Le Président de la République, accompagné d’une forte délégation, composée entre autres de deux leaders du Haut Conseil Islamique, de deux de l’Eglise, du Ministre de la Défense et des Anciens Combattants et de celui des Affaires Etrangères, s’est rendu à Paris pour assister aux obsèques des 13 soldats français morts au Mali. La participation d’IBK et surtout de cette forte délégation à cette cérémonie d’hommage n’est pas passée inaperçue. Elle a même suscité un véritable tollé général, et à juste raison.
La reconnaissance du sacrifice consenti pour la paix et la solidarité au peuple endeuillé de la France exigerait bien moralement du Président de la République ce déplacement à l’hexagone pour présenter les condoléances du Peuple malien, il n’en demeure pas moins qu’il soit disproportionné. Pour une frange importante de l’opinion publique, il aurait dû faire la même mobilisation, la prière mortuaire au cours d’une cérémonie d’hommages à nos centaines de vaillants soldats tombés en défendant le Mali. Une âme vaut-elle mieux qu’une autre ? Les soldats maliens comme français sont morts pour la même cause. Pourquoi ne réserve-t-on pas les mêmes hommages à tous ? Le Président de la République en allant aux obsèques des 13 soldats français morts au Mali à encore prêté le flanc aux critiques de ses détracteurs qui l’accusent d’être très peu regardant et de reléguer au second plan les préoccupations nationales.
IBK avait pourtant deviné la virulence des réactions que sa visite en France allait susciter au sein de l’Opinion. C’est pourquoi il s’est adressé à la Nation à la veille de son départ pour Paris. Une adresse à la Nation qui a, du reste, laissé beaucoup d’observateurs de la scène politique sur leur faim, car elle ne renfermait que deux informations essentielles : l’annonce de la date du Dialogue National Inclusif (DNI) et son départ pour Paris afin d’assister aux obsèques des 13 soldats français tués au Mali. C’était de bonne guerre pour IBK, car il fallait présenter à Emmanuel Macron, le Président de la République Française, un bilan des recommandations qui ont été à la base de sa réélection et de son acceptation par la France, à savoir l’application intégrale de l’Accord. Sachant bien qu’il ne pouvait allait à Paris sans avoir dans sa besace une proposition, il a fixé la date du dialogue au 14 décembre, car la finalité étant les réformes politiques et les institutions favorisant la mise en œuvre de l’Accord pour la paix.
S’agissant de sa présence à l’hexagone, elle est tellement passée inaperçue en France que d’aucuns avaient même affirmé qu’il n’était pas présent à la place des invalides. Seuls quelques médias français ont fait cas de cela, mais en fustigeant sa gestion comme étant la moins vertueuse, car caractérisée par la corruption et le laxisme. Ne pouvait-il pas faire l’économie de la présence des leaders religieux qui n’étaient là que pour la forme ? IBK devrait réduire la taille de sa délégation, car la situation socioéconomique du pays exige de chacun de nous une gestion rigoureuse des maigres ressources pour faire face aux priorités.
En somme, le Président de la République doit se ressaisir pour être toujours du côté de son peuple, auquel il doit sa légitimité. Qu’il institue désormais des hommages à tous les soldats qui seront tombés en défendant la patrie et qu’il accède à la demande de l’opinion d’aménager un cimetière militaire pour les héros qui tomberont sur le champ de l’honneur pour le Mali.
Youssouf Sissoko