Lettre à mon oncle Bass Cher oncle,

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Bonjour, Tonton Bass ! La troupe la familiale conserve encore sa carcasse de misère. Dieu merci, donc. Toutefois, je dois te signaler que nous venons d’accueillir dans la famille, dix nouvelles bouches. Encore, en provenance de Douentza !

Actuellement donc, à la maison, nous nous retrouvons avec 53 bouches, une véritable armée de ventres creux. Mais, Walahi, Bilahi, je jure, tous viendront avec moi, très prochainement, dans les rizières de l’Office du Niger, afin d’y travailler comme manœuvre. Ils n’ont d’ailleurs pas le choix.

Grand-mère, l’infatigable, n’ayant plus rien à vendre ou à revendre pour entretenir une si grande troupe.

Par ailleurs, au nom de grand mère, de toute la troupe familiale, je te remercie pour les 22 000 Fcfa que tu nous envoyés afin de nous payer un bouc à l’occasion de la fête de la Tabaski.

Merci, tonton ! Walahi, Bilahi, je jure, Dieu est grand, mais, toi aussi, tu n’es pas petit.

De mon côté, les choses vont de mal en pis. Et pour cause, je viens d’être accusé d’être l’auteur de la grossesse de Maïmouna, la fille du vieux Sidibé.

Chose inattendue, le vieil escroc exige non seulement que je prenne en charge toutes les dépenses liées à cette grossesse, mais aussi, il jure de me marier à sa fille.

Auteur ou pas de cette grossesse, le père de la fille, a-t-il le droit d’en arriver là ?

Et dire, qu’il est même prêcheur à la mosquée du coin ! Allah Akbar, Mais l’argent aussi, “kébir” !

Vois-tu, cher Bass, j’en veux d’habitude aux seuls Maliens d’en haut qui nous sucent le sang à nous, d’en bas. Mais, en réalité, même parmi nous les “Maliens par terre”, il y a des caïmans de la pire espèce, des cannibales.

Cependant, je les comprends bien, mes concitoyens du Mali d’en bas. Ils ne sont que des victimes du désespoir et de l’incertitude du lendemain.

Oui tonton Bass, rien ne va dans ce pays là. Et, de nos jours, même certains petits “en haut” commencent à gémir, car, les caisses de l’Etat seraient désespérément vides.

Pourquoi ? Facile à comprendre… Les “en haut” ont tout mangé après avoir conduit le  pays en enfer.

Ainsi, alors que l’écrasante majorité croupit dans la misère absolue, une minorité, composée de grands “en haut”, d’administrateurs, de policiers, douaniers, gendarmes et autres, se tapent quotidiennement des millions de nos francs dans les rues, les postes de contrôle, les commissariats et même dans les centres de détention.

Des centaines de millions, voire même des milliards, sont honteusement empochés par des opérateurs économiques fainéants et sans scrupule.

Des milliers de parcelles sont détournées quotidiennement par les maires, leurs conseillers et même leurs petites secrétaires.

Conséquence logique de cette situation, nombreux sont les Maliens qui meurent de faim, lorsque, faute de soins, ils ne sont pas “cadavérés” comme des mouches dans nos hôpitaux et autres centres de santé.

Comment mettre fin à la corruption qui est à la base de ce malheur ?

Une seule et unique mesure s’impose : bastonner ces prédateurs de l’économie nationale et les exposer dans les vitrines de la honte. Mais, qui au Mali de nos jours osera prendre des mesures du genre ?

Toujours concernant la République, elle vient de recevoir de l’Allemagne 1 million d’Euro et des vives dont le coût est évalué à 2 milliards de nos francs (don de la Chine) en faveur des populations des régions nord du pays. Hélas ! Nos pauvres concitoyens ne peuvent dire “Allhamdoulilahi”, car, de l’aide reçue en leur nom, ils n’en recevront que des miettes. Walahi, bilahi, je jure, c’est “ça qui est ça”. “Il faut le dire, c’est normal.”

Encore la République, pour te signaler cher oncle qu’ils sont nombreux les nouveaux dirigeants du pays et les Maliens d’en haut ayant effectué le déplacement à la Mecque pour le pèlerinage 2012. Une occasion donc pour eux de chercher à s’affranchir de leurs pêchés.

Qu’Allah exauce leurs vœux, même si l’on sait, qu’il y en parmi ces pèlerins qui ont tellement fait du mal qu’ils ne seront jamais “exonérés”  de leur pêchés, même s’ils passaient le restant de leurs jours, à prier autour de la Kaaba. Je le dis pian !

Parce que, “c’est ça qui est ça” !

Tout espérant cher oncle que tu as passé une excellente fête de la Tabaski, je te souhaite ainsi qu’à ta famille à Dakar d’en vivre beaucoup d’autres dans le bonheur et la prospérité.

A lundi prochain Inchallahou !

Par ton petit Bouba !

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