Invité récemment sur le plateau de la télévision nationale (0RTM/JT de 20h du 12 novembre 2022) pour s’expliquer sur la problématique de la cherté de la vie au Mali, le ministre de l’Industrie et du Commerce est réellement tombé dans le dilatoire et la démagogie au point de ne plus attirer l’attention des Maliens. Faisant un tour d’horizon de la situation, il s’est surtout appesanti sur «l’approvisionnement normal du pays» ! Ce qui est une manière de noyer le poisson puis que nous savons tous que le problème du Malien lamnda est ailleurs : la hausse vertigineuse des prix des denrées ! Le marché a beau être bien approvisionné, à quoi cela sert-il si la grande majorité ne peut pas acheter de quoi vivre décemment ?
Sans compter que le ministre nous apprend rien en nous rappelant qu’il y a des rapports de cause à effet entre l’inflation que nous connaissons et la crise ukrainienne, les effets induits des sanctions prises par la Cédéao et l’Uémoa contre notre pays déjà éprouvé par les crises sécuritaire et sanitaire liée au Covid-19. Et, visiblement pour se donner bonne conscience, il essaye de nous convaincre en comparant les prix entre le Mali, le Sénégal et la Côte d’Ivoire. L’objectivité exigeait alors de lui de comparer aussi les revenus des Maliens, des Sénégalais et des Ivoiriens.
Comme l’a écrit un confrère, «si le carburant, l’huile, le lait… coûtent plus chers dans ces pays qu’ici au Mali, le ministre ne peut en tirer une quelconque glorification car, dans ces pays, les revenus et les salaires sont plus élevés… et les pouvoirs publics y ont adopté de nombreuses facilités pour soutenir les ménages». En réalité, les Maliens n’attendaient pas du ministre du Commerce un exercice aussi difficile que cela. Ils voulaient juste des solutions concrètes à leur calvaire. Ils voulaient par exemple comprendre pourquoi, malgré les efforts consentis par le gouvernement de la Transition à hauteur de plusieurs milliards de francs CFA pour amortir le prix des denrées de première nécessité, les prix ne cessent de grimper ?
Mais, il a préféré amuser encore la galerie. Pendant ce temps, les Maliens apprennent que les ministres de transition d’un pays voisin ont décidé de renoncer à 50 % de leurs salaires. Pendant ce temps, ils apprennent que le président Macky Sall du Sénégal a annoncé (le 5 novembre 2022) des mesures de baisse relatives au logement, au riz, à l’huile, au sucre ou encore aux fournitures scolaires pour soulager les populations face à la cherté de la vie. La mesure présidentielle vise à soulager les Sénégalais confrontés ces derniers temps à la hausse des produits de première nécessité et des autres services de base… Voilà du concret ! Et c’est ce que les populations attendent d’un gouvernement.
Les Maliens ont jusque-là fait preuve d’une étonnante résilience. Et malgré le coût de plus en plus exorbitant de cette transition, peu de gens bronchent. La preuve que la majorité a compris qu’il y a un prix à payer pour le changement et qu’elle est prête à l’assumer. Mais, il ne faut pas trop tirer sur la corde non plus ! A défaut de pouvoir soulager leur calvaire, il faut au moins éviter de faire certaines déclarations comme si on les narguait. Le silence est d’or ! Et lorsqu’on n’a pas de solutions aux difficultés du peuple, il faut savoir faire profil bas et continuer à mener la réflexion pour le réconforter.
Moussa Bolly