Lettre à mon oncle Bass, Cher oncle,

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Toutes mes excuses pour n’avoir pu la semaine dernière, t’écrire.

 

Mais, comme l’atteste la présente lettre, je conserve encore ma carcasse de misère.

La troupe familiale est aussi au grand complet et gravite (au moins une fois par jour) autour de la marmite. Alhamdoulilahi donc !

Car, tant que l’on n’a pas été embarqué à bord de l’indésirable minibus noir, il y a des raisons d’espérer.

 

Par ailleurs, je te confirme que mon oncle Moriké est effectivement revenu de Dakar avec ses 25 petits talibés.

 

Le pauvre semble avoir complètement perdu le nord, depuis que votre chauve national a décidé de faire arrêter et emprisonner les marabouts qui envoient leurs petits talibés mendier dans les rues au Sénégal.

 

Revenu avec pour toute richesse, une vieille valise remplie de Walaha et quelques vieux habits, Moriké s’est installé avec ses talibés dans une concession abandonnée à Fantambougou-Bamako.

Ici, ses petits talibés ne lui apporteront certes pas grand chose, mais ils ont au moins, la totale liberté de mendier. Et ça, ce n’est pas rien.

 

Sur un tout autre plan, je t’informe la République à travers le premier Ministre a présenté la semaine dernière, l’avant projet de la loi de finance au titre de la période 2011.

Il est ainsi prévu pour 2011 des recettes de plus de 1184 milliards de Fcfa contre 1151 milliards en 2010. Et, quand aux dépenses prévisionnelles, elles sont évaluées à plus de 1326 milliards contre 1281 milliards en 2010.

 

Bof ! Ne te fatigues point cher Bass de faire des calculs.

Ce ne sont là que des chiffres.

Au Mali d’en bas, les chiffres ne font ni chaud, ni froid.

 

Cela, parce que rien ne change pour nous les petits et les faibles.

 

Les ressources du pays continueront à être broutées par les seuls moutons de la République.

Et, ces gens-là, (mortels pourtant comme nous autres d’en bas) sont des ogres insatiables.

Plus on a, plus on en veut, et plus on doit en vouloir. C’est ça la devise des Maliens « d’en haut » et mêmes de leurs griots et autres laquais.

 

La corruption mon oncle, est une question d’éducation civique et de patriotisme.

Or, ni l’une, ni l’autre ne paye plus au Mali.

Au contraire, s’opposer à la corruption (chez nous), c’est s’isoler, se faire piétiner, manger ou abattre, et cela, généralement par ceux-là mêmes qui prônent cette lutte.

Alors, à quand, l’arrêt de la démagogie ?

 

Qu’attende, qui veut ! Le bout du tunnel est loin, très loin.

Puisse Dieu, le faire voir au moins à mes petits fils. Amen !

Toujours concernant la République, elle continue de préparer activement la célébration du cinquantenaire de l’Indépendance du Mali.

 

On casse, on creuse, on construit, on peint et on repeint. Même les arbres sont concernés.

Et tout cela, mon pauvre Bass, au coût de plusieurs milliers de millions de nos francs.

Au grand bonheur des crocodiles et des vampires de la République repus, mais insatiables lorsqu’il s’agit de dévorer l’argent facile.

 

Je le dis pian ! Parce que, c’est ça a qui est ça !

Ainsi, Bamako, à deux jours du grand jour du folklore national a complètement changé de visage.

Contrairement à ses habitants, les plus nombreux (les maliens d’en dessous) qui, en proie à la misère et au désespoir, n’ont même plus de… visage.

 

C’est vrai tonton, que l’homme ne vit pas que de pain, mais il est irréfutable que l’homme (d’en haut comme d’en bas) vit d’abord de pain.

D’accord aussi qu’un anniversaire doit se fêter avec éclat.

Mais, il faut être modeste car, à défaut de savoir où on va, il faut au moins se souvenir d’où on vient.

Je le dis pian !

 

Vive le Mali, vive la République !

A lundi prochain Inchallahou !

Par ton petit Ablo !

 

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