Le projet de réforme constitutionnelle est donc sur la table de l’Assemblée Nationale. Elle y est une semaine après que la Déclaration de Politique Générale du Premier ministre Kaïdama Cissé eût reçu l’onction du parlement, dans des conditions qu’on aurait voulu, globalement, autres. Parce qu’il aurait été souhaitable que l’unanimisme qui a prévalu fut moins marqué.
La réforme désormais en discussion est le fait du prince. Envisagée comme le couronnement d’une mandature de dix ans, elle se veut une volonté de changement et de modernisation des outils institutionnels. Si l’intention est louable comme le reconnait l’ensemble de la classe politique, le « momentum », à peine dix mois des élections générales, fait courir l’énorme risque de conduire à des textes qui n’auront pris véritablement ni le temps de la concertation ni celui de la critique constructive.
Un risque objectif qui alourdira l’année électorale qui débute. En ce sens que le choix du fichier, qu’il soit issu du RACE, du RAVEC, ou de ce que sera la nouveauté, le FEC (fichier électoral consensuel) n’est vraiment pas calé, et entériné par les parties prenantes, au premier chef, les partis politiques. Sans compter que cette étape franchie, il faudra du temps pour la mise en œuvre concrète d’un fichier qui sera le socle sur lequel reposeront les institutions républicaines nouvelles.
Pour toutes ces raisons ne faudrait-il pas que la Représentation nationale sache raison garder, pour aider et accompagner dans la bonne direction. On attend des élus du peuple, au nom du pays et pour l’avenir, qu’ils ajournent toutes les préoccupations institutionnelles pour éviter d’abord les turbulences qui guettent la Nation et sa stabilité. Il ne s’agit donc pas de plaire ou de déplaire mais de faire pour le Mali. Les députés ont prouvé, il y a huit jours, qu’ils savaient voter sans état d’âme, l’occasion va leur être donnée de prouver le contraire.
S. El Moctar Kounta