Lettre à mon oncle BassrnCher oncle,

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Salamaleck ! Ici, dans la concession familiale comme à Fantambougou-Bamako, nous disons « Alhamdoulilahi » car, malgré la faim qui nous tenaille, nous demeurons encore sur terre et non… en dessous.

Toute fois, je dois te signaler que grand mère s’est effondrée il y a quelques jours, suite à une petite attaque cardiaque. Eh oui, j’ai bien dit « petite attaque », car du contraire, elle serait partie… Là-bas.
rnFaible et plus chétive que jamais (car acceptant à peine de manger), la brave dame reste clouée à la natte, du matin au soir.

Bien sûr, elle a été consultée par le médecin du petit CSCOM d’à côté, mais là, il nous a été recommandé de la faire examiner par un cardiologue.

Où trouver ce spécialiste ? C’est là toute la question car, figure-toi oncle Bass que, pour les millions de Maliens, il n’y a même pas une dizaine de cardiologues. Encore que, il ne suffit pas d’en trouver, il faut (et surtout) avoir de l’argent, beaucoup d’argent.
rnWalahi, Bilahi, je jure, c’est vraiment Dieu et lui seul qui peut sauver les certains choses des nageurs que nous les en bas sommes. 

Aussi, le contexte économique actuel continue d’être si « cailloux », que nombre de Maliens auraient choisi, pour s’en sortir, la voie du suicide, collectif ou individuel. Seulement, chacun des misérables que nous sommes, a cette pitoyable et maigre consolation : celle de partager le même malheur et de ne pas être le seul à souffrir.
rnLa grave situation de « fatigue » générale dans le Mali d’en bas, demeure, sinon s’empire de jour en jour. Et, toi-même tu sais cher oncle, nous les piétinés, les Maliens d’en dessous n’avons jamais connu autre chose que les lendemains incertains, le désespoir, la faim, la soif, la maladie et l’injustice.
rnCertes, la pauvreté dont on parle tant aujourd’hui, ne nous (les petits maliens) effraie point. Puisqu’elle a toujours été présente à nos côtés. Mais, pour stoïque et endurant que l’on soit, on ne peut s’habituer à vivre dans la misère.

J’avoue cher tonton, que j’ai vraiment honte d’avoir toujours à te parler et à te « reparler » de misère et de désespoir, mais, c’est bien ça le quotidien de l’écrasante majorité des Maliens. Le dire et le redire est un devoir.

Oui oncle Bass, la bouffe est devenue un luxe, un privilège au Mali, pour l’écrasante majorité.
rnEt notre silence ne doit pas endormir les consciences de la République d’en haut car, il n’est qu’apparence. Or, l’apparence n’est rien. C’est au fond du cœur qu’est la plaie.
rnSur un tout autre plan, je t’informe que le Directeur de la fameuse Sécurité d’Etat au Mali a été relevé de ses fonctions la semaine dernière. L’information a même été diffusée par l’ORTM.
rnPourquoi nos en haut d’en haut, ont-ils chassé le Patron de la SE ? Aucune raison officielle à propos n’a été avancée.
rnEn tout, cas, une chose est sûre : le terroriste qui a été arrêté il y a quelques semaines (alors qu’il tentait de faire exploser un mur de l’ambassade de la France à Bamako) avait disparu dans la nature avant que le Directeur de la SE ne soit relevé.
rnAux dernières nouvelles cependant, le terroriste en cavale aurait été retrouvé.
rnToujours concernant la République, elle a annoncé la semaine dernière avoir pris un certain nombre de dispositions afin de faire rapatrier les Maliens en exil alimentaire en Libye.

Ainsi, parmi les milliers de nos compatriotes dans ce pays, 126 seraient arrivés à Bamako.
rnAllah Akbar ! Hier, on les larguait par centaines (et contre leur volonté) sur l’aéroport Bamako-Sénou aujourd’hui, pendant que la Libye brûle, ils sont contraints d’y rester.

Par ailleurs, tonton, le 8 Mars, journée dite internationale de la femme sera célébrée demain au Mali (et principalement à Bamako) avec tambours et trompettes agrémentés de discours et de poésies qui seront prononcés par certaines femmes d’en haut.
rnMais, derrière le folklore du reste fort onéreux, la réalité demeure  toute autre.

En effet, cher oncle, toi-même tu sais, l’écrasante majorité des femmes maliennes ignorent tout, quant à un quelconque droit auquel elles ont droit.
rnPour cause, ces femmes d’en dessous vivent, ou plutôt survivent dans une obscurité totale, par ce que, habitant dans le monde infernal de l’analphabétisme, l’ignorance et la pauvreté.
rnEn somme, la plupart des femmes maliennes vivent en totale déphasage avec leurs paires du reste du monde.

Comment changer leurs conditions de vie et leur restituer leur part de dignité ?
rnLa réponse est là : il faut que les mentalités des hommes et des femmes d’en haut comme d’en bas, changent.

Pour cela, il faut une sensibilisation sans relâche des uns et des autres et surtout, une véritable lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Toute chose qui passe nécessairement par une Justice Sociale qu’il faut imposer à tous les niveaux. Hélas, mon pauvre Bass, on est loin d’en arriver là.
rnEt, en attendant, comme le disait l’autre, "bèbibabolo".
rnA lundi prochain Inchallahou !

Par ton petit Ablo !
rn

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