Que de tragédies connaît, depuis les « indépendances », ce continent tant convoité, malheureusement devenu la chasse gardée des puissances coloniales, provoquant des guerres civiles sans fin. Sous cet angle l’Afrique ne semble pas encore amorcé le départ. Elle végète dans ses contradictions, ses conflits internes et…
La dictature de la communauté internationale fait le reste. Chaque fois, des centaines de morts ponctuent les interventions militaires répétitives et compliquent davantage les conflits. Les Africains commencent ainsi à déduire que tous les ingrédients sont réunis pour un retour à la colonisation. Cela, compte tenu du contexte actuel de dérèglement des relations internationales pourrissant, pointé par l’absence d’un contre-pouvoir à une communauté internationale incarnée par « l’Occident ». Cette démocratie tant applaudie est ainsi menacée par les exhalaisons fascistes. La loi de la jungle en cours présentement exclut toute attitude démocratique, et légitime tous les excès. De manière ostentatoire l’épisode libyen étale la fragilité des pratiques démocratiques de l’Afrique noire. Une goutte d’eau dans la mer, quand on sait que les cris d’alarme de l’instance suprême des pays démocratisés d’Afrique résonnent dans l’oreille des occidentaux comme un chant d’oiseau.
En effet, la responsabilité de cette tragédie décennale incombe sans ambages, à nos dirigeants qui doivent brandir l’ambition de ce pitoyable continent. L’indépendance qui devait être le point de départ d’une Afrique qui a vécu l’esclavage et la colonisation a tourné au désarroi.
En clair, les dirigeants africains doivent arrêter de prêter des serments, ce ne sont que des formalités pour tromper les peuples. Ce sont les pays impérialistes qui continuent à imposer leurs leaders. Ces systèmes de gouvernance créent ainsi un train de vie en ermite. La jeunesse alors aura raison de choisir le ventre du requin comme tombeau. L’amour du prochain, la solidarité, la fraternité : que des mots qui nous coûteront de maux puisqu’aujourd’hui l’on préfère se retirer dans son cocon avec un cœur animé par l’individualisme. Toutes ces carences nihilistes contribuent au ralentissement du développement des nations et du continent tout entier.
Partant de l’épisode libyenne, où la communauté internationale Occidentale est en flagrant délit il est bon de se souvenir du Kenya, du Niger, du Nigéria, du Darfour, de la Somalie, des soubresauts au pays des hommes intègres qui semblent s’intégrer, du tâtonnement du moribond Wade au Sénégal et bien d’autres cas encore.
Les Africains ne peuvent-ils pas prendre en main leur propre destin ?
Certes, quelques dirigeants comme, Nkrumah, Lumumba ou encore Modibo Keïta, développaient une perspective africaine avec le panafricanisme, mais ils furent très vite débusqués du pouvoir. Les expériences démocratiques n’ont pas jusqu’ à preuve du contraire permis l’amplification d’un sentiment patriotique qui mettrait fin aux solidarités claniques et ethniques. Les choses sérieuses ne semblent pas évoluer positivement. Les anciennes puissances coloniales restaurent et désinstallent les politiques africaines. Menés en bateau pour leur ambition démocratique, sous la pression des Organisations financières internationales (Banque Mondiale, FMI) ces pays pauvres du continent se sont lourdement endettés. Et aujourd’hui ils ont emprunté les sentiers de la privatisation et c’est encore l’Occident qui en bénéficie. Car si ce n’est pas France Télécom en télécommunication, c’est sûrement Elf qui détient le marché des carburants. La démocratie devient une fiction, qui parfois emporte quelques figures non grata. Des dirigeants sont recrutés pour sévir dans leur patrie et emprisonner ou liquider les opposants en bouchant toute possibilité d’expression, par la mainmise de l’ancien Maître colonial. C’est pour cette raison sûrement que le plus souvent les partis sont dépourvus de programmes politiques et idéologiques cohérents et clairs. Le président règne comme chef de clan. De là, en découle le sentiment amer des populations africaines minées par la faim, les épidémies, l’analphabétisme. Elles scrutent ces systèmes imposés par les occidentaux qui octroient les aides financières contre l’instauration d’institutions « démocratiques ». On remplit les poches, alimente les comptes bancaires à l’étranger.
Les constitutions pluralistes résoudront-elles les réels problèmes de l’Afrique qui sont paradoxalement économiques ?
Si elle était un continent pauvre, elle ne serait pas dans l’arène des convoitises.
L’Afrique a un grand défi à relever, le changement de mentalité peut nous aider, accompagné d’un sentiment de dévotion. Le bouleversement politique actuel de ces pays ne doit pas surprendre. Mais il reste évident que ces nations sont fragiles, titillées par le vent de la guerre civile et les frasques causées par le colon qui veille sempiternellement au grain.
Diakaria BERE