Elle s’appelle Adania Shibli… et elle est écrivaine. Dans quelques jours elle allait recevoir un prix important au salon du livre de Francfort (Allemagne) pour son roman intitulé «Un détail secondaire». Mais sa cérémonie de remise de prix a été annulée parce que Shibli souffre d’un préjugé impardonnable aux yeux de l’opinion occidentale : elle est Palestinienne ! Ce qui est aujourd’hui loin d’être un détail secondaire aux yeux des dirigeants de l’Europe et des Etats-Unis. N’empêche qu’ils lui ont offert le plus beau cadeau quand même. En effet, en annulant la cérémonie de remise… Ils ont rendu son livre infiniment plus populaire que jamais.
Mais, ce récit nous rappelle ce que sont devenus l’Europe et les USA depuis la recrudescence des attaques meurtrières entre Israël et la Bande de Gaza (Palestine). Le niveau d’hypocrisie et de fanatisme a dépassé les limites de l’imaginaire en essayant même d’effacer la littérature, son histoire et ses voix. Une certaine opinion occidentale pousse les préjugés jusqu’à considérer tous les Palestiniens (pas donc les Gazaouis seulement) comme de potentiels terroristes. «Il n’y a pas de population civile innocente à Gaza», a déclaré la semaine dernière Nili Naouri, avocate et présidente de l’organisation «Israël is forever», dans un discours hallucinant devant des médias français. Hélas, elle dit sans doute plus haut ce que la majorité de ses compatriotes et une grande partie de l’opinion occidentale pensent.
Ce qui fait que soutenir aujourd’hui la Palestine, c’est comme déclarer publiquement son homophobie et s’attaquer au LGBT (personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres/transsexuelles.) ! Cela ferme beaucoup de portes dans un Occident dont la puissance économique et financière dépend en partie des lobbies juifs et de puissants réseaux d’homosexuels. Les célébrités qui ont pris position en faveur du peuple palestinien (et non le Hamas), notamment les footballeurs, ne diront pas le contraire. Ils sont devenus des parias aux yeux de l’opinion des pays où ils évoluent au point que certains ont été écartés de l’effectif de leurs clubs.
Et être Palestinien est devenu un crime aux yeux de Bibi (Benjamin Netanyahu) et ses soutiens comme l’Amérique de Joe Biden et l’Europe de Macron et consorts. Mais, objectivement, qu’est-ce qui distingue Ismaël Haniyeh (Ismaïl Haniya), le leader du Hamas, et Benyamin Netanyahou ? Si le premier est fiché comme un terroriste, le second est un sanguinaire dont les mains ont toujours été rouges du sang des Palestiniens, notamment des femmes et des enfants innocents de la Bande de Gaza. L’objectivité voudrait qu’on condamne avec la même fermeté le responsable des violentes attaques qui ont visé le «Festival Tribe of Nova» (le 7 octobre dernier) et celui qui n’a pas hésité à faire disparaître par exemple tout un hôpital dans la Bande de Gaza en sacrifiant au moins 400 civils (malades, accompagnateurs, réfugiés, médecins, infirmiers…).
Un crime que Tel-Aviv a tenté de nier (il a refroidi l’ardeur de certains fervents défenseurs de l’Etat sioniste) en incriminant le Hamas. Mais, l’armée israélienne a été vite confondue par des sources proches et des médias internationaux comme le «New York Times» qui a prouvé que le missile qui a fait exploser l’hôpital «Ahli Al Ma’madani» de Gaza n’a pas été tiré par le Hamas, mais provenait plutôt d’Israël. Et quelques jours plus tard, des avions de combat de l’armée israélienne ont largué six bombes de 1000 kg chacune sur un quartier résidentiel du camp de Jabalia, l’un des plus peuplés de Gaza, le détruisant complètement. Dans ce qui est clairement un génocide perpétré contre les civils de Gaza, un premier bilan provisoire indique plus de 400 Palestiniens tués et plus de 300 blessés.
Saboter les initiatives de paix pour empêcher l’existence de l’Etat de la Palestine
Si le Hamas est aujourd’hui un monstre hideux, il a été nourri pendant de longues années par le Likoud afin de contrarier l’Autorité palestinienne et saborder toutes les initiatives prises en faveur de la création de l’Etat de Palestine. En effet, pendant des années, les différents gouvernements dirigés par Benjamin Netanyahu ont adopté une approche qui divisait le pouvoir entre la Bande de Gaza et la Cisjordanie, en mettant à genoux le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, tout en prenant des mesures qui renforçaient le Hamas.
La plupart du temps, selon des observateurs, la politique israélienne consistait à considérer l’AP comme un fardeau et le Hamas comme un atout. Soutenu par cette politique, le Hamas n’a cessé de se renforcer jusqu’à ce samedi 7 octobre 2023, le «Pearl Harbor» d’Israël, le jour le plus sanglant de son histoire, lorsque des terroristes ont franchi la frontière pour massacrer des centaines d’Israéliens et en ont enlevé un nombre inconnu, sous des salves de milliers de roquettes tirées sur des villes du sud et du centre du pays. Si le Hamas est une organisation terroriste, Tsahal (armée israélienne) est une armée de criminels au service du sionisme. Mais, pour Biden et ses sbires, Israël a le droit de se défendre. Mais, les Palestiniens commettent des crimes en s’opposant à la politique de colonisation qui est en train de les priver progressivement de leur terre. En effet, chaque jour que Dieu fait, des Palestiniens sont chassés de leur terre pour installer de nouvelles colonies juives. Israël d’aujourd’hui n’à rien avoir avec l’Etat créé de toutes pièces en 1947.
Comme l’a dit le secrétaire général de l’ONU, lors d’une réunion du Conseil de sécurité le 24 octobre 2023, «il est important de reconnaître également que les attaques du Hamas ne se sont pas produites pour rien. Le peuple palestinien est soumis à 56 ans d’occupation étouffante. Ils ont vu leurs terres en proie à la violence être progressivement dévorées par les colonies ; leur économie étouffée ; leurs habitants déplacés et leurs maisons démolies. Leurs espoirs d’une solution politique à leur sort se sont évanouis», a déclaré le secrétaire général de l’ONU.
Une politique qui continue malgré les résolutions de l’ONU António Guterres. C’est par exemple le cas de la résolution 2334 adoptée en 2016 et appelant à l’arrêt des colonies de peuplement et à la reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens. Cinq après (2021), au moins 800 000 colons israéliens étaient installés dans des colonies illégales au regard du droit international, soit une hausse de 53 % au cours des cinq années écoulées.
Nous sommes d’accord avec António Guterres quand il rappelle également que «les griefs du peuple palestinien ne peuvent justifier les attaques effroyables du Hamas. Et ces attaques épouvantables ne peuvent justifier la punition collective du peuple palestinien». Mais, aujourd’hui, Benjamin Netanyahu est sur le pied de guerre pour faire payer la note aux Gazaouis. C’est un véritable génocide qui est programmé à Tel-Aviv pour décimer la population de la Bande de Gaza et y implanter des colonies de peuplement juif. Et cela avec le soutien de la Maison Blanche qui ne cesse de proférer des menaces afin d’intimider les pays qui voudraient secourir des populations de Gaza.
Et nous pensons que le président Lula (Luiz Inácio Lula da Silva) du Brésil a raison de rappelé au monde que ce qui se passe présentement sur le territoire de la Palestine «n’est pas une guerre», mais «un génocide». «Il s’agit d’un bombardement délibéré d’une population piégée qui n’a nulle part où fuir. Gaza est une prison à ciel ouvert depuis près de deux décennies et est en train de devenir rapidement un charnier. 40 % des personnes tuées sont des enfants innocents. Des familles entières sont assassinées», a également dénoncé la star Angelina Jolie.
Et comme l’a si bien dit le jeune leader politique, Moussa Sey Diallo, «les souvenirs des pogroms et du nazisme auraient dû empêcher Israël d’aller au-delà de sa défense. La riposte actuelle semble ne plus être proportionnelle». Malheureusement, elle est encouragée par «le silence du monde, surtout de l’Occident» et c’est «un recul grave de l’humanisme, un oubli énorme des humains» !
Moussa Bolly