Cela a commencé par quelques minutes puis quelques heures. Pas de panique nous sommes habitués. Puis le temps d’attente s’est prolongée. Ceux qui ont les moyens se sont rabattus sur les groupes et les panneaux avec l’assurance que la crise sera bientôt derrière nous. Pour nous rassurer, de nouvelles acquisitions ont été accueillies dans une ambiance très médiatisée. Hélas, Le pot aux roses n’a pas tardé à être découvert. Une grande arnaque aux dépens du contribuable et des clients d’EDM.
Le fauteuil a entre temps changé de titulaire aussi bien au Département qu’a la Direction générale. Mais, le cap est resté inflexible. Puis, ce fut le scandale des hydrocarbures. Malheureusement, on s’est vite rendu compte que ce n’est que la partie visible de l’iceberg. En tout cas, la crise s’est amplifiée comme pour défier le discours politique. Rien à faire.
Au ramadan, on nous a proposé 12h de lumière et 12h d’obscurité de façon tournante entre les quartiers. On l’a accepté en se disant que cela vaut mieux que rien. On parle souvent de tontine. Sauf que dans la tontine tu sais quand tu vas ramasser et tu peux même choisir ton tour. Un choix que «Jolie» nous refuse. Et depuis on rogne progressivement sur la durée du privilège, du luxe. L’arrivée de la précieuse électricité est saluée dans nos quartiers par une clameur qui en dit long sur notre désarroi et surtout notre… sous-développement.
De 12h on est passé à 6h sans que personne ne bronche. Il est vrai que le sujet est tabou. En parler relève désormais de la cybercriminalité. Autant continuer à faire preuve de résilience pour rester libre de ses mouvements, même dans si c’est dans les ténèbres. Maintenant, on fait allégrement 24h à 48h d’obscurité avec souvent moins de 3h de courant. La situation est telle que, «nous avons arrêté de compter les heures d’obscurité», avouent certains. Plus de clim, point de télé, moins de Ventilo et Wifi… Nous voilà replongé de plein pied dans les méandres de la préhistoire avec au moins peu de fatigue virtuelle. Quelle est belle la vie à la belle étoile sous un moustiquaire avec le traditionnel éventail
Personne n’en peut, mais personne n’ose en parler ouvertement. Tout le monde a visiblement peur du Procureur parce que sa convocation équivaut à au moins 3 mois de gnouf en attendant le jugement. L’Etat est en banqueroute, les activités économiques sont en faillite dans un environnement de drame social. Mais on se résigne en misant sur la providentielle aide de Dieu. Oui, on implore Matigui Yésu, Jéhovah, Seigneur, Allah, Ngala, Ma Ngala, Ama, Klé, Irkoye… pour nous aider à voir le bout du tunnel.
En attendant que nos prières soient exaucées, la situation est telle que le Powerbank est devenu le compagnon inséparable de tout le monde. Il parait que même le Boss en a (si je mens que j’aille au paradis sans jugement) pour magnifier la coopération sino-malienne. Ne lui dites pas surtout que la fuite vient de moi. Malgré que je sois un cabri mort, je suis encore trop jaloux de ma liberté. Ma grand-mère Nassira m’a surtout appris qu’il faut se méfier des personnes qui parlent peu ou pas du tout comme de l’eau qui dort.
Mais, si nous étions tous dans l’erreur en ne percevant pas qu’EDM est train de changer de vocation, de produit fini ? En effet, la société produit de plus en plus de… l’obscurité, la lumière étant une denrée dont la production lui coûte de plus en plus chère. Mais, ne soyez pas non plus surpris de voir des montants faramineux sur vos factures à la fin du mois ou de voir vos crédits Isago fondre comme l’espoir d’un dénouement rapide que nous avons tous nourri au début de cette crise.
Moussa Bolly