Modibo Sidibé, deux ans après : Un Mali qui bouge

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Dans un article intitulé " Démission du gouvernement Pinochet : Modibo Sidibé pressenti Premier ministre " (L’indépendant n° 1808 du vendredi 28 septembre 2007) je soutenais que la solide formation universitaire et le riche parcours au sein de la haute administration d’Etat de celui qui était alors le Ministre Secrétaire général de la présidence de la République – donc le plus proche collaborateur du maître de céans – faisaient de lui le bon candidat à la primature pour le président ATT qui venait de renouveler auprès des électeurs son bail de cinq ans au palais de Koulouba. Cela n’a pas loupé et l’article en question sera récompensé du Soroké d’or 2007 du "meilleur article de la presse écrite".

 

Dans la pratique, il s’avèrera vite que les atouts de Modibo Sidibé n’étaient pas de trop pour faire face aux contingences et conduire d’un pas assuré le Projet de développement économique et social (PDES) sur la base duquel le président ATT a été réélu avec une confortable majorité. La première contingence qui a surgi devant lui, à peine installé au poste de commande du gouvernement, est la flambée des cours du pétrole et le renchérissement des prix des denrées de première nécessité importées tels le lait, le sucre, le riz, la farine, l’huile etc. Cette situation est survenue dans un contexte marqué par la persistance de la baisse des cours du coton sur le marché mondial et une réduction sensible du volume des importations sur l’axe Abidjan-Bamako, du fait de la crise ivoiro-ivoirienne.

 

Malgré tout, Modibo Sidibé et son équipe sauront trouver les mesures appropriées pour limiter les dégâts, en combinant exonérations fiscales et subventions directes, le tout s’élevant à plusieurs dizaines de milliards de nos francs. Du coup, ils ont évité au Mali les émeutes de la vie chère qu’on a observées en Mauritanie, au Sénégal, en Guinée Conakry, en Guinée Bissau, au Burkina Faso et, au-delà de notre sous-région, au Cameroun, en RD Congo etc… 

 

Le riz étant un produit plus sensible que les autres, car tendant à se substituer au mil comme aliment de base – si ce n’est déjà le cas – Modibo Sidibé décide de lancer, avec la caution et l’appui, bien sûr, du président de la République, l’Initiative Riz dont l’objectif déclaré est de réaliser l’autosuffisance du Mali dans cette précieuse denrée et même d’exporter le surplus dans la sous-région. On a beaucoup épilogué sur la question de savoir si cette opération a été une réussite ou un échec. Pour nous, la réponse est évidente. Si l’Initiative n’avait pas existé, les Maliens auraient acheté leur riz beaucoup plus cher, à l’instar de ce qu’on a pu observer sur le marché sous-régional. Par bonheur, la forte production du riz (les prévisions ont été largement dépassées) a maintenu les prix dans une fourchette supportable, malgré les anomalies constatées dans la distribution.

 

A peine éteinte la clameur de l’Initiative Riz, Modibo et ses ministres ont dû affronter la crise économique partie de chez l’oncle Sam et parvenue à nous par le biais de l’Europe, notre principal partenaire. Ses effets se font encore sentir quotidiennement : l’aide publique au développement (APD) est servie avec parcimonie, les partenaires techniques et financiers (PTF) sont plus exigeants avec l’utilisation qui est faite de leurs subsides, les investisseurs privés ne se bousculent pas au portillon.

 

Malgré cette morosité ambiante, le Mali est un pays qui reste debout, qui bouge et même avance. A travers ses infrastructures économiques (routes, ponts, barrages, périmètres agricoles, zones industrielles, aéroports, sites miniers, hôtels etc) sociales (hôpitaux, centres de santé communautaire, logements sociaux, accès à l’eau potable et à l’électricité etc) culturelles (universités, grandes écoles, centres de formation professionnelle etc) sportives. Chaque jour qui passe, des avancées sont faites dans tous les domaines d’activités, améliorant l’ordinaire des populations, leur cadre de vie. Progressivement le pays se transforme en un havre de paix, de sécurité (excepté la bande sahélo-saharienne où sévit Al Qaïda de la Mauritanie à la Somalie) et un pôle de croissance dans une sous-région hélas en proie à l’instabilité politique sur fond de coups d’Etat militaires, de tueries de civils, des assassinats des chefs politiques, de processus électoraux dévoyés ou sans cesse renvoyés aux calendes grecques.

 

Les deux années que Modibo Sidibé vient de passer aux affaires ont procuré aux Maliens des raisons supplémentaires de croire en leur pays, de s’investir davantage pour sa construction, pour y forger leur bonheur et celui des générations qui viendront après eux.

 

Nul doute que l’élan pris sera affermi et que le meilleur est à venir. 

Saouti Labass HAIDARA

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