Lettre à mon oncle Bass,rnCher oncle,

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Bonjour ! Merci pour ta dernière lettre et les sages conseils que tu m’y prodigues.

C’est vrai, comme tu le dis, cette Terre malienne nous appartient à nous tous, petits ou grands, pauvres ou riches.

 

Mais, que vaut en fait un Bien commun, lorsqu’il ne profite qu’à la seule minorité riche ou richissime, au détriment de l’écrasante majorité, chaque jour plus misérable ?

 

Non tonton, je ne peux continuer à tromper ma faim et entretenir des illusions d’une vie meilleure qui n’arrivera peut-être jamais.

Ne m’accuses point pour ce que je dis là, d’avoir perdu la foi. Que non ! d’ailleurs, si c’était le cas, je ne manquerai pas de corde pour me suicider par pendaison.

 

Par ailleurs tonton, je ne peux renoncer à mon mariage avec la vieille touriste française. Parce que, cette dame constitue mon seul espoir de rompre les chaînes qui me lient à la misère implacable dans laquelle survivent les "en bas" que nous sommes. Walahi, Bilahi, je jure, j’irai en France. Il le faut !

Aussi, je te présente toutes mes excuses, du fait que, ces derniers temps, je te donne effectivement très peu de nouvelles de grand mère et des autres membres de la troupe familiale. Mais, comme on le dit, pas de nouvelles, bonnes nouvelles.

C’est te dire que la vieille carcasse de grand mère tient encore bon et la troupe est toujours au grand complet. Aussi, la bouffe (une fois tous les 3 jours) est assurée, grâce au 50 kg de riz que nous a offert ce politicien qui espère ainsi, obtenir nos voix aux élections communales tenues hier en commune IV.

 

Et, quand tu me demandes de me mettre à l’écart de la politique afin de ne pas recevoir des coups qui pourraient m’être mortels, alors, là, je te dis cher oncle, tu es vraiment passé à côté.

 

Et pour cause cher Bass, toi-même tu sais, la politique n’a jamais été l’affaire des Maliens d’en bas que nous sommes.

Non, oncle, ceux qui sont constamment à la recherche de quoi mettre dans la marmite ne peuvent s’offrir le luxe de se baigner dans le marigot politique.

Pour nous les "en bas", le seul combat qui vaille, c’est d’abord, ensuite et après, la conquête de la bouffe.

 

Aussi, de coups mortels, personne ne peut m’en administrer car, sans emploi, les poches trouées et sans le moindre espoir de m’échapper des geôles de la misère, je suis déjà mort. Et cela, depuis fort longtemps.

 

Il ne faut donc pas s’inquiéter pour les morts, mais plutôt pour les vivants. Walahi, bilahi, je jure.

Concernant la République, le principal sujet qui a animé les châteaux (et même les hameaux) la semaine dernière, c’est cette initiative du chauve mal aimé de la CCIM et ses compères, de décerner non seulement une médaille en or au président ATT, mais aussi de lui demander de prolonger son séjour à Koulouba.

 

Mais, pourquoi diable, ces gens, se battent-ils avec tant d’engagement dans l’espoir de voir ATT tenter de violer la Constitution du Mali ?

La réponse à la question cher oncle est limpide : pour conserver les privilèges, les biens mal acquis et éviter les tribunaux.

Malheureusement pour ces prédateurs, ATT, l’homme de "la tactique et de la stratégie" a purement et simplement expliqué dans des médias étrangers qu’il ne tombera pas dans le même piège que celui du pitoyable Mamadou Tandja du Niger.

 

Remis dans leurs petits souliers, les zélés ont alors organisé une conférence de presse. Non pas pour confirmer ou infirmer leur projet de "2 ans encore pour ATT", mais pour expliquer que la valeur de la médaille qu’ils allaient offrir au Président de la République était de 20 millions Fcfa et non 250 millions.

Une précision qui n’aura fait ni chaud, ni froid à personne.

 

Mais tout de même, Bittar, ses "bittariens" et les autres ont organisé samedi dernier un géant spectacle (au stade Modibo Keïta) au cours duquel, ils ont remis leur médaille à ATT.

 

Le grandiose événement a regroupé plusieurs milliers de Maliens d’en bas et tous ceux d’en haut.

Une réussite totale car, toi même tu sais cher Bass, au Mali, Tous, nous adorons chanter et danser. Même avec les ventres vides.

Combien a-t-elle coûté , l’organisation du folklore ?

Au  moins dix fois 20 millions de Fcfa !

 

Tout ça pour ça ! Allah Akbar !

L’art pour l’art est beau, mais l’art pour le progrès est encore meilleur, disait Victor Hugo.

Sur un tout autre plan, dans le marigot politique, la Commune IV a vibré hier au son des élections communales partielles.

Caïmans, crocodiles, grenouilles et petits serpents s’y sont implacablement affrontés.

A présent, tous attendent l’heure du bilan.

 

d’oreilles coupées, de nez écrasés et de bouches fendues, il y en aura certainement beaucoup.

A propos, je te donnerai cher Bass, plus de détails la semaine prochaine….

Inchallahou !

Par ton petit Ablo !

 

 

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