Mot de la semaine : Bataille

1

A la guerre comme à la guerre, telle semble être la gravissime atmosphère  entre l’imam Dicko et le Président de la République IBK, deux ex-amis, devenus par la force des choses des ennemis jurés. Si la présidentielle de 2018 avait sonné le glas de l’amitié entre IBK et Dicko, qui s’est par la suite transformée en rupture, le meeting géant du 10 février semble annoncer  la bataille sans merci entre les deux personnalités.

L’imam Mahmoud Dicko, avec le soutien indéfectible du guide des Hamallistes Chérif Bouyé Haidara, et devant plus de 60 000 fidèles musulmans venus au stade du 26 Mars, a ouvert les hostilités contre le Président de la République et son Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maiga.  Pourtant, annoncé pour être un meeting de prière pour la paix et la cohésion sociale, il a finalement été une rencontre de dénonciation. Ainsi, ils ont dénoncé, entre autres, la grande  complicité des autorités actuelles dans l’exacerbation de la crise au centre, en opposant des communautés qui ont vécu en parfaite symbiose pendant des siècles. Ils ont aussi critiqué l’implication de la France pour déstabiliser le Sahel et enfin la « guerre religieuse » imposée par l’Occident au Mali. L’imam Dicko n’a pas porté des gants pour fustiger toutes les tares de la gouvernance actuelle, pour ensuite désigner les deux  coupables que sont IBK et SBM. C’est pourquoi, il a demandé sans détour le départ du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga. Cet avis a été largement partagé par le Chérif Bouyé de Nioro par son représentant au Stade du 26 Mars. Un ultimatum a été même lancé à IBK pour qu’il se débarrasse de son Premier ministre, sinon ils vont se faire entendre autrement.

Comme une réponse du berger à la bergère, la réplique ne s’est pas fait attendre ; à commencer par celui dont la tête a été mise à prix, à savoir SBM. Il a sans ambages qualifié les initiateurs de ce meeting et leurs collaborateurs de comédiens et d’acteurs politiques hybrides sans bases électorales seulement enclins à combattre leur régime. SBM a été rejoint par le Président IBK, qui, depuis Addis Abeba où il se trouvait pour le Sommet de l’Union Africaine, a dénoncé la revendication des leaders religieux. Il a même opposé un  niet au départ de SBM, demandé par Dicko et Bouyé. La transition semble être trouvée pour engager une véritable bataille entre les deux camps qui se vouent désormais une haine viscérale. Si le match est équilibré en termes de nombre, à savoir Dicko et Bouyé contre IBK et SBM ; il est injouable pour la deuxième équipe qui a d’autres batailles à mener.

En définitive, pour ne pas  perdre cette guerre  et pour préserver les rarissimes munitions dont dispose le régime pour des nombreuses et complexes batailles à venir, IBK doit chercher à éteindre ce feu. Il devra faire quelques concessions aux leaders religieux et leurs collabos et en contrepartie, il  maintiendra son Premier ministre  Soumeylou Boubèye Maiga.

Youssouf Sissoko                                                                                                                                 

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

  1. 1- L’avis sur le départ de SBM ne vient pas initialement de l’Imam Dicko, qui n’a fait que soutenir le Chérif de Nioro en appuyant et partageant l’avis de ce dernier. . . .!

    2- En fait il y a eu 4 répliques du côté gouvernement en 2 jours seulement:

    – Le 1er Ministre lui-même, parlant de la théâtralisation de l’Imam DICKO qui a fait au moins tomber les masques et permettant aux uns et aux autres de découvrir le vrai visage d’un “tigre”, étonnamment très peureux!
    – La rédaction d’un communiqué du gouvernement le vendredi des 50 Millions. . . !
    – Et sa publication le soir au Journal TV de l’ORTM. . . !
    – La curieuse conférence de presse spéciale le lendemain samedi animée par le porte-parole du gouvernement!

    Sauf que quand c’est spécial, il doit s’agir au moins d’un sujet très crucial sur la vie même de la Nation, alors que là ce n’était qu’un fait divers. . .Alors panique ou tournis très visible direct d’un gouvernement, qui en manque de sérénité, mais surtout d’humilité essaye la propagande pour divertir sa population. . . Ce ne fut qu’une bataille!

Comments are closed.