8 mars, la fête de cette année au Mali au delà des slogans et des orientations à l’international est à placer sous le signe de la participation, de la colère et de la grogne citoyennes. Un vrai ébranlement sismique. La tectonique, il est vrai, avait déjà commencé aux premières heures de ce que fut la révolution du 26 mars qui a fini de remodeler la forme et le contenu d’une lutte de vingt ans, dans l’ombre. Elle lui donnera un visage, en marchant à découvert sur Koulouba, et un objet revendiqué ouvertement, là où les tracts devanciers n’avaient, somme toute, qu’une portée théorique et même symbolique. Près d’un quart de siècle après, tout se passe comme si un peuple nouveau, né de la génération des lutteuses, s’était formé, un peuple « huit marsien » scandant aux grilles royales leur volonté de savoir, celle du refus de la négation de la vie et la mise sous séquestre de l’avenir.
Que ne peut- on contre les hommes. Mais que peut- on contre la femme, contre toutes ces femmes à la rage affirmée de ne point laisser faire sans elles, ne guère laisser entreprendre contre elles ? Rien justement ! Elles dont le pouvoir est précisément contenu et contigu à leur faiblesse. Les voilà donc, lumières et repères, inspiratrices et combattantes sur les places de la Casbah de Tunis, celle de Tahrir au Caire ou la ville encore fumante de Homs …
Elles se devaient de s’assurer que de Bâ fâaro à Bâ Baya, devenue étoile, ces jours derniers, les chantiers du devenir humain et citoyen, jamais de pierres, ne manquent.
Il faudra désormais, au delà de la toute institutionnelle bataille des genres, compter avec ces amazones du présent et du futur pour discipliner le baromètre de la gouvernance, le thermomètre des politiques et les indicateurs des dérapages. Elles en ont fait la démonstration quand il s’est agit du Code des personnes et de la famille. Elles l’administrent, tout autant aujourd’hui, en montant au front de la paix pour que s’apaise le septentrion. Pour que Mali reste le Mali, tout simplement. Définitivement.
S. El Moctar Kounta