Méchage :Les invisibles et les disparus

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Que Je dois dire que j’ai dû me frotter les…oreilles à plusieurs reprises avant de comprendre ce que je venais d’entendreoi ! Ossama Ben Laden tué par les Américains dans une villa cossue ! Je devais forcément rêver surtout qu’il était dans les 4h du matin en ce lundi 02 mai. Et comme le mois d’avril, le mois de tous les canulars était lui bien mort, pour ça au moins le doute n’était pas permis, je devais forcément rêver. Mais vu que, comme d’habitude quand je dors, j’avais mon petit poste transistor coincé entre mon oreiller et mon oreille, il fallait bien se rendre à l’évidence, je ne rêvais pas. Ben Laden, l’ennemi public numéro 1 aux Etats-Unis, l’homme qui valait 50 millions de dollars mort ou vif (environ 25 milliards de nos francs) était bien mort.


Une fois l’incrédulité passée, je suis mis à me remémorer ses faits et ses méfaits de guerre. Après s’être fait la main sur quelques marines américains, après avoir plastiquer des ambassades en faisant plus de deux cents morts d’un coup, il allait passer au lourd notamment en réussissant ce que personne, même en tant de guerre, n’avait même osé imaginer contre les Américains. Faire plus de 3000 morts en quelques minutes sur le sol des Etats-Unis, personne avant lui n’avait réussi cette macabre prouesse. On était le 11 septembre 2001. Et à l’époque, tous ceux qui ont été surpris par le direct des événements pensaient regarder un film de guerre comme sait le produire Hollywood. Sauf que c’était bien la réalité, le genre de réalité qui dépasse, et de très loin, la fiction.

Les méfaits causés par les deux avions que les fanatiques de Ben Laden avaient lancés contre les deux tours jumelles du World Trade Center sont allés bien au-delà des 3000 morts des attentats. Par la faute de Ben Laden, aidé en cela par une administration Bush complètement maboule, le monde allait basculer dans une « guerre des civilisations » contre le monde musulman qui a vu l’invasion de l’Afganistan et la destruction de l’Irak.

Pas fou pour un sou malgré la folie meurtrière qui caractérisait les actes qu’il posait, il tenait à vivre malgré tout. Et à bien vivre à l’occasion. Une fois qu’il s’est senti traqué, il s’est rendu invisible. Et il a disparu dans la nature ou disons dans les montagnes. C’est avec lui que nous avons pris connaissance du nom exotique des montagnes Bora Bora en Afganistan. Avouez que ça sonne bien Bora Bora. On nous disait à l’époque qu’il y avait des grottes souterraines avec une multitude de labyrinthes. Il a été plusieurs fois donné pour mort. De mort naturelle ; ce qui ne ressemblait à cet homme qui aimait vivre dangereusement. Il avait été dit qu’il souffrait d’une maladie très grave des reins qui nécessitait plusieurs dialyses quotidiennes. Mais ce qui était extraordinaire dans son camp, c’est chaque fois qu’on annonçait sa mort, il trouvait le moyen d’envoyer un message audiovisuel. Finalement la traque de Ben Laden était devenue un feuilleton lassant jusqu’à l’autre jour. Mais comme beaucoup d’observateurs, j’étais arrivé à la conclusion que Ben Laden bénéficiait de complicités solides. Sinon, il était difficilement compréhensible qu’avec toutes les agences de renseignements du monde qu’il avait à ses trousses, qu’il puisse échapper dix ans durant. Mais comme chaque chose a une fin, la couverture dont il disposait a fini par craquer.

Il faut reconnaître que cet homme là est très fort. Il avait pu monter une véritable entreprise qui tournait à plein régime et sous tous les cieux. La nébuleuse Al Qaeda était devenue un label dont tous les terroristes, les débutants comme les expérimentés, voulaient s’affubler. Dès qu’on arrive à faire un petit bruit avec un pétard mouillé, il suffisait de se dire d’Al Qaeda pour avoir une publicité garantie dans le monde entier et sans bourse déliée. Sans compter qu’avec ce nom, on faisait vraiment peur. Nous sommes bien placés dans le Sahel pour en parler. Nous avons vu à midi pile, certains de nos anciens rebelles et des terroristes non repentis d’Algérie faire allégeance à Ben Laden en créant AQMI. Et c’est gens là nous ont fatigués et continuent d’ailleurs à nous créer des soucis. Là également, nous avons vu qu’il suffit souvent de faire un petit coup de feu dans le désert pour se réclamer d’AQMI. On a vu « notre » Tunisien qui a jeté sa bombonne de gaz et sa grenade contre l’ambassade de France au Mali, il lui a juste fallu qu’il dise qu’il était d’AQMI pour qu’on le prenne quelque peu au sérieux. Ben Laden est certes mort, mais son entreprise tournera encore quelques temps encore. Même jeté aux fonds des mers pour qu’il disparaisse à jamais de la surface de la terre, il hantera encore les esprits et son nom galvanisera encore quelques illuminés.

J’avais voulu parler un tout petit peu d’IB, l’invisible devenu visible avant de disparaître à jamais, mais bon je crois que ce n’est plus la peine. Prions pour lui, prions pour le repos de son âme. Sa mort confirme juste le fait que les révolutions et maintenant les rébellions mangent leurs enfants. Et qu’en toute chose, il faut savoir raison garder et connaître les limites à ne pas franchir.

Chez nous, c’est l’AMO qui sort de la clandestinité après avoir été longtemps accusée d’être un processus invisible. Grâce à l’ORTM, toujours animé par « la passion du service public », nous avons pu voir tous ces malades qu’on ne voyait pas subitement projetés sous les feux de l’actualité. De Kayes à Kidal en passant par Tombouctou, Gao, Mopti, Ségou, on a pu voir des jeunes, des vieux, des femmes, s’exprimant dans toutes les langues nationales faire l’apologie de l’AMO. On a pu voir le président de la République recevoir sa carte d’assuré obligatoire. Et comme l’occasion était bonne pour faire une bonne petite publicité pour l’AMO, ATT a déclaré que ni lui, ni sa femme, ni ses femmes n’ont jamais bénéficié de prises en charge et c’est lui-même qui mettait la main à la poche pour acheter ses médicaments. Cela m’a rappelé son histoire de sac de riz qu’il achète par ses propres soins au marché (à l’époque il avait montré sa facture à Choguel Maïga qui était ministre du Commerce). Mais tout le monde aura compris que c’était pour la causette parce que je ne peux pas imaginer que Mon Président ait été laissé pendant tout ce temps sans aucune prise en charge. Et comme tout le monde sait que c’est un Président désargenté, qui a un usage très sobre de l’argent, on peut croire qu’il était pratiquement en danger de mort.

Ce qui est sûr concernant l’AMO, c’est que la bataille de son lancement « médiatique » a certes été gagnée mais qu’il reste encore la guerre de son acceptation. Justement parce qu’il y a eu des ratés à l’allumage, même ceux qui ne pas contre l’assurance maladie se retrouvent à battre le pavé et…à battre ceux qui ne sont pas d’accord avec eux. On a vu lors du défilé du 1er mai comment un responsable syndical a été molesté et déshabillé publiquement par des policiers mécontents.

Je ne terminerai pas sans dire un mot sur la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse. C’était le mardi dernier et les journalistes se sont mobilisés comme ils pouvaient pour que la fête soit belle. Il y a eu des conférences-débats au cours desquelles, les journalistes ont relaté toutes les misères liées à leur profession. Moi j’ai retenu essentiellement deux points : le premier, c’est que nous n’obtiendrons absolument rien si nous continuons à être divisés ; le deuxième, c’est que les politiques continueront à nous diviser si nous prêtons le flanc. Enfin, j’allais l’oublier, rien ne se donne, tout s’arrache. Si aujourd’hui nous sommes le seul pays de la sous région à ne pas disposer de chaînes de télévision privée, c’est que nous nous sommes laissés longtemps bernés par les différents pouvoirs. A chaque fois, c’est la même chanson : « nous sommes en train de mettre du contenu dans les textes ». Et ça fait quand même vingt qu’ils sont en train de mettre du contenu dans les textes. La vérité, c’est que sous nos cieux, les tenants de l’Etat ne tiennent pas à lâcher le monopole de la télévision. Ils se disent qu’avec la cinquantaine de journaux et les 200 radios essaimées sur toute l’étendue du territoire, ils ont déjà donné et qu’ils souffrent de cette « générosité ». Si en plus il leur faut laisser des télévisions privées, montrer au pays profond autre chose que l’ORTM, ce serait insupportable.
Pour terminer complètement, je ne me lasserai jamais de rappeler que nos confrères injustement arrêtés et condamnés dans la fumeuse affaire de « La Maîtresse du Président » attendent toujours leur jugement en appel. Ce dossier là, à défaut de disparaître, est complètement invisible.

TBM

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