Lettre à nom oncle Bass,Cher oncle,

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Bonjour !
J’ai bien reçu ta dernière lettre et te remercie encore une fois, pour les mots gentils et les sages conseils que tu m’y adresses.

Aussi, lorsque, j’ai lu ta phrase suivante : “mon petit Ablo, ta vie ne t’appartient pas à toi seul et tu n’as pas le droit de la gâcher ou d’en faire un échec”, j’ai failli pleurer.

Malheureusement ou heureusement, de nos jours, je n’ai plus de larmes, pour les avoir, toutes déjà, versées depuis maintenant 10 ans que je croupis sous le poids de la misère et du désespoir.
Je n’ai donc pas de Vie tonton. Ni pour moi, ni pour quelqu’un d’autre.

Sans emploi, les poches trouées, du 1er janvier au 31 décembre, je suis mort depuis fort longtemps. Seulement, je conserve encore ma pauvre carcasse.

Ce qui n’est rien, mais qui vaut mieux que rien. Alhamdoulilahi donc !
Concernant la famille à Fantambougou-Bamako, la nouvelle, c’est qu’il n’y a pas de nouvelle. Et pour cause.

Tout se passe comme hier, la semaine dernière, le mois dernier, l’année dernière, les 10 ans derniers : marmite en “jachère”, grand mère “vivante”, troupe familiale (48 bouches) au grand complet, misère absolue.

Mais, comme le disait l’écrivain français La Fontaine, “gémir, pleurer, prier est lâche”. Alors, passons pour te parler de la République d’en Haut.

Oui tonton, au Mali, il y a une République et une Rue-puplique. Et, c’est à propos de la première que je vais t’entretenir.

Lasbas, cher Bass, comme je te l’avais dit, il y a désormais une nouvelle équipe gouvernementale (avec à sa tête une Dame) qui a été mise en place par l’ex Président du “Parti pour la Demande Sociale” (PDES), son Excellence ATT.

Et, à ce nouveau gouvernement dont la longévité est déjà connue (15 mois tout au plus), le héros du 26 Mars a confié entre autres comme missions : faire de la reforme institutionnelle une réalité, préparer les élections présidentielles de 2012, établir un fichier électoral crédible, apporter des solutions à la crise scolaire, aux problèmes des syndicats des travailleurs, redresser l’économie nationale et combattre l’insécurité. C’est dire que, ce nouveau gouvernement doit faire, en une seule petite année, ce qui n’a pas été fait en neuf ans. Allah Akbar !

Si Dieu Grand mon pauvre Bass, ATT et son nouveau gouvernement ne devraient certainement pas (théoriquement) petits. Walahi, bilahi, je jure !

Mais, dans tout ça, nous les Maliens d’en bas, l’écrasante majorité de ce peuple ne nous faisons guère d’illusions.

Les jours pour nous resteront les mêmes, sinon seront pires. Cela, nous le savons.
En plus, nous sommes même préparés (psychologiquement) à cet effet.

Seulement, chacun des misérables que nous demeurons, a cette pitoyable et minuscule consolation : celle de partager le même malheur que les autres et de ne pas être seul à en souffrir.
Cependant mon cher oncle, notre silence ne doit pas endormir les consciences de la République d’en Haut, car, il n’est qu’apparence.

Or, l’apparence comme le disait le philosophe chinois n’est rien. C’est au fond du cœur qu’est la plaie.
Cette leçon, il y a au moins un homme qui devrait la comprendre aujourd’hui.

Je veux parler de l’ex Président de la Côte d’Ivoire voisine, Mr Laurent Gbagbo qui vient d’être capturé comme un vulgaire voleur de maniocs et fait prisonnier.

La vie n’est rien dit-on. Cela est faux tonton.
La vie vaut tout et rien ne la vaut. Ce sont plutôt les hommes qui ne valent rien ! Walahi, bilahi, je jure !
A titre d’exemple, si l’ex président de la Côte d’Ivoire avait écouté les autres et en avait fait sienne cette vérité qui dit que l’homme n’est rien, il n’en aurait pas été à cette place là (aujourd’hui) que personne ne lui envie.

Sa dramatique et pitoyable fin de règne saurait-elle inspirer ces hommes et femmes de la Côte d’Ivoire, du Mali comme d’ailleurs, capables (aux seuls fins de détenir pouvoir et privilèges) de tuer, voler, violer, piller, brûler, diviser ?

Savent-ils ces gens que, plus on monte en haut (mes excuses pour le pléonasme), plus la chute est périlleuse ?

Rien n’est moins sur !
Tant pis pour les canards boiteux.
A lundi prochain Inchallahou !
Par ton petit Ablo !

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