Pour être franc avec vous, la rivalité sur fonds de violence verbale et d’obscénités entre les griottes/cantatrices n’est pas ma tasse de café. Et cela d’autant plus qu’elles ne font pas honneur à leur caste qui, jadis était le régulateur social de notre société. Aujourd’hui ces griottes sont les premières à piétiner ses précieuses valeurs.
Mais par le concours de circonstance (une belle-sœur qui en raffole sur Tik-Tok), j’ai pu écouter les échanges entre les partisanes de deux d’entre elles par réseaux sociaux interposés. Et je vous assure que ça volait très bas. Cela aurait été admirable et louable si tant d’ardeur et d’énergie étaient dépensées pour une noble cause comme défendre la patrie et soigner son image ?
Oui soigner l’image du pays et défendre la patrie. Si chacun de nous se considérait réellement comme des soldats en mission de protection de la nation et du développement du pays, je suis sûr que nous ne serions pas dans l’impasse actuelle avec la majorité des citoyens qui se cherchent entre l’obscurité imposée par EDM et la galère les empêchant de vivre décemment.
Au lieu de perdre tant d’énergie à se crêper le chignon pour souvent des cantatrices qui sont loin d’être des modèles à aduler, si les fans de nos starlettes extravagantes prenaient l’initiative d’organiser chaque dimanche ou une fois par mois des opérations de salubrité dans leurs quartiers, dans leurs communes, dans le district de Bamako ou dans les villes de résidence ? Cela contribuerait sans nul doute à préserver la santé de nos concitoyens, contre notamment le paludisme et la dengue dont l’épidémie devient de plus en plus inquiétante. Ceux-ci (fans) peuvent aussi s’organiser pour assainir le centre-ville (le Grand marché par exemple) en obligeant par exemple les commerçants et la mairie district à s’assumer aussi pour que le cœur de notre capitale cesse afin d’être un dépôt d’ordures à ciel ouvert.
J’en connais parmi les nouvelles coqueluches qui peuvent mobiliser une foule de fans insouciants prêts à les suivre même dans l’enfer. Il suffit qu’elles leur donnent rendez-vous pour assainir «Raildah» un samedi (le dimanche est sacré car jour de Sumu, donc des démonstrations ostentatoires, des défis et des provocations) pour que leurs fans s’y précipitent. Ne serait-ce que pour démontrer au camp adversaire que : «aw ka missin» (vous ne faîtes pas le poids). Et une telle mobilisation peut être organisée alternativement dans tous les quartiers de la capitale puis dans d’autres centres urbains, les capitales régionales pour des causes nobles en dehors de la salubrité.
Tout comme les frasques et les démonstrations ostentatoires de certains de nos milliardaires nous laissent de marbre. Mais, nous sommes convaincus que les millions dilapidés dans l’ostentation déguisée en générosité peuvent réellement contribuer à notre émergence socio-économique s’ils étaient investis dans les nombreux secteurs porteurs dont regorge notre pays. Cela permettrait ainsi de créer de la valeur ajoutée (transformation industrielle des produits) pour notre économie nationale, mais aussi et surtout de contribuer à la stabilisation de notre pays en créant des emplois. En effet, cela ne fait l’ombre d’aucun doute que l’oisiveté, le chômage… ont contribué à générer la situation actuelle en poussant les jeunes désoeuvrés vers les réseaux criminels.
Aliko Dangote (le richissime homme d’Affaires nigérian), Ibrahim Diawara (Opérateur économique/PDG -IBI Group SA)… Les exemples ne manquent pas au Mali et en Afrique pour guider nos rois sans soucis, la Jet-set bamakoise qui raffole des voitures luxueuses (qui ont même du mal à rouler sur nos routes dégradées), les Grobinew (gros bonnets), la belle vie ! Mais, ce qui a de l’importance à leurs yeux, c’est de faire le buzz avec des supposées humanitaires super médiatisées et d’être loués à longueur de journée par des cantatrices et des stars du hip-hop pour des faits d’arme qui n’en sont pas un. Comme s’ils fabriquaient eux-mêmes l’argent ou comme s’ils avaient des fétiches qui crachent des billets de banque à longueur de journée, ils agissent comme si leurs fortune était inépuisable au point de cracher sur des opportunités d’investissements judicieux.
Il est temps que les Maliens comprennent que ce n’est pas en suivant les amuseurs de galeries qu’ils vont réellement parvenir au changement qui est presque sur toutes les langues et certainement dans tous les cœurs. Il est temps de se mettre au travail (au lieu de perdre du temps et de l’énergie dans des futilités) s’ils veulent réellement l’avènement d’un autre Mali, du Mali Kura.
Moussa Bolly