Ligne de force : Accord d’Alger Le plus dur attendu après le 20 juin 2015

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Saouti Haidara, Dirpub “L’Independant”

L’annonce par les narco-séparatistes kidalois de leur décision de signer l’accord de paix et de réconciliation au Mali, le 20 juin prochain, a été accueillie chez nos concitoyens avec un sentiment mitigé. Ceux-ci désirent ardemment que cet acte, qu’ils ont espéré de tout leur cœur, appelé de tous leurs vœux, recherché de toute leur force, soit posé et, par voie de conséquence, le Mali délivré pour toujours d’une rébellion cyclique qui a trop longtemps obéré ses efforts de développement. Mais les animateurs de cette rébellion mue davantage par des préoccupations relevant de la plus grave criminalité que par un idéal politique les ont tellement habitués aux volte-face spectaculaires, aux reniements sans état d’âme de la parole donnée et des engagements souscrits, qu’ils se gardent de tout enthousiasme excessif jusqu’à l’effectivité de la signature annoncée.

En outre – il n’est pas vain de le répéter – c’est une chose de signer un accord, une autre de l’appliquer. Interviewé sur le sujet par une chaine internationale, un ressortissant de Kidal s’est montré franchement pessimiste : ” Le Mali n’a pas les moyens de  mettre en œuvre cet accord “.

Pour sa part, le patron de la MINUSMA, Mongi Hamdi, a déclaré qu’après la signature du document par la CMA, ” la phase la plus difficile, celle de sa mise en œuvre, va s’ouvrir “.

On ne peut que lui donner raison.

En effet, outre le manque total de fiabilité des narco-séparatistes kidalois, leur versatilité extrême, le très peu de cas qu’ils font d’une entente à caractère juridique qui n’a pas plus d’importance à leurs yeux qu’un “chiffon de papier ” (les accords précédents tombés en désuétude à peine conclus l’ont prouvé) le texte issu d’Alger en soi-même est très problématique.

Pour prendre un raccourci, il ambitionne de transformer les régions arides et arriérés du septentrion malien en ” zones de prospérité économique ” à l’instar de ce que l’on voit en Chine, d’ériger une société de démocratie avancée dans un milieu à dominante féodale où l’appartenance à l’ethnie, à la tribu, à la fraction prime de loin sur la citoyenneté encore en état de balbutiement.

S’y ajoute que cet accord n’a pas résolu cette question cruciale : comment garantir la sécurité sur l’ensemble du territoire malien quand l’armée n’est représentée que symboliquement dans les régions du nord où les groupes terroristes, d’extraction algérienne ou autre, forts de solides complicités parmi les dirigeants de la rébellion, peuvent frapper à tout moment des objectifs militaires, voire des populations civiles, dans des localités situées au centre et même au sud, comme il nous a été donné de le constater au cours des dernières semaines?

Mais le plus difficile et, en même temps, le plus urgent après la signature du 20 juin, sera de cantonner et de désarmer les bandes rebelles puis, sans perdre plus de temps, de dissoudre tous les groupes armés qui devront, pour ceux d’entre eux qui le souhaitent, se métamorphoser en partis politiques pour préparer les élections devant conduire à la mise en place des assemblées régionales et exécutifs régionaux. Pour traduire dans les faits l’architecture institutionnelle prévue par l’accord censée porter le projet-clé de ” la libre administration des collectivités par elles-mêmes “.

A l’évidence la très forte implication de la communauté internationale, partie prenante de l’accord, est la condition sine qua non pour que sa mise en oeuvre puisse s’opérer avec quelque chance de succès.

Saouti HAIDARA

 

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