Il est fort possible que le 22 septembre 2012 trouve ATT dans son Soudbaba natal de Mopti totalement reconverti en fermier, comme lui-même aime à le dire, au milieu de son champ de riz, de son verger et de ses étangs piscicoles. A l’image de l’ancien président nigérian Olesegun Obasanjo avec qui, au demeurant, il partage une étrange similitude de destin. Au moment donc où l’homme du 26 mars s’apprête à tirer sa révérence à la scène politique malienne, il est encore trop de faire un bilan définitif et exhaustif de ses deux mandats. Cependant, à la veille du cinquante unième anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale, le Mali projette, si l’on excepte le monstre assoupi de l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne, l’image d’un havre de paix dans une sous-région instable et un monde en proie à toutes sortes de crises : insurrections populaires, guerres, crises financière et économique, terrorisme…
Au plan économique, le cycle des inaugurations-poses de premières pierres continue de plus belle avec à la clé d’imposantes infrastructures socio-économiques à l’image de, pour citer que les plus récentes, l’aéroport international de Kayes Dag-Dag, le seuil de Djenné, l’hôpital du Mali, les logements sociaux pour les hommes en uniforme, le troisième pont et le centre commercial de Bamako. Des infrastructures qui auront, à terme, un impact considérable sur le développement du pays et seront une source de fierté et de mieux-être pour les Maliens. Ces actions se sont réalisées, il est important de le signaler, sur un fond de paix sociale que beaucoup de pays nous envient, cela malgré la cherté de la vie. Un acquis susceptible d’être, cependant, compromis si jamais le gouvernement prenait pour argent comptant le conseil du FMI qui, dans les conclusions de sa dernière mission, a demandé à notre pays de revoir sa politique de subventions dans les domaines des hydrocarbures et de l’électricité qui auraient fait perdre à l’Etat des recettes de l’ordre de 50 milliards de FCFA sur trois ans. Des recettes qui, selon l’institution de Bretton Woods, auraient pu servir à construire des écoles et des centres de santé. Une argumentation qui paraît, a priori, séduisante. Mais à y regarder de près, une telle mesure est hautement dangereuse car elle consisterait à créer des problèmes en essayant de résoudre d’autres ou combler un trou en creusant un autre. En clair, elle créerait des incendies sur le front social, car n’oublions pas que, malgré les augmentations successives, les salaires des travailleurs maliens restent parmi les plus bas de la sous-région.
Un abandon des subventions, voire leur simple diminution, se traduirait par une hausse des prix des hydrocarbures et de l’électricité qui pourrait, à son tour, entrainer une flambée généralisée de tous les autres prix vu le caractère stratégique des carburants. Un scénario-catastrophe qui finira par laminer ce qui reste encore du pouvoir d’achat des Maliens. Quant à une éventuelle augmentation des tarifs d’électricité, elle signifierait une baisse de compétitivité pour les entreprises, car ils sont nombreux les opérateurs économiques qui estiment que les tarifs actuels d’électricité sont trop élevés pour que leurs entreprises soient viables. En somme, à travers une telle proposition le FMI prête le flanc à ses détracteurs que sont les altermondialistes. Donc, le président de la République, s’il accède au chant de sirène de l’institution de Bretton Woods, risque de créer une situation préjudiciable à la poursuite de ses actions de développement au cas où il ne refilerait une patate chaude à son futur successeur. Bref, le général ATT, qui a gagné beaucoup de combats sur le front du développement, a une dernière bataille à livrer, la plus importante de toutes : réussir la présidentielle de 2012. Déterminante, cette bataille l’est parce que d’elle dépendra la stabilité du Mali et la préservation de tous les acquis que le général a capitalisés pendant la décennie qu’il aura passée au pouvoir.
Pour relever le défi, il aura besoin de toutes ses ressources intellectuelles et morales, de toute son énergie, de toutes ses expériences acquises dans l’art de la stratégie militaire dont découle la stratégie politique. Il s’agit d’organiser des élections transparentes, crédibles et dont les irrégularités seront réduites à leur simple expression, car il n’y a pas d’élections dénuées, à cent pour cent, d’irrégularités. Pour ce faire, il doit se poser en arbitre impartial, à équidistance de tous les candidats. Il doit être prêt, à tout moment, à retrousser les manches pour aller au charbon, s’il le faut ; être prêt à déployer un trésor de patience et de diplomatie pour arrondir les angles entre les différents protagonistes. Et résoudre les problèmes au fur et à meure qu’ils surgissent. Pour ce faire, il doit se sentir personnellement concerné et ne pas se dire : " après moi le déluge ". En vrai commando-parachutiste, comme il aime à le rappeler, il s’agira pour ATT de faire vite et bien. In fine, de la réussite ou de l’échec du scrutin dépendront l’avenir immédiat du Mali et la façon dont l’enfant du Soudbaba entrera dans l’histoire. Bon anniversaire, chers compatriotes !
Yaya SIDIBE