Lettre à mon oncle Bass : Cher oncle,

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Nangadef ?
En tout cas, tout va bien ici dans la famille à Fantambougou, puisque, tout le monde conserve (pour le moment)  sa carcasse.

Et Grand-mère commence même à prendre du poids, après la diarrhée qu’elle a contractée pour avoir mangé des tripes de chèvre décomposées.

Cependant, ne te fais point d’illusions !
La grave situation de « fatigue » générale dans le Mali d’en bas, demeure, sinon s’empire de jour en jour.

Mais, toi-même tu sais cher oncle, nous les piétinés, les Maliens d’en dessous n’avons jamais connu autre chose que les lendemains incertains, le désespoir, la faim, la soif, la maladie et l’injustice.

Contrairement à cette minorité insolemment nantie, et qui, après avoir emprunté l’ascenseur social pour se retrouver "en haut", nous bloque même les escaliers. Conséquence de cette situation, nous les en bas, l’écrasante majorité des Maliens continuons à vivre dans des poulaillers, à mourir de faim, de soif et de maladies.

C’est te dire que, tout ce qui nous arrive, est le fait de ces hommes démoniaques, ces vampires bipèdes, ces vautours, crocodiles et moutons de la République qui s’abreuvent de notre sang et, se baignent dans notre sueur.

Walahi, Bilahi, je jure, si par chance, ces gens-là, arrivaient à échapper au tribunal historique de la honte, ils trouveront là-bas, à la « Cour d’Assises de Lahara », les implacables pilons et mortiers qui serviront à les moudre comme du petit mil.

En attendant, cher oncle, je te demande de m’autoriser à vendre ton petit champ de Dèssèbougou. Cela, afin que je puisse aller quelque part, m’embarquer à bord de ces pirogues qui regagnent clandestinement l’Europe.

Je sais tonton, que l’entreprise est extrêmement difficile et surtout suicidaire, mais, toi-même tu sais, ce sont les vivants qui doivent redouter la mort.

Or, dans mon cas, avec les poches trouées, le ventre vide, sans emploi, marié de force avec la misère, je suis, depuis fort longtemps mort.

Certes, je conserve encore ma pauvre carcasse, mais, cela n’est pas synonyme de vie. Alors cher oncle Bass, donne-moi la possibilité de vivre, ou celle de me faire… euthanasier.
Sur un tout autre plan, je t’informe que les travaux de la 1ère session de la Cour d’Assises à Bamako ont débuté lundi dernier avec au menu, 152 accusés pour 62 dossiers inscrits au rôle.
Les 62 affaires concernent entre autres, des cas de pédophilie, de viols, d’associations de malfaiteurs, d’assassinats, de faux et usage de faux.

Ha ! Sûr tonton que tu espères que mon cousin Karim, (accusé de faux et usage de faux) cette fois-ci, sera libéré.

Allah Akbar ! Ne te fait point d’illusions !
Dans ce pays là, il n’y a de justice que pour ceux dont les poches sont remplies.
Et les lois, mon pauvre Bass, nous savons au Mali, ce qu’elles valent et ce qu’elles sont : toiles d’araignées pour les riches et les puissants, chaînes qu’aucun acier ne peut rompre pour les petits et les faibles. Walahi, bilahi, je jure !

D’ailleurs, tu verras bien qu’elle s’en sortira très rapidement, la directrice de la pouponnière de Bamako qui a été déférée à la prison de Bollé la semaine dernière.

Cette dame en effet, est accusée de négligence dans la mort de 33 enfants de la pouponnière, de trafic d’enfants et de faux et usage de faux.

Malgré ces gravissimes accusations, (et même si celles-ci étaient prouvées), le séjour de Madame la directrice à Bollé sera de courte durée.

Je le dis pian ! Parce que, c’est ça qui est ça !
Enfin cher tonton, je t’invite à présent à prendre place sur les berges du marigot politique  malien.

Ici, comme je te l’ai dit il y a quelques jours, tout le monde s’est réveillé.
Même les morts.

Mais, de ces derniers, je ne vais pas t’entretenir cette fois.
Des autres, je dois te dire que l’adage est bien vrai qui nous dit que : "au royaume des aveugles, les borgnes sont rois".

Cela vaut bien pour ton Adema dont le leader "charismatique" n’est autre aujourd’hui (Allah Akbar !) que "Calamité Dioncounda".

En effet, l’ex surveillant de l’Ecole Nationale des Ingénieurs semble avoir totalement pris les contrôles de son parti. Et, à sa solde, il est entrain de mettre nombre de ses camarades à l’ordre.
C’est le cas du bouillant Pr Aly Nouhoum Diallo qui est allé jusqu’à lui demander publiquement, d’être candidat de ton parti aux élections présidentielles de 2012.

Allah Akbar !
L’intelligent homme politique, le brillant professeur Diallo serait-il désormais à la merci de l’âge ?
Dommage, si c’est le cas.

Toujours dans la marre aux diables, il y a aussi, le Champion National de course de fond, Me Tall, qui a donné de la voix il y a quelques jours, à l’occasion du 5ème congrès de son "Soleil Levant".
Lui aussi semble avoir perdu beaucoup en lucidité, s’il faut lui accorder le fait qu’il en avait. Mais, j’en doute.

Eh oui, j’en doute. Je le dis pian !
Parce que, l’homme qui avait effectué (et gagné) un marathon de plus du millier de kilomètre en janvier 1991, informait en exclusivité l’assistance (lors du 5ème congrès de son parti) qu’il avait gagné les élections présidentielles de 1992.
Je sais tonton que tu en as pour toute une journée de rires.
Alors, à lundi prochain Inchallah !
Par petit Ablo ! 

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