Lettre à mon oncle Bass,Cher oncle,

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"Oh rage ! Oh désespoir !" Oh pauvreté ennemie !

Tonton, rien ne va dans la famille à Fantambougou-Bamako depuis la semaine dernière. Walahi, bilahi, je jure !

Et pour cause, alors qu’il ne nous reste plus que 8 kg de riz, 2 de haricot, et 3750 FCFA, voilà que de nouveau, 5 nouvelles bouches nous arrivent de la Côte d’Ivoire pour s’ajouter aux 35 autres déjà insupportables pour la marmite familiale.

Comment tonton, dans ces conditions, pourrions-nous continuer à défier ces indésirables minibus noirs ?

Walahi, bilahi, je jure, je me serai suicidé si je ne croyais pas en l’espoir : le fait que, en dehors de la mort, rien n’est définitif.

Par ailleurs, je viens de me rendre compte que la situation de dénuement total que je vis depuis toujours, est due à un certain manque d’imagination de ma part.

C’est pourquoi, j’ai décidé de faire "quelque chose".

Mais, avant de tout te dévoiler, permets-moi de t’expliquer ce qui suit : tu sais, cher oncle, avec l’instauration de la démocratie dans notre pays, il y a eu une multitude d’associations qui sont nées, et qui continuent encore de naître.

Parmi elles, des associations de défense de la femme, des consommateurs, des animaux, de l’environnement, de la culture et de patati, patata… D’ailleurs, même la semaine dernière, une association du genre dénommée CLARTE 2012 a été créée.

Elle se fixe comme objectif (comme tant d’autres) de contribuer "au renforcement de l’Etat de droit, de la paix, de la démocratie". Patati, patata… Enfin, tout ce que tu peux imaginer comme secteur de la vie, (même de la mort) est de nos jours représenté à travers des associations.

Et celles-ci apportent à boire et à manger à ceux qui les animent. Ah la bouffe ! Cependant, l’excès de tout étant nuisible, la plupart de ces petits "machins" n’attirent presque plus l’attention des « bailleurs », lesquels dans nombre de cas, n’offrent plus rien à manger à ces escrocs.

C’est ainsi que, beaucoup de "prix Nobel" en création d’associations, se sont, en désespoir de cause, retrouvés dans la presse.

Ce métier n’exigeant au Mali aucun diplôme, il fait le bonheur des chercheurs de la bouffe "facile", mais pire, de mercenaires très souvent incultes. Leur méthode est simple : on entre par effraction dans le métier de journalisme on y apprend à écrire des âneries, à connaître l’art du chantage, puis, on se trouve un "en haut" dont le dessous du pantalon est troué. On s’accroche à ce dernier, et, le tour est joué.

Voilà pourquoi, à l’occasion de la journée internationale de la presse qui a été célébrée avec faste la semaine dernière, j’ai décidé de me glisser, moi aussi, dans une petite feuille de choux de la place pour devenir journaliste. Chut…

Aussi, dans les prochains jours, je créerai, un Réseau de Journalistes pour la Défense des Hommes Politiques qui Méritent de devenir Président en 2012 (RJDHMDP).

Ainsi, pourrai-je avoir, à mes côtés, quelques uns de ces gens qui rêvent de "monter en haut" en 2012.

Avec un peu de chance, Walahi, Bilahi, je jure, tonton, j’aurai des sous pour organiser, un, ou même 2 séminaires et peut-être, la possibilité de décrocher un visa pour la France.

Chut ! n’en pipe mot, à personne !

Revenant sur terre, puisque tout ce que je dis, là n’est encore que théorie, je dois te signaler que la marre aux diables, bout à 100 %.

Crocodile, caïmans, grenouilles, petites carpes, serpents et autres s’y agitent et préparent activement la bataille des élections présidentielles de 2012. Les uns, par qu’ils croient réellement en sortir victorieux, les autres pour avoir des cachettes où manger tranquillement.

A cet effet, des alliances sont scellées ça là ou s’éclatent. Fusions et confusions fusent actuellement.

Le bonheur des uns, faisant le malheur des autres, ceux qui, aujourd’hui bénéficient de tous les privilèges grâce à "Aujourd’hui" ont pour leur part perdu l’appétit et le sommeil cela, parce que, eux voient déjà les lumières de 2012.

Sûr, qu’ils se résigneront très vite et s’attèleront pendant le temps qu’il reste à "Aujourd’hui", pour se remplir les poches et les mallettes et s’apprêter à fuir en cas de…. cas.

2012 est pourtant loin, très loin. Et, je souhaite vivement à tous, de vivre ses lumières.

En attendant, d’autres comme moi, n’ont de soucis que d’avoir pour demain aujourd’hui même quelque chose à se mettre sous la dent, ou dans la poche. Allah Akbar !

Ainsi va la vie au Mali.

A lundi prochain Inchallah !

Par ton petit Ablo !

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