaunes, mais pourtant, les Français l’avait plébiscité au second tour des Présidentielles. Entre le Peuple et les injonctions malicieux et incongrues de la soit-disante communautés internationales, il faut choisir le Peuple. Je pense entre autres aux questions brulantes sur la table: Révision constitutionnelle ou application des Accord de Paix! Faites beaucoup attention! Sinon le Mali risque de ne pas exister pendant un siècle! Voyez ce qui se passe en Lybie, en Syrie, au Soudan du Sud, en Somalie, au Yemen, pour ne citer que ceux-ci. C’est cette même communauté internationale qui est intervenue et qui a aggravé!

  6. C’est clair que c’est à cause des homosexuels que le Mali est dans le trou: corruption, mauvaise gouvernance, dilapidation des deniers publics, affaiblissement de l’armée, occupation djihadistes. Ce sont également eux qui ont fait élire Bouffon 1er. La connerie malienne est no limit. Au lieu de chercher des solutions, il faut toujours trouver un bouc-émissaire. Après les homosexuels, ce sera qui? A ces charognards qui parlent d’exterminer d’autres maliens, ils feraient mieux de s’occuper d’affaires plus urgentes. Bandes d’hypocrites.

  7. Kouyate, ce crime fait mal que l’on soit Musulman, Chretien ou Animiste, arretes de nous diviser devant ce crime odieux. Personne ne veut voir une personne tuee de cette facon, le Malien est devenu insaisissable, on ne rassemble pas mais on divise par l’ethnie, la couleur, la famille de naissance, la classe sociale, etc. Quelle honte!

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