Cette année, le classement concerne 180 pays contre 179 dans l’édition précédente. Pour la quatrième fois consécutive, la Finlande reste le meilleur élève en occupant la première place. Pour reprendre l’expression des rédacteurs du rapport de RSF, « elle est talonnée, comme dans la dernière édition, par les Pays Bas et la Norvège. » Par contre, des pays comme le Turkménistan, la Corée du Nord et l’Érythrée, «continuent de représenter des trous noirs de l’information et de véritables enfers pour les journalistes ». Au total, 71 journalistes ont été tués dans le monde en 2013, 16 en 2014. « Les pays qui se prévalent de l’État de droit ne donnent pas l’exemple, loin de là », nous apprend le document de RSF, qui cite les Etats-Unis d’Amérique qui perdent 13 places. « La condamnation du soldat Bradley Manning ou la traque de l’analyste de la NSA, Edward Snowden, sont autant d’avertissements à ceux qui oseraient livrer des informations dites sensibles, mais d’intérêt public avéré, à la connaissance du plus grand nombre », ajoute le rapport de RSF. Comme quoi, l’information et surtout son contrôle constituent dans les tous les pays riches ou pauvres des enjeux stratégiques.
En Afrique, l’exercice de la liberté de l’information devient encore plus difficile dans un contexte marqué essentiellement de précarité et de fragilité. Cette situation ne s’arrange pas avec la conception que la plupart des dirigeants africains ont du rôle de la presse dans la consolidation de la démocratie.
Le Mali perd 23 points et occupe la 122ème place du classement. Depuis le coup de force militaire du 22 mars 2012, le monde de la presse a subi un cycle infernal de violence avec des enlèvements, des agressions, des interpellations de journalistes. Le point le plus noir de ce cycle infernal a été l’assassinat odieux, le 2 novembre 2013 à Kidal, de nos deux confrères de Rfi, Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Personne ne sait exactement où nous en sommes avec les enquêtes relatives à cet acte odieux ou d’autres actes crapuleux comme les enlèvements, puis les agressions des journalistes Saouti Labass Haïdara et de Kéïta Abderhamane.
Outre cette parenthèse noire, les agressions physiques contre les hommes de médias avaient tendance à diminuer au Mali. Par contre, il faut déplorer depuis quelques années les menaces, les intimidations, les chantages financiers dont de nombreux organes sont victimes pour avoir délibérément choisi une ligne éditoriale qui ne va pas toujours dans le sens de ceux qui sont aux commandes. Votre serviteur sait de quoi il parle puisqu’il en a longtemps fait les frais.
En toute illégalité, les hommes de médias sont mis sur écoute par les services de renseignement alors que ceux ou celles qui sont censés être une menace pour la sécurité nationale bénéficient d’un traitement privilégié. Le plus regrettable dans toute cette situation demeure les violations graves des règles de confraternité. Elles se sont multipliées ces derniers temps. Sans doute, elles contribueront à ternir l’image peu reluisante d’une presse qui est en manque de crédibilité. Il revient aux hommes de médias d’imposer cette crédibilité à travers leur professionnalisme dont le socle doit être le respect strict des règles d’éthique et de déontologie.
Comme l’a dit le ministre de l’Economie numérique, de l’information et de la communication, Mahamadou Camara, la Presse peut critiquer sans insulter, diffamer ou salir l’honneur des gens.
Par Chiaka Doumbia