Longtemps la presse et de larges secteurs de l’opinion nationale agités par elle ont supputé sur une possible candidature de Modibo Sidibé à l’élection présidentielle de fin avril 2012. La démission de l’intéressé de la fonction publique, effective depuis le 6 septembre dernier (L’Indépendant l’avait annoncée dans l’une de ses éditions antérieures) rend désormais probable cette candidature. Elle est, en effet, à mettre en relation avec cette disposition du Code électoral qui stipule que ”tout membre des forces armées et de sécurité, désireux d’être candidat à l’élection présidentielle, doit démissionner six mois avant la date prévue pour cette élection”.
La date officielle du dépôt des candidatures est encore loin devant nous, pareil au chasseur qui se garde de tout bruit-même de tousser-quand il est à l’affût de la proie, Modibo Sidibé reste imperturbablement silencieux. Mais ses amis, eux, s’activent sur le terrain avant même qu’il ne quittât la Primature en mars 2011. Des conciliabules dans une villa discrète de l’ACI 2000 aux lobbyings pour qu’il soit le porte-flambeau du PDES, de l’ADEMA-PASJ ou les deux à la fois, jusqu’à la création de nombreux clubs et associations de soutien qui regroupent, dit-on, à ce jour, des milliers de jeunes et de femmes de tous bords et de toutes conditions entièrement acquis à sa cause, les " amis " de Modibo Sidibé, qui se recrutent parmi les hauts cadres de l’administration et les responsables d’un grand nombre de partis politiques, ont quadrillé le Mali de Kayes à Mopti, voire au-delà. Le travail qu’ils ont abattu dans la mobilisation des Maliens autour d’une éventuelle candidature de Modibo Sidibé à la présidentielle de 2012, l’assurance qu’ils ont prise quant aux chances de succès de cette candidature n’ont pas peu pesé dans la décision de l’intéressé à écourter sa carrière dans la fonction publique pour être en phase avec la loi régissant l’élection présidentielle.
En attendant que le jour j arrive et que Modibo brise l’épais silence dans lequel il s’est emmuré depuis son départ de la tête du gouvernement qu’il aura conduit 3 ans et demi d’affilée pour annoncer publiquement et solennellement sa candidature à la succession d’ATT au palais de Koulouba, on peut s’exercer à évaluer ses chances de réussite. Celles-ci sont réelles à plus d’un égard.
D’abord la solide formation de Modibo Sidibé combinant le droit public, le droit pénal, la théorie politique, le droit des conflits armés, la formation policière et militaire. Toutes choses qui font qu’il se sent à l’aise aussi bien dans le civil que dans le militaire. Ce qui n’est pas sans intérêt au Mali où, malgré une réelle implantation de la démocratie au cours des 20 dernières années, l’armée continue à tenir une place majeure, notamment dans la stabilisation du pays, la sauvegarde de son intégrité territoriale et la sécurisation des populations, en particulier celles du nord en proie à la menace terroriste et à l’insécurité liée aux activités criminelles transfrontalières. Choses sans lesquelles la démocratie serait bien aléatoire.
Ensuite, Modibo Sidibé, de tous les candidats potentiels à l’élection présidentielle de 2012, est certainement celui qui possède la plus longue pratique des hautes sphères de l’administration d’État malienne. Au cours des 25 dernières années, il aura arpenté les couloirs de Cabinets ministériels stratégiques ( Défense et Sécurité) pour se hisser, à partir de mars 1991, au poste de Directeur de Cabinet du président du CTSP (1991-1992) puis de ministre de la Santé, de la Solidarité et des Personnes âgées (1992-1997) puis de ministre des Affaires Étrangères et des Maliens de l’extérieur (1997-2002) puis de Ministre Secrétaire Général de la présidence de la République (2002-2007) enfin de Premier ministre, Chef du gouvernement (septembre 2007- mars 2011). Nul autre Malien ne se prévaut d’un parcours aussi impressionnant, qui fait de lui l’un des hommes les mieux préparés et les mieux outillés pour prendre en main les destinées de la République.
Ces hautes charges occupées par Modibo l’ont conduit à des fonctions de représentation prestigieuses à l’échelle de la CEDEAO, de l’UEMOA, de l’OCI, de l’ONU dont il a eu à présider des séances du Conseil de Sécurité, qui fait figure d’exécutif mondial. Autant de facteurs qui ont contribué à le familiariser avec les grands dossiers de la sous-région ouest-africaine, de l’Afrique dans son ensemble, de la Oumah islamique et de la planète toute entière.
Les pires adversaires, voire ennemis de Modibo Sidibé ne doutent pas de sa capacité à gérer le Mali au mieux des intérêts de ses habitants et à le représenter convenablement devant les instances africaines et internationales.
Ajoutons-y que le bilan du président ATT, dont de nombreux compatriotes, à l’intérieur du pays comme dans la diaspora, s’accordent à dire qu’il est largement positif, eu égard à la modestie des moyens dont dispose le Mali et aux contraintes extérieures auxquelles il a dû faire face ( guerre civile en Côte d’ivoire, crise économique et financière mondiale) est aussi le bilan de son ancien Premier ministre qui a piloté le projet de développement économique et social dont il est l’émanation. Ni le PDES, ni l’ADEMA, ni aucune autre formation politique ne sauraient en revendiquer l’exclusivité comme on a eu tendance à le faire en ce début de campagne pré-électorale.
Reste à savoir si " l’enfant de Bolibana " – comme certains de ses proches ont commencé à le désigner en caressant une arrière-pensée électoraliste- saura se donner les ressources adéquates-humaines, politiques, matérielles, financières- pour tenir la dragée haute face à ses redoutables concurrents que seront le Pr. Dioncounda Traoré et l’infernale machine à gagner les élections qu’est l’ADEMA, Soumaïla Cissé et l’URD, IBK qui, à lui seul vaut tout un parti politique digne de ce nom. Sans compter une personnalité d’envergure mondiale comme le Dr. Cheikh Modibo Diarra, l’astrophysicien qui a envoyé Pathfinder sur Mars, Directeur général de Microsoft Afrique et, ce qui n’est pas peu, conseiller spécial du président gabonais Ali Bongo.
El Saouti Labass HAIDARA