Maliba

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Cabral. Des milliers d’hommes et de femmes, des milliers d’enfants sur les chemins d’exil, seuls, aux confins des pays. Seuls, sous les étoiles, sans rien de chez eux, à peine quelques murmures ramenés par les brises en des langues qu’ils souhaitent secrètement n’avoir pas oublié.

Dans des abris précaires, à tous vents, par quarante  cinq degrés,  des Maliens loin de  leurs toits, de leur terroir, de leur pays. Un  sort ingrat et impitoyable qui les condamne à la dure existence de l’errance et au sort peu enviable de chair à canon et de bouclier humain d’un autre genre. Cabral Abdoul Karim n’a pas donné sa vie pour voir son pays se déchirer et s’éparpiller. Non, il n’a pas échangé sa vie contre ce Mali en guerre, aux lendemains d’élections incertains que l’on attend non comme une joute de chevaliers mais les dents serrées et l’estomac noué de ce qu’il en sortira, pour le pays. Le sacrifice d’une jeune vie, de celui qui par son nom, esclave de Dieu, rappelle au delà des tombes et du silence des abysses qu’il renouvellera, quant à lui, son serment de bâtisseur d’une nation unie, prospère et en paix, tous les ans, chaque 17 mars.  A peine plus d’une semaine de la révolution salvatrice. Non ce n’est pas d’un destin HCR d’un devenir CICR, d’un futur de Croix Rouge, malgré leur assistance et leur générosité sans fin, qu’il rêvait.

Son rêve ! C’est  que le Mali fasse la paix. Que  les Maliens se parlent, se concertent et se comprennent et que nous soient rendus ces frères de sang, ces autres nous mêmes. Rendez les nous aussi ces fils d’exils et notre cœur est assez gros pour les contenir, assez vaste pour ces pâturages et  ces  troupeaux assoiffées du pied trépident du bouvier.

Ils sont partis et avec eux une part de nous à laquelle nous n’avons pas renoncé une part  de notre humanité, de notre dignité, de notre citoyenneté commune à laquelle nous ne renoncerons jamais. La part essentielle de Cabral. Parce  que le blanc n’est beau  que sur du noir et le noir tout aussi beau que sur du blanc. Et  voilà Mon Pays pluriel que nuancent chutes du Félou, monts Tandjigora , sable laiteux de l’Azawad. Et manguiers Wassoulou et Banimonitché et plateau dogono ancestral.  J’en passe. Mon pays multiple, le regard toujours vers le levant, là d’où éclot l’avenir et se guette les arabesques indescriptibles de la nouvelle, bonne, douce, revigorante et apaisante d’une paix construite et entretenue ensemble.

Oui une ode à ce mien pays dont les larmes  déjà abondantes éteindront nécessairement les  feux. Mêmes les plus voraces, mêmes celles capables d’anéantir les hautes herbes battues des pluies.                                                                                                                                                                                                                                                                    S. El Moctar Kounta

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