Ligne de Force : La République mort-née de l’Azawad

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Décidément la ” République de l’Azawad ” n’aura duré que le temps de sa proclamation faite sur France 24. L’auteur de cette proclamation, un certain Moussa Ag Attaher, qui passe pour être le porte-parole du ” MNLA ” a-t-il refermé sa bouche qu’il n’aurait jamais dû ouvrir, qu’un immense tollé a fusé de par le monde pour désavouer, rejeter et condamner sans équivoque l’initiative. La CEDEAO avec ses quinze Etats membres, l’Union africaine avec ses cinquante deux Etats membres, l’Union européenne avec ses vingt sept Etats membres, la Russie, la Chine, jusques et y compris l’Algérie et la Mauritanie qui, pourtant, servent de base arrière aux bandits armés pour renouveler leurs forces et les jeter contre le Mali, ont parlé d’une seule et unique voix : l’intégrité territoriale du Mali ne peut être remise en cause.

De quoi enlever toute illusion aux anciens mercenaires de Kadhafi qui rêvent de se tailler une république de 800 000 km² – une fois et demie la France et la Belgique réunies, nous renseigne RFI – en profitant de la déliquescence de l’Etat malien, aggravée et accélérée par le coup d’Etat militaire du 21 mars 2012.

Pour les Etats du monde, l’intégrité territoriale du Mali ne peut être remise en cause pour une raison évidente : le Mali est un pays millénaire dont l’histoire  glorieuse est connue du monde entier. On n’y trouve guère la trace d’une formation étatique touareg, si embryonnaire soit-elle, au contraire des royaumes bambara, peulh, soninké, sénoufo, mandingue etc. Le ” MNLA “prétend que l’Azawad est le berceau naturel des Touareg”. C’est totalement faux. Pour ne pas remonter trop loin le cours de l’histoire, “le berceau naturel des Touareg ” est l’Algérie, de façon générale les côtes méditerranéennes de l’Afrique, qu’ils ont abandonnées sous la poussée des Arabes et de l’islamisation pour se réfugier au sud du Sahara, principalement au Mali et au Niger.

C’est là un point de l’histoire qui ne saurait être contesté.

Il s’y ajoute que de son accession à l’indépendance en 1960 à ce jour, la République du Mali n’a jamais exercé une politique discriminatoire ou oppressive à l’égard de la minorité touareg. Au contraire, tout a été fait pour que les Touareg, principalement ceux de la région de Kidal qui sont les seuls à prendre les armes contre la République, se sentent aussi Maliens que les autres. Voire un peu plus Maliens que les autres eu égard aux efforts exceptionnels faits à leur endroit dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’accès à l’eau potable, à un environnement sain, à l’emploi des jeunes, aux activités génératrices de revenus etc.

Davantage que les 1ère et 2ème Républiques (1960-1991) qui n’avaient pas les moyens de leur ambition, la 3ème République a entrepris d’opérer des investissements massifs pour impulser le développement local et améliorer sans cesse le quotidien des populations touareg.

Ce sont là, également, des faits connus et vérifiables, qui expliquent le refus de la communauté internationale de cautionner la partition du Mali en deux Etats distincts comme les deux Corées par exemple. D’autres raisons éclairent cette attitude : le ” MNLA ” est un groupe constitué de quelques centaines d’hommes (à peine un petit millier, selon Alain Juppé) principalement des Touareg qui représentent, dans la meilleure des hypothèses, autour de dix pour cent des trois millions de personnes qui peuplent les trois régions administratives du Nord Mali : Gao, Tombouctou, Kidal. Ce groupe ne peut, en aucun cas, être représentatif de l’ensemble de l’Azawad et revendiquer son indépendance sans avoir reçu mandat pour le faire.

Les preuves que le ” MNLA ” n’a pas qualité pour proclamer l’indépendance de l’Azawad n’ont, au demeurant, pas tardé. Dans un entretien sur RFI, le chef des communautés arabes de Tombouctou, El Omrani, a clairement déclaré que ces communautés ne se sentent ni de  près ni de loin concernées par cette proclamation et qu'”elles restent fidèles et loyales à l’Etat malien auquel elles sont attachées depuis des siècles “.

Par ailleurs, des milliers de ressortissants du nord Mali, composés des Sonraïs (ethnie majoritaire) des Peulhs, des Arabes, des Bambaras, des Touaregs se sont réunis à Bamako pour dénoncer en termes vifs la proclamation de ” l’indépendance ” de l’Azawad, réaffirmer leur appartenance au Mali ” un et indivisible ” et même réclamer des armes et des munitions pour aller ” combattre les occupants de la terre de leurs ancêtres “.

Sur le terrain même, outre que le ” MLNA ” a considérablement perdu pied face au groupe Ançar Dine de Iyad Ag Ghali, aux terroristes d’AQMI et au Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) dont on dit qu’il est composé de mercenaires issus du polisario et de plusieurs Etats d’Afrique subsaharienne notamment le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Niger, la Mauritanie, le Nigéria et le Bénin, «l’indépendance de l’Azawad est vécue comme une tragédie pour les populations». Celles-ci manquent de nourriture, d’eau, d’électricité, de soins de santé, de tout ce qui meuble habituellement leur ordinaire. Gao et Tombouctou sont traditionnellement approvisionnées par les villes du centre et du sud du Mali. Ces approvisionnements sont arrêtés depuis que ces deux agglomérations sont tombées aux mains des bandits armés, des salafistes algériens, des voyous du MUJAO qui violent et mutilent les jeunes filles peulhs et sonraïs.

Des milliers de suppliciés de la famine et des exactions physiques tentent ainsi de fuir ces villes martyres pour rejoindre le sud (Sikasso, Ségou, Bamako) ou les pays limitrophes (Burkina Faso, Niger, Mauritanie) dans l’espoir de sauver leur vie ou de bénéficier de quelque assistance. Privée d’activité économique (les banques et les commerce ont été pillés) des services sociaux de base, de l’administration (les fonctionnaires ont vidé les lieux avant leur occupation) de sécurité (les militaires ont préféré la désertion au combat) les fières citées de Tombouctou et de Gao ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes.

” Vivement que la stabilité politique soit rétablie à Bamako, que l’armée dispose des équipements adéquats et surtout de soldats courageux et prêts à mourir pour la patriepour venir nous sortir de cet enfer “.

C’est le chant d’espoir qu’entonnent les populations de Gao, de Tombouctou et  d’autres localités du nord en ces heures sombres de l’Azawad “indépendant “.

     Saouti Labass HAIDARA

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4 COMMENTAIRES

  1. Wow, I’m shocked but at the same time this, was predictable because Mali shares the Sahara desert with the Maghreb therefore after the revolution in the Maghreb area commonly called the Arab Spring, a lot of weapons where spread around the Sahara desert. Unfortunately stable countries are usually victims of radical anythings, if you know what I mean.

    Anybody who knows the West African history and culture will understand that “the implementation of sharia law” a ridiculous assertion. Malian people strongly reject the idea of anything that would divide their country such as “sharia law”. Malian people are very independent and dedicated to fighting for human right and human dignity: they love life, music, art, poetry and therefore “sharia law” does not belong to Malian society and it has no place in the Malian way of life. It’s a big distraction intended to create more chaos around the West African region so some armed groups can benefit.

    Here is what’s up. Some groups are taking advantage to make turmoil amidst the hunt for democracy and the pursuit of happiness in the Maghreb area following the Arab Spring by developing a platform of war, a money making machine for personal benefit. And if the international organizations did not watch closely guess what is going to happen – more innocent poor people will just die for no reason. And the sad part is these innocent poor people have nothing to do with politics or politicians what so ever.

    People shouldn’t forget this: Mali was the first country in West Africa in 1991 to stand up against dictatorship and to overthrow it by using the technique of non-violence. Since then Mali has lead the light of democracy in West Africa. The Malian technique to democracy was unique, well organized and coordinated and never seen in modern African political history. I believe the international community should recognize the Malian people’s courage and dedication to preserve what many countries failed to accomplish. Alassane Ouattara the president of BCEAO and the international community at large should make sure to protect young and stable democratic nations in West Africa.

    I believe Alassane is the best diplomat to drive this project because he truly believe in diplomacy; moreover he’s well known in international scene for his hard work and have a successful track record of achievement. Alassane transformed Ivory Coast from war field to happy home. Today businesses are flourishing in Ivory Coast. He had a clear vision for Ivorian and the future of Ivory Coast. He’s detail-oriented and truly works by the calendar. His agenda is working and the beautiful life is back in Abidjan. These guys can manage a robust organization with the support of international community to save and secure the infant democracy in the West side of Africa.

    Here is the trick: In the 21st century Africans youth are for democracy, better governance and open debate. Who has better agenda for country future? How one will pay for renewable energy projects, technology and heavy agro-pastoral projects because Africa is the only continent that can’t not feed himself. The 21st century African youths are eager to find a leader who has a solid details proposal skills and proven track record to sell to voters.

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