Donnez-moi donc du fil à coudre, je suis aussi preneur de toutes les étoffes de mon pays déchiré, des huit pans de ma patrie en convulsion. Ma voix dans les fracas tonnant et détonnant est à peine audible et pourtant elle n’existera que pour parler de la case paternelle en feu. Les élites politiques sont aux prises, les élites militaires dans une sarabande de la mort qui m’enlèvent jusqu’à tréfonds de mon âme troublée, le hiéroglyphes des tablettes de ma vie, de ma seule vie, de mon unique vie, le sang et le flux dédié à un Maliba de fierté, de construction, de progrès , de tolérance et de partage…
Où êtes vous donc héritiers de mes ancêtres, cousins des Dieux, serviteurs déférents des mânes célestes. Parlez, en ces instants lourds du poids de la discorde, parlez pour nous, parlez entre nous au nom de la patrie. Faites que se réconcilient les enfants du sein maternel, unique. Imams, archevêques, pasteurs, anciens, témoins et grands témoins d’ hier et d’aujourd’hui mon cœur est meurtri et le chemin semble long. Parlez pour le pays. Parlez à vos fils. Faites vos libations. Offrez au Tout puissant. Réclamez votre part, grande, d’aiguilles et d’étoffes. Rapiécer nos restes endoloris. Qu’ils sont dures et difficiles les chemins des boulevards de triomphe et je refuse de renoncer à notre quête commune et légitime de grandeur.
« Nyamakalaya » féconde faites revenir ma part de paix ! Grandes familles de noblesse et d’abnégation implorez donc l’unité ! « Sinankouya » séculaire qui fait de l’autre un autre moi-même, mêmes quartiers, même mosquées ; mêmes mariages et nos enfants dans les mêmes jeux, éteignez l’incendie de nos vies. Le ciel entendra et l’hivernage en approche nous lavera de nos « putritudes ». Je dis Oui Blomba de partage, Toguna de concorde, Guélékan de convivialité, Babahou de la fraternité, Fasoba et toutes ces portes restées ouvertes, jamais fermées. Comme nos cœurs.
Nous avons les ressorts de notre rédemption, de notre re-construction et de notre réarmement moral et citoyen pour faire face ensemble. Toujours ensemble. Notre culture sortie des limbes mêmes de la création nous l’impose, notre humanité nous en montre le chemin.
Et dans un sanglot d’adulte je dis : O Mali d’aujourd’hui ! O Mali de toujours !
S. El Moctar Kounta
C’est beau, très beau mais le pire des maux du malien actuel est de rester insensible au texte ou à la parole !!!
Bravo, mais le surréaliste rêve du cauchemar n’est pas terminé. Salut
Ce que nous dirons a nos enfants : http://www.maliweb.net/news/contributions/2012/05/03/article,64144.html
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