Disclaimer (clause de non-responsabilité) ! Le texte s’annonce virulent ! J’ai donc de la cola (amende entre cadets et aînés) pour ceux qui éventuellement en réclameraient. Aussi il s’annonce long, si vous n’avez pas de forfait…vous lirez plus tard Se taire ? Mais pourquoi donc ? Se taire ? Mais comment donc ? Quand on voit l’état dans lequel notre pays est, comparé à ce qu’il aurait pu être, à ce qu’il aurait dû être, à ce qu’il doit être.
Comment et pourquoi se taire, quand on a été une victime collatérale, parmi des millions d’autres et qu’on envisage pour ceux qui vont suivre, une qualité de vie que nous n’avons pas eue. Ça a commencé, pour ma génération, quand l’éducation a été réservée à «l’enfant du pauvre». L’Education ? Celle qui aurait dû être donnée à tous, celle qui pousse à travailler, celle qui pousse à la dignité, celle qui pousse à l’humilité, celle qui responsabilise de ses actes, celle qui rend sage quel que soit l’âge..
«L’enfant du pauvre» ? Celui qui doit se battre car ses parents n’ont rien… Tacitement, c’était sous-entendu que l’enfant n’appartenant pas à la catégorie pauvre avait des droits et devoirs différents. C’est par des piètres et tronquées «vérités» de cet acabit, toutes faites, débitées en mode je suis un expert, donc intouchable, que la moralité de la société a commencé à se putréfier, au point d’en arriver à ce que nous sommes. «Baba commandant» est parti, mais il a laissé pire.
Le colon a laissé une manière de penser et de «fonctionner», aux antipodes parfois de nos réalités et de notre culture, mais qui semblait attrayante car faisait miroiter, en mode miroir aux alouettes, une «qualité de vie» dont nous subissons les dégâts. Oui, avec le recul, je l’affirme. Une manière de penser et quelques personnes outillées pour la faire vivre. La future élite dont certains membres sont restés dignes, et attachés à certaines de nos valeurs, il faut reconnaître, mais très vite, ils se sont fait remplacer…par diverses méthodes ! Et à force, ça a fait tâche d’huile et la manière de fonctionner et de penser, même si déguisée, est une réalité.
Ne voyez-vous pas comment nos sociétés ont changé ? Comment nos rapports ont changé ? Comment nous sommes devenus, ce que nous étions fiers de ne pas être ? La lucidité montre que nous sommes devenus des gens qui trop souvent manquent de courage, des gens qui sont trop souvent sont hypocrites. Des gens conditionnés par le court terme qui est le lot des survivants et des miséreux ainsi que des nantis et qui peut pousser au pire. Pourvu qu’on se sente comète ou étoile filante durant quelques secondes.
Mais nous sommes surtout des gens conditionnés par le maintien dans l’ignorance et l’abrutissement. C’est devenu même volontaire. Nous préférons des solutions toutes faites, même si elles ne nous ressemblent pas, à des solutions qui sortiraient de nos tripes, de nos cerveaux… Oups, j’oubliais que nous oublions que nous en sommes dotés. Il est à noter que le cerveau est un organe extraordinaire qu’on ne doit pas confiner. C’est ainsi que le vice s’est installé pour ensuite se développer. Et nous voilà, aujourd’hui, avec un pays au bord de l’effondrement avec une population qui, de plus en plus, se décrit avec les points cardinaux (Nord, Centre, Sud…). Et cela en oubliant parfois la nation, la région ; en mettant de côté ce legs extraordinaire qu’est le «Sinankuya» (cousinage à plaisanterie)
Nous voilà aujourd’hui dans un pays où la méfiance règne et où on se méfie de la vérité quand on n’en n’a pas peur. Le seul courage étant celui de rester dans le mensonge supposé sécurisant… Nous voilà aujourd’hui, être prêts à nous étriper, nous vilipender les uns les autres pour des individus que nous auréolons de toutes les qualités et qui ne faillissent jamais à la technique de nous mettre dos à dos, pendant qu’eux profitent, disons s’enrichissent et s’enferment dans un nuage aux airs de nébuleuse.
Et en cas de pépin, une majorité d’entre eux serait évacuée vers leurs pays de cœurs pour échapper à nous les sauvages qu’ils ont pourtant créés car, ils sont eux aussi aux commandes, donc responsables. Nous voilà aujourd’hui incapables de réclamer une justice, celle dont le sens est inné, et qui se passerait de bla-blas sur des textes et lois avec ou sans esprits. La justice qui vient de la dignité. Avons-nous oublié de qui nous descendons ? Ou bien citer nos vaillants prédécesseurs, que si je qualifie d’ancêtres, certains vont être choqués, est comme du bruit sans sens mais rythmé.
Pour comprendre, faites chanter notre hymne national pour les enfants de l’école publique ? Faites le test et vous pourrez passer aux adultes aussi me souffle mon ancêtre. Vous obtiendrez du bruit sans sens, mais rythmé. Être qualifiés d’enfants de pauvres, ce n’est pas le problème. La pauvreté n’est un problème que chez ceux qui n’ont pas de cœur. Et ce manque de cœur a fait qu’ils y ont enfermé l’écrasante majorité en se prenant eux-mêmes pour les héritiers de Kankou Moussa.
On enferme dans la pauvreté oubliant les qualités, le parcours. Par exemples nos parents ont été qualifiés de pauvre et condamnés à la pauvreté. Eh oui, je suis une enfant de ministre pauvre. Il y a eu des enfants de présidents pauvres. Il y a eu des enfants de directeurs pauvres. Ah, je ne suis passée que récemment devant la maison de feu le Général Moussa Traoré. J’ai juste été interpellée par la barrière à l’entrée.
Personne n’a le monopole du patriotisme pour qu’on s’abrite derrière elle
Je me souviens être allée voir feue la veuve Modibo Kéita dans la grande famille à Oulofobougou. Mon Dieu ! Mais quelle force émanait d’elle ! Quelle vivacité ! Quelle dignité ! Voilà ce qui m’inspire plus qu’une impératrice et ses majordomes et gardes. Nos papas, ont été arrêtés arbitrairement ; ils n’ont jamais eu droit à un jugement et ils l’ont réclamé jusqu’à leur dernier souffle pour certains. Mais, en fait, la justice pour les pauvres qu’ils ont été n’est pas la même que celle pour les riches d’aujourd’hui qui n’ont qu’à aller au procès pour être blanchis.
Au lieu de ce faire, ils activent leurs réseaux d’individus qui vont nous bassiner avec la loi et son supposé esprit. Des gens qui leur sont redevables et qui vont tout faire pour détecter ce truc vicieux qu’est le «vice de procédure». Alors que le bon sens, nous montre que franchement, la gestion du pays, a été catastrophique. La misère, l’extrême misère, est le revers des fonctions, des postes, des attributions, des médailles et des marchés qu’ils se distribuent entre eux.
Ne me demandez pas de preuves, faites plutôt usage de bon sens et, si vous pouvez, faites dans vos têtes la paix avec la justice, celle dont le sens est inné. Faites aussi appel à votre religiosité, s’il le faut, et demandons nous tous comment un pays qui se clame si pieux et abrite tant de mosquées et d’églises, lieux de cultes de plus en plus luxueux, a pu tomber si bas ?
Comment un tel pays peut abriter tant de misère, de désespoir. Aussi, seule la réconciliation avec le discernement vous fera voir en certains «leaders» des «followers» (des suiveurs). Et peut-être que l’effroi de découvrir qu’on est des followers de followers va nous réconcilier avec la conscience qui est le seul leader valide. Une union de conscience ! Voilà ce qui pourra faire s’ébranler le système. Il faut aussi avoir la force qu’a l’enfant du pauvre qui est digne et a des valeurs qui ne peuvent se soumettre aux contre-valeurs véhiculées par ceux qui enferment dans une étiquette, dont la seule utilité est de servir le système.
Nous allons assister à des polémiques avec les «interpellations» par la justice en cours et à venir. On va assister à du déballage et, selon sa forme et son contenu, le conscient saura tirer les leçons. On va assister à de l’enfumage. Restons dignes et disons on s’en fout, que justice se fasse. Que ceux qui doivent être blanchis le soient et que ceux qui doivent être punis le soi.
Au lieu de chercher des «patriotes», derrière lesquels nous agglutiner et profiter du confort de la non-réflexion, soyons chacun patriote !
KKS
KKS, il vous aurais suffi de lire un roman malien, “Pagne de femme”, 2007.
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