Lettre à mon oncle Bass

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Bonjour ! J’ai reçu ta dernière lettre, lu et compris à fond son contenu. Walahi, Bilahi, je jure, je prie Dieu qu’il t’accorde une très longue vie (à moi aussi bien sûr), afin que tu puisses, depuis Dakar, continuer à sécher les larmes des membres de la famille ici, à Fantabougou-Bamako. Mais, je suis désolé, de devoir encore une fois, te parler de cet éternel problème de graille qui tenaille aussi bien la troupe familiale que l’ensemble des Maliens d’en bas.

 

Oui, tonton Bass, je reviens avec le même leitmotiv : “le pays va mal… de mal en mal”. Mais, avant de t’en donner les détails, je dois te dire que les 48 bouches de la troupe familiale sont au grand complet, et plus voraces que jamais.

 

Grand-mère est également là, vivante. Même si, tu la reconnaîtras difficilement, car, de blancs à jaunes, ses cheveux ont fini par tout simplement disparaître. Oui tonton Bass, grand mère est désormais chauve comme un oisillon.

 

La misère tonton, est la pire des maladies. Elle humilie publiquement et tue lentement, mais sûrement. Comment lui échapper ?

Au Mali, il n’y a désormais plus d’issues. Et pour cause, la bouffe coûte trop cher. Walahi, je jure, il avait bien raison cet ancien président de la République que nous disait que chacun doit désormais, solliciter l’aide de sa mère.

Mais, que peut une mère (encore qu’il faut en avoir), lorsqu’elle même, n’a rien ?

Qui n’a rien, n’a nul partage à faire. Walahi, Bilahi, je jure !

Revenant à la bouffe, j’ai le désagréable honneur tonton Bass, de t’informer que, de nos jours au Mali, le kg de viande de mouton coûte 2750 Fcfa, celui du bœuf 2200 Fcfa, du poison 3000 Fcfa, le kg de riz 400 Fcfa et la tendance est la même pour tout le reste… Allah Akbar !

 

“Où va le Mali ?” La réponse est évidente : le Mali va à la dérive. Je le dis pian !

Et, je ne vais pas m’attarder sur ce point car, seuls ceux qui ont un présent se préoccupent du futur.  Or, nous les Maliens d’en bas, l’écrasante majorité de ce pays ne faisons point partie de ce lot. Les jours, les semaines, les mois et les années, depuis toujours ne sont régis que par la misère, l’incertitude du lendemain et le désespoir.

Et, sans être apatride (je ne le serai jamais) je te dis mon pauvre Bass, que le bateau Mali tangue toujours.

Prophète de malheur ? Oiseau de mauvais augure ? Non, tonton, je ne serai jamais ça… Malgré tout.

Autre événement dans ce cher Mali, c’est la célébration par le Mali d’en Haut du 23e anniversaire de la Révolution de mars 1991. A l’occasion, le président de la République, en larmes, a procédé au dépôt d’une gerbe de fleurs au monument des martyrs. Mais, avant, à l’occasion d’un discours adressé à la Nation, IBK a promis et juré que l’idéal du 26 mars l’accompagnera tout le long de son mandat. Il a aussi invité les mouvements armés du nord à accepter le dialogue. Allah Akbar !

 

Il n’y a plus sourd que celui qui ne veut pas entendre dit-on.

 

Walahi, Bilahi, je jure, le seul dialogue à accorder désormais à ces gens, c’est de les “égorger tous par le bas”, même si, déjà ils sont passés par l’épreuve des “bilakoro”.

Les Maliens ont droit à la sécurité et nos “en haut d’en haut”, ont le devoir de leur assurer ce “Droit”.

Enfin, pour terminer cette lettre, je te signale tonton que dans tous les Fantambougou du Mali, c’est l’inquiétude générale. Et pour cause. En République voisine de la Guinée, une maladie pire que le Sida y fait actuellement des ravages. Il s’agit de la fièvre Ebola dont seul le nom est connu de la médecine. Il n’y a pour cette maladie, ni de remède, ni de vaccin. Or, dit-on, Ebola se transmet à l’homme à travers la consommation d’animaux sauvages comme les rats, singes et autres ou d’homme (contamine) à homme.

 

Et, c’est là le problème, car dans les Fantambougou au Mali, nous les gens d’en bas sommes tous des mangeurs de rats et autres bêtes sauvages qui font justement la navette entre notre pays et la Sierra Léone, le Libéria et la Guinée où la fièvre Ebola a déjà expédié des personnes à Lahara.

 

Que Dieu protège donc non seulement les “certaines choses” des nageurs que nous sommes, mais surtout, qu’il les protège totalement. 

A lundi prochain Inchallah !

Par ton petit Ablo !     

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2 COMMENTAIRES

  1. Merci petit Ablo!Tu as oublié une chose: la chasse à l’homme que font certains journaux de la place à Mariko actuellement!Alors que lui Dr Mariko en plus d’être un politique de CONVICTION et un ex-membre du CTSP fut aussi l’un des rares députés de l’ancienne législature à être “reconduits” à Bagadadji.Tout cela n’est pas petit. 😉

  2. Rien que la vérité avec une bonne dose d’humour. Tonton Bass, le neveu à raison; le pays va mal avec ses hommes d’en haut. Que Dieu nous protège.

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