Au lendemain du massacre de civils survenu à Conakry , le 28 septembre dernier, nous publiions un commentaire ainsi intitulé : "Moussa Dadis Camara doit tirer rapidement les leçons du lundi noir de Conakry " (L’Indépendant n°2300 du Jeudi 1er octobre 2009). Nous écrivions notamment ceci : " Le capitaine Moussa Dadis Camara qui, après seulement huit mois passés aux commandes, vient de précipiter son pays dans un effroyable bain de sang – il est question de 157 personnes froidement abattues par ses troupes mais le bilan définitif reste sans doute à dresser – pourrait ne pas connaitre la fin presque heureuse de ses prédécesseurs (les dictateurs Sékou Touré et Lassana Conté). En effet, à l’état actuel des choses, il est exposé à deux risques majeurs : un coup d’Etat perpétré par une partie de l’armée dont lui-même a reconnu, sur les antennes de RFI et d’autres media, qu’il ne la contrôle pas entièrement ou un assassinat ".
Depuis le 3 décembre, date à laquelle son aide de camp, le lieutenant Aboubacar Sidick dit Toumba Diakité lui a logé une balle dans le crâne, c’est l’hypothèse de l’assassinat qui est en bonne voie de prévaloir, à moins que, par miracle, il ne ressorte vivant de l’hôpital militaire de Rabat où il à été admis et soigné par la bonne grâce du roi Mohamed VI. Et même dans ce cas, son sort parait irrémédiablement scellé.
Le rapport des Nations unies sur les massacres et violences perpétrés dans la capitale guinéenne, rendu public le 21 décembre, donne un coup d’arrêt à l’aventurisme politique du jeune officier d’intendance. Il les qualifie de "crime contre l’humanité " et en impute la responsabilité directe à Moussa Dadis Camara. Avec un tel accablement moral, on ne voit pas comment le fameux comité national pour la démocratie et le développement (CNDD) qui a fait main basse sur la Guinée depuis décembre 2008, pourrait accepter le retour à sa direction de Moussa Dadis, à supposer qu’il soit un jour rétabli. Qui plus est faire de lui son candidat à une élection présidentielle. Ce serait maintenir la Guinée au ban de la communauté internationale et aggraver la misère de son peuple.
Le schéma le plus probable qui se dessine pour Moussa Dadis Camara et le meilleur pour son pays est sa future inculpation par la Cour pénale internationale (CPI) une juridiction créée par les Nations Unies elles-mêmes, pour connaitre des crimes contre l’humanité (cas applicable à Dadis et à ses acolytes) et des crimes de guerre. La Guinée débarrasée de ses assassins, violeurs et tortionnaires en treillis, seraient créées alors les conditions objectives pour l’instauration d’une démocratie véritable, gage de paix, de stabilité et de progrès économique.
Saouti Labass HAIDARA