Ligne de Force : Vote protestataire

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Saouti Labass Haidara, DirPub  L'Indépendant
Saouti Labass Haidara, DirPub L’Indépendant

En Afrique l’élection présidentielle mobilise l’électorat bien plus que les législatives. On en a eu une démonstration éclatante au Sénégal en 2012. Autant c’est une déferlante qui a porté Macky Sall sur le fauteuil présidentiel que Me Abdoulaye Wade a dû lui céder, autant les électeurs se sont faits rares lorsqu’il s’est agi de désigner les représentants du peuple à l’Assemblée nationale.

Les législatives d’hier au Mali ont constitué une illustration supplémentaire du peu d’intérêt que nourrissent les électeurs pour le choix des députés. Elles ont marqué un immense recul dans la mobilisation de l’électorat, comparées au formidable engouement observé lors du scrutin présidentiel des 28 juillet et 11 août 2013. Lequel s’est traduit par un raz de marée, voire un plébiscite en faveur du candidat IBK.

L’explication la plus couramment donnée à la désaffection des urnes par l’électorat africain aux législatives est qu’en Afrique, l’essentiel du pouvoir est détenu et exercé par le président de la République. Il est quasiment un monarque absolu puisqu’il décide de tout. Tout part de lui et tout revient à lui. Il est l’unique centre de décision, l’astre impérial autour duquel gravitent les autres composantes de la nation, tels des satellites.

Aussi, une fois le président élu, les électeurs considèrent que tout est fait. Ils attendent de lui maintenant qu’il règle tous les problèmes auxquels ils sont confrontés et pour la prise en charge desquels ils lui ont accordé leurs suffrages.

Elire un député ? Les électeurs en perçoivent mal la nécessité parce que peu ou pas du tout convaincus de l’utilité de la fonction. En très peu d’occasions, ils ont vu un projet de loi gouvernemental rejeté par l’Assemblée ou seulement modifié de façon substantielle. Les élus nationaux se gardent tout aussi d’initier et de voter des propositions de loi (une prérogative constitutionnelle) pour changer qualitativement la vie de leurs électeurs. En règle générale, ils se contentent d’entériner, souvent après des empoignades de pure façade – comme pour mieux tromper les citoyens – les desiderata du gouvernement.

En contrepartie de quoi ils empochent de confortables indemnités, s’adjugent des privilèges indus et mènent grand train, du moins comparativement à la majorité de leurs concitoyens dont ils sont censés défendre les intérêts.

Ajoutons-y qu’un nombre considérable d’élus ont été rattrapés, au cours des dernières législatures, par des scandales d’indélicatesses financières, d’extorsions de terres à de malheureux paysans voire d’assassinat. Toutes choses qui ont contribué à déprécier la fonction aux yeux des électeurs qui se sentent trahis, abusés et volés.

De ce contexte, les fameuses listes communes qui ont fait irruption, ces dernières années, dans l’univers électoral malien apparaissent comme un pis-aller. Quand le RPM, qui a porté IBK au pouvoir, s’allie avec l’URD de Soumaïla Cissé – qui a annoncé son ancrage dans l’opposition – pour faire élire le candidat de l’un ou l’autre parti à l’hémicycle, quel contre-pouvoir peut-on espérer voir naitre et s’affermir dans ce pays ? Déjà l’on évoque avec sérieux dans certains milieux l’hypothèse que Soumaïla Cissé pourrait être le futur président de l’Assemblée nationale. Il est clair comme une eau de roche que le but de ce type d’arrangement n’est ni plus ni moins que de permettre à quelques personnes de trouver leur place au banquet du pouvoir pour satisfaire des appétits gloutons.

Le peuple a compris ce jeu sordide depuis bien longtemps. Son refus de se rendre aux urnes peut et doit s’analyser comme un vote protestataire.

 
Saouti Labass Haïdara

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10 COMMENTAIRES

  1. Alla Hou Akbar. DIEU aime le Mali. La seule raison qui pousse les électeurs Maliens à bouder les urnes est que LES DEPUTES NE VONT A L’ASSAMBLEE UNIQUEMENT QUE POUR FAIRE LEURS POCHES. Les Maliens ne pouvant faire autre chose se retiennent pour ne pas cautionner cette malversation qui ne dit pas son nom. Imaginez un peu les indemnités, les primes et les avantages accordés aux députés; pour quelle fonction? Pour qu’ils soient acceptés il faudra voire leurs indemnités, primes et avantages à une baisse substantielle. Comme cela le peuple Malien saura qu’ils ne sont pas là bas uniquement pour l’argent. QUE DIEU SAUVE, PROTEGE ET GUIDE LE MALI DANS LE DROIT CHEMIN. AMEN.

  2. Mois je crois plutôt que le désaveux du scrutin légistatif par les maliens est essentiellement dû à la gestion de Kidal par le président. Il affiche un signe de ramolissement que de fermeté par rapport à ce sujet.

  3. Saouti, votre analyse est sans fioriture.Vous avez touché du doigt le problème qui mine notre démocratie. C’est ni plus ni moins qu’un partage de gâteau. Les maliens se sont, une fois encore, trompés en élisant IBK.

  4. De la démocratie au Mali deuxième partie: les législatives de 2013 test ou défi?

    Il n’est pas de notre habitude de donner des consignes de vote, ni de suivre les politiciens maliens.

    D’ailleurs ils sont presque tous les mêmes à quelques exceptions près et n’ont généralement pas de lignes politiques claires ni de visions différences les uns des autres.

    La politique “pour moi” ayant depuis longtemps supplanté la politique “pour le pays”.

    Pour les élections législatives du 24 novembre 2013, les alliances politiques contre nature sur toute l’étendue du territoire avec des candidats de tout bord politique qui s’alignent dans une ville et s’opposent dans l’autre, dans une symphonie inouïe, montre que nos politiciens sont dans une stratégie locale et individuelle de victoire électorale en dehors de toute considération nationale.

    L’Assemblée nationale est d’abord pour nos élus, un moyen de promotion personnelle avant d’être un instrument de l’ancrage démocratique au Mali.

    Ils y votent les lois à deux bras levés au ciel, pourvu que cela leur permette d’être élu au juteux bureau de l’assemblée nationale, qu’ils aient des macarons à faire afficher sur le pare-brise de leurs voitures aux documents douteux, qu’ils aient des entrées faciles à Koulouba, ou qu’ils aient un trafic mafieux d’influence dans leurs circonscriptions électorales.

    Aucune conviction, ni aucune rigueur n’est de mise quand il s’agit de discuter des projets de lois, d’interpeller les membres du gouvernement ou de faire des propositions de lois dans le seul sens de l’intérêt du Mali.

    Le processus d’élaboration de la loi, n’est pas vu par nos élus à Bagadadji comme un moyen de construction nationale, mais comme un agenda banal auquel on peut se soustraire sans grand danger pour soit et sa carrière politique.

    Voilà mes chers amis la réalité de l’assemblée nationale du Mali et les raisons de sa transformation en une vulgaire chambre d’enregistrement de la république quand bien même que notre constitution lui confère les droits et les responsabilités de premier plan dans l’équilibre des pouvoirs au Mali.

    Malgré la crise et malgré l’effondrement de l’État en 2012, aucune prise de conscience d’envergure, n’est perceptible au niveau des pratiques de l’assemblée nationale et de nos députés.

    Alors pour la campagne électorale 2013, le gratin des chercheurs à voter à deux bras reprend de plus belle la douce musique endormante d’un peuple fatigué, avec fils de président Karim Keïta et rebelles aux mains tachées du sang malien sur les listes RPM.

    Dimanche 24 novembre 2013, journée électorale à Bamako, IBK s’affiche fièrement avec madame, pour nous signifier en pleine figure, qu’il assume ses mauvais choix politiques basés sur l’impunité et le déni de justice au nom d’une paix tirée par les cheveux qu’il essaie de vendre à vil au peuple malien comme étant “le Mali d’abord”.

    Je prie chaque le bon Dieu pour que ça ne soit pas un RPM qui veut dire “Rest in Peace Mali” car même l’horizon dans l’arrière pays de négociations politiques à l’emporte pièce ne voit pas ce “Mali d’abord”.

    Mais comme une invective pour lui, le peuple malien abasourdi et désorienté, regarde les agissements du gouvernement Tatam 34 sur le domaine judiciaire avec des têtes à queue de son Ministre de la justice, Mohamed Ali Bathily.

    Et pour enfoncer le clou, les sorties hasardeuses du directeur de cabinet de la présidence IBK, voulant mettre au dessus de la constitution du Mali un document signé entre les membres de la junte de Kati et Djibril Bassolé, envoyé spécial du médiateur de la Cedeao, font flipper tout observateur politique averti.

    La justice est en passe de devenir un gros mot et les criminels des Saints Thomas d’un régime IBK qui vacille déjà à moins de 3 mois chronos sous le poids de ses propres contradictions.

    Désabusée, anxieuse et même vénère contre la matière politique en générale et l’étonnant immobilisme du nouveau régime IBK, une grande majorité des maliens se recroqueville sur elle même et boude les urnes du 24 novembre 2013 pour les législatives pourtant cruciales dans une démocratie qui se cherche depuis plus de 20 ans.

    Il y a donc un réel défi à relever au sein de cette future assemblée nationale pour rééquilibrer les pouvoirs au Mali.

    Il s’agit d’assurer enfin le rôle d’un réel pouvoir législatif au Mali et d’être un contrepouvoir contre la mauvaise politique et les errements des conseillers à compétence douteuse de l’exécutif malien.

    Checks and balances!

    C’est ce défi de bâtir une institution forte et crédible à Bagadadji à Bamako qui s’ajoute à celui du bon déroulement du scrutin commencé le 24 novembre 2013 comme ceux du 28 juillet et du 11 août 2013, pour marquer réellement le retour du Mali dans le cercle très fermé des vraies démocraties de l’Afrique.

    Mes chers amis, après ce qu’a vécu le peuple malien, il nous reste seulement le choix de la clarté et du langage de vérité pour nos affaires publiques.

    La stabilité politique du Mali, sa sécurité et sa prospérité dépendent en grande partie à la qualité des institutions de la république que nous mettrons en place.

    Après la faible affluence dans les bureaux de vote ce 24 novembre 2013, je vous exhorte donc à aller voter et surtout à bien voter au second tour dans les circonscriptions électorales où cela serait possible, pour doter le Mali d’une institution forte et crédible à Bagadadji.

    Yes we can!

  5. Dans ce pays les politiciens se moquent de la gueule des electeurs, cet article demontre clairement que le consensus politique d’ATT est de retour et ce n’est pas etonnant car les memes qui sont toujours la: IBK et Soumi, le peuple malien a rate le coup car il devrait pas se tromper en pensant qu’IBK n’est pas du “To Chilen” les memes qui ont serVi Aok et ATT et il va recolter les consequences.

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