Mot de l’année : Bilan

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File d'attente dans un bureau de vote à Bamako
File d'attente dans un bureau de vote à Bamako, 1er tour de la présidentielle le 29 juillet: l'un des enjeux de ce deuxième tour sera la participation. © REUTERS/Luc Gnago

Année de tous les soubresauts au Mali, 2018 tire vers sa fin. Elle a non seulement été  caractérisée  par trois faits majeurs, à savoir l’exacerbation de la crise socio sécuritaire, les contestations pré et post électorales et le blocage dans la mise en œuvre  de l’accord pour la paix et la réconciliation, mais aussi et surtout aura été marquée d’une encre indélébile dans les annales de l’histoire récente du Mali à cause des dures épreuves endurées.

S’agissant de la crise sécuritaire, il ne serait nullement exagéré d’affirmer que 2018 a été l’année la plus éprouvante pour les populations du centre et du nord du Mali à cause des violences qui ont fait des dizaines, voire des centaines de morts et de déplacés. Les populations se sentant abandonné au centre ont constitué leurs propres milices d’auto-défense. Ce qui a fait que d’une lutte antiterroriste au départ, nous assistons aujourd’hui à un conflit intercommunautaire. Dans les régions du  nord, hormis quelques attentats à Gao et   tout récemment des massacres des civils à Ménaka, il y a eu moins de belligérance entre les groupes armés signataires et même non signataires de l’Accord. Par contre, nous assistons à des assassinats ciblés et des enlèvements. Cette dégradation constante a occasionné une paupérisation et une crise de confiance entre gouvernants et gouvernés.

S’agissant de la crise sociale, 2018 a été une année des grèves de la majeure partie des couches socioprofessionnelles qui réclamèrent une amélioration des conditions de vie et de travail. Ainsi la presque totalité des secteurs ont observé des heures, voire des mois de grève : les enseignants de tous les ordres d’enseignement, les agents de santé, les magistrats, les financiers, les transporteurs. A ces débrayages récurrents, il faut ajouter une extrême pauvreté et la misère noire consécutive à la flambée des prix des denrées des premières nécessités.

C’est dans cette atmosphère délétère marquée par la crise sociale aiguë que le gouvernement a fixé, conformément à la Constitution, les dates du premier et second tour de la présidentielle. Ainsi commença le processus électoral le plus tumultueux de toute l’histoire de la démocratie malienne. Les premières protestations de l’Opposition ont commencé après la publication du fichier électoral par la DGE. Criant déjà à la fraude et au tripatouillage, l’opposition a voulu battre le pavé pour dénoncer la manipulation. Elle en avait été empêchée par les forces de l’ordre. Bilan, plusieurs blessés dont un ancien ministre. Après, l’Opposition a organisé d’autres marches pacifiques pour dénoncer ce qu’elle a qualifié de hold-up électoral. Le premier tour de la Présidentielle a eu lieu le 29 juillet dans une atmosphère de suspicion. Les résultats qui en sont issus ont été contestés par 18 des 24 candidats. Malgré cette contestation, un second tour fut organisé entre le président sortant et le chef de file de l’Opposition le 12 août. IBK a été proclamé vainqueur par toutes les institutions habilitées à le faire. Cette victoire fortement contestée par Soumaila Cissé a  ouvert la voie à une crise postélectorale sans précédent au Mali. Cette crise  qui n’a que trop duré, se serait même accrue par la prorogation du mandat des députés aux antipodes de la Constitution.

Comme une situation de cause à effet, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger connait des retards. Ce qui a fait réagir le Conseil de Sécurité des Nations-Unies qui a fini par  lancer  un ultimatum aux parties signataires pour des avancées significatives avant fin mars 2019.

Vivement une année 2019 de paix, de dialogue et de stabilité !

Youssouf Sissoko

youssouf@journalinfosept.com

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